Énergies renouvelables : pourquoi les producteurs s'attendent à des jours meilleurs en Bourse

Après avoir perdu près de la moitié de leur valeur en Bourse en 2021 et 2023, les producteurs d’électricité verte cotés semblent avoir passé le plus dur selon les experts. En effet, le marché des énergies renouvelables devrait fortement croître dans les prochaines années. Cependant, les analystes tiennent à rester prudents sur l’année en cours suite à la hausse des taux qui pèse sur les valeurs de croissance.
Maxime Heuze
« Les investissements annuels dans les énergies propres devraient tripler pour atteindre plus de 4.000 milliards de dollars d'ici 2030 », anticipe Pictet asset management.
« Les investissements annuels dans les énergies propres devraient tripler pour atteindre plus de 4.000 milliards de dollars d'ici 2030 », anticipe Pictet asset management. (Crédits : Reuters)

Les montagnes russes des cours des producteurs d'énergie verte ont de quoi perdre plus d'un investisseur. Après avoir connu un rallye haussier fulgurant de 296% entre mars 2020 et janvier 2021, l'indice S&P Global Clean Energy (qui rassemble les producteurs d'énergies vertes américains) a, par exemple, vu son cours diminuer de 40% entre janvier 2021 et avril 2023. Toujours sur la même période, les producteurs d'énergie solaire et éolienne cotés en Bourse, Neoen et Voltalia, ont aussi vu leur cours dégringoler, respectivement de 52% et 46% sur la période.

En cause : l'inflation due à la reprise post-Covid puis la guerre en Ukraine et la remontée des taux directeurs au printemps 2022. « Les entreprises de production d'énergie renouvelable ont de forts besoins d'investissements et elles ont été peinées par les hausses de taux en 2022 et les difficultés d'accès au financement », explique Alexandre Baradez, responsable Analyses Marchés chez IG France. A titre d'exemple, malgré son chiffre d'affaires en hausse de 31% et un EBITDA stable pour l'exercice 2022, Voltalia a déçu les attentes des analystes. « La publication de performances 2022 en deçà de nos attentes et de celles du consensus a entraîné une réaction négative compréhensible de la part du marché », expliquait Oddo BHF en mars dernier.

Une situation commune à la plupart des valeurs de croissance mais qui pourrait bien changer maintenant que l'inflation commence à baisser et que les analystes anticipent une fin de la hausse des taux directeurs en 2023, à travers le monde.

Investissements publics massifs à venir

A moyen terme en tout cas, les spécialistes l'affirment : tous les voyants sont au vert. « Il y a un sentiment accru de lutter contre le changement climatique », affirme Xavier Cholet gérant de portefeuille marché actions thématiques chez Pictet asset management. Et les premiers financeurs de la transition énergétique seront les Etats, poussés notamment par la crise énergétique causée par l'arrêt des exportations de gaz par la Russie, et le besoin de relocaliser la production d'énergie. « Avec une croissance supplémentaire des énergies renouvelables grâce au plan RePowerEU et à la loi sur la réduction de l'inflation aux États-Unis (IRA, Réduction Inflation act), nous pensons qu'il y aura une accélération des prises de commandes au cours des prochains trimestres, car l'industrie des énergies renouvelables répond à la demande croissante », précise notamment Alexandre Hezez, directeur de la gestion financière chez la banque Richelieu. En effet, pour respecter le pacte vert européen qui vise la neutralité carbone en 2050, les pouvoirs publics vont devoir mettre les bouchées doubles sur la production d'énergie verte.

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Résultat : « les investissements annuels dans les énergies propres devraient tripler pour atteindre plus de 4.000 milliards de dollars d'ici 2030 », anticipe Pictet. Une conviction qui semble crédible au vu de la dynamique des investissements déjà visibles. Selon un rapport de BloombergNEF, publié le 27 janvier, « les investissements dans la transition énergétique sont sur le point de dépasser pour la première fois les investissements dans les énergies fossiles », estimés à 1.100 milliards de dollars en 2022.

Des coûts de fabrications en baisse

Deuxième bonne nouvelle : la baisse des cours des matières premières. « Les prix de l'acier ont fortement baissé. Si l'on ajoute les coûts logistiques, qui ont continué à baisser, nous pensons que deux facteurs qui étaient auparavant considérés comme des vents contraires se transforment en opportunités sur les marges », ajoute Alexandre Hezez.

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La baisse à venir des coûts de production, après avoir fortement gonflé en 2021 et 2022, devrait permettre aux producteurs d'énergie verte de diminuer les coûts de leurs installations et d'augmenter leur chiffre d'affaires ainsi que leurs marges. « Dans 90% des pays du monde, le vent et le soleil sont moins chers que le fossile alors que c'était beaucoup plus cher il y a dix ans. Et dès l'instant où on a une logique économique favorable, la transition est instaurable », assure Xavier Cholet.

Les taux hauts plombent toujours les cours

Les risques restent néanmoins nombreux à court terme. Les cours des producteurs d'énergie verte pourraient avoir du mal à remonter dans les prochains mois « puisque les investisseurs se tournent aujourd'hui moins vers les valeurs de croissance, normalement très rentables mais risquées, car ils peuvent investir dans des obligations d'Etat à 3 ou 4% sans trop de risque » remarque Alexandre Baradez qui prévient que « le flux d'investissements va revenir, mais que 2023 sera certainement une période de consolidation » pour les pure players des ENR.

Pour éviter des mauvaises surprises à court et long terme, Pictet n'investit que dans des « sociétés à la forte profitabilité et au flux de trésorerie disponible important » afin de ne pas être peiné par les questions de financement et de crédits coûteux, explique Xavier Cholet. Ainsi, le gérant d'actifs privilégie les gros énergéticiens et confie ne pas investir dans les petits acteurs, jugés trop risqués pour lui. Rien ne garantit, en effet, que ces PME ne seront pas écrasées ou rachetées par les TotalEnergies, Engie et autres géants de la production d'énergie ayant déjà un (gros) pied dans le renouvelable. Pour rappel, TotalEnergie a acquis 50 % du cinquième producteur américain d'énergies renouvelables, Clearway Energy Group, en mai dernier.

Maxime Heuze

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Commentaires 3
à écrit le 19/04/2023 à 9:36
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C'est en Europe qu'on veut le plus sauver la planète avec les EnR, mais c'est aussi en Europe que les fabricants d'éoliennes : Vestas, Nordex, Siemens Gameça, ont des problèmes. Sans parler des fabricants de cellules photovoltaïques disparus depuis l...

à écrit le 18/04/2023 à 16:45
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pourquoi ? simplement , parce que c est rentable.

à écrit le 18/04/2023 à 16:43
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pourquoi ? simplement , parce que c est rentable.

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