Énergies renouvelables : le président de la COP28 veut en produire trois fois plus d'ici 2030

Par latribune.fr  |   |  861  mots
Le président de la COP28, Sultan Ahmed al-Jaber, était en Allemagne ce mardi à Berlin dans le cadre du Dialogue de Petersberg sur le climat. (Crédits : Reuters)
En visite à Berlin, l'émirati Sultan Ahmed al-Jaber a invité les participants à la COP 28 qui se tiendra en novembre à Dubaï, à « accélérer le développement des énergies renouvelables, qui doivent tripler leur capacité d'ici à 2030 et la doubler à nouveau d'ici à 2040 », sans toutefois mentionner l'arrêt de l'usage des énergies fossiles, parlant plutôt d'une « élimination progressive ».

Il faut en faire plus. C'est le message qu'a voulu faire passer le président de la COP28, ce mardi à Berlin. « Nous allons accélérer le développement des énergies renouvelables, qui doivent tripler leur capacité d'ici à 2030 et la doubler à nouveau d'ici à 2040 », a ainsi promis Sultan Ahmed al-Jaber, présent en Allemagne dans le cadre du Dialogue de Petersberg sur le climat. Un objectif qu'il avait déjà fixé mi-avril dans le huis clos du sommet du G7 réunis à Sapporo (Japon) et qui est également prôné par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Cette dernière a estimé, dans un récent rapport, que les ajouts de capacité d'énergies renouvelables devaient tripler d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2022. Il s'agit de déployer au niveau mondial environ 1.200 Gigawatts (GW) par an, selon l'AIE.

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Si le président de la COP28 s'est montré ambitieux, ce mardi, quant à la quantité de renouvelable à produire, il n'a pas mentionné l'arrêt de l'usage des énergies fossiles. « Nous devons nous concentrer sur l'élimination progressive des émissions de combustibles fossiles, tout en mettant en place des alternatives viables et abordables sans carbone », a-t-il affirmé, misant donc plutôt sur la réduction des émissions, notamment via les technologies de capture de carbone. Il a également indiqué « attendre des engagements ambitieux, transparents et responsables des pays et entreprises qui façonneront les politiques des parlements et les budgets », lors de la future COP28, qui se réunira en novembre à Dubaï.

Une précédente COP décevante sur la réduction des émissions

Pour rappel, la précédente COP, marquée par d'âpres négociations qui ont largement débordé du calendrier prévu, s'est soldée par une déclaration appelant à une réduction « rapide » des émissions, mais sans ambition nouvelle par rapport à la dernière COP de Glasgow en 2021. De nombreux pays ont même dénoncé ce qu'ils considéraient comme un recul sur les ambitions définies lors de précédentes conférences. Notamment sur l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, contenir le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, qui est toutefois réaffirmé dans la décision finale. D'autant que les engagements actuels des pays signataires de l'accord ne permettent pas de tenir cet objectif, ni même celui de contenir l'élévation de la température à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, quand les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique. Ces engagements, en admettant qu'ils soient intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C à la fin du siècle et, au rythme actuel des émissions, sur celle d'un catastrophique +2,8°C.

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Dans une récente synthèse de ses travaux, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) a d'ailleurs prévenu que le monde risquait de franchir la limite clé de réchauffement climatique de 1,5 degré Celsius dans environ une décennie. Ces experts des Nations unies ont appelé à des réductions spectaculaires des émissions de réchauffement, avec une transformation particulièrement rapide nécessaire dans le domaine de l'énergie.

100 milliards de dollars chaque année aux pays en développement

Sultan Ahmed al-Jaber a aussi plaidé, ce mardi, pour une réforme de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), censée permettre de « débloquer beaucoup plus de financements, atténuer les risques et attirer plus de capitaux privés »À ce sujet, le président de la COP28 a enjoint les pays développés à débloquer chaque année les 100 milliards de dollars promis aux pays en développement pour faire face au réchauffement. Une promesse qui date de 2009 et devait initialement être tenue dès 2020. « Cela retarde les progrès. Dans le cadre de mes actions de sensibilisation, je demande aux pays donateurs de fournir une évaluation de la réalisation de cet engagement avant la COP28 », a-t-il exigé. La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, s'est, elle, dite optimiste sur ce point, mardi lors de cette conférence. « La bonne nouvelle est que nous sommes sur le point d'atteindre cette somme de 100 milliards de dollars cette année », a assuré la ministre écologiste.

En outre, à l'issue de la COP27, les Etats participants se sont accordés sur l'adoption d'une résolution emblématique, qualifiée d'historique par ses promoteurs, sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique déjà subis par les pays les plus pauvres. S'il a fait l'objet d'un texte de compromis de dernière minute qui laisse de nombreuses questions en suspens, il acte néanmoins le principe de la création d'un fonds financier spécifique. « Les pertes et dommages dans les pays vulnérables ne peuvent désormais plus être ignorés même si certains pays développés avaient décidé d'ignorer nos souffrances », avait ainsi salué la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate.

(Avec AFP)