Etats-Unis : Joe Biden évoque désormais la possibilité d'une « très légère récession »

Par latribune.fr  |   |  696  mots
Pour Joe Biden, s'il y a une récession aux Etats-Unis, « elle sera très légère. » (Crédits : KEVIN LAMARQUE)
L'inflation met à mal toutes les économies dont la première économie mondiale. Pour la première fois, le président américain Joe Biden a évoqué la possibilité d'une « très légère récession » pour son pays. Selon le FMI, l'activité économique mondiale se rapproche un peu plus de la récession, qui risque de toucher plusieurs pays développés en 2023, dont les Etats-Unis.

Une récession est-elle possible pour l'économie américaine ? « Je ne le pense pas » a pu dire Joe Biden, qui répondait aux journalistes de CNN. « S'il y en a une, ce sera une très légère récession. C'est possible, je ne l'anticipe pas », a-t-il néanmoins complété. Un changement de ton alors que cet été encore, le président des Etats-Unis ne cessait de marteler que non, les Etats-Unis n'étaient pas en récession. A l'approche des élections de mi-mandat du 8 novembre, cruciales pour l'avenir d'un pays profondément divisé, face aux prévisions qui s'assombrissent pour l'économie mondiale, le président américain semble contraint d'infléchir son discours.

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Les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) publiées mardi sont en effet claires : le ralentissement économique va toucher l'ensemble des Etats les plus riches, à commencer par les Etats-Unis. La croissance y a été révisée à tout juste 1,6% en 2022, contre 2,3% attendus en juillet. 2023 pourrait être plus difficile encore, le Fonds tablant sur tout juste 1%. Et ce même si l'économie du pays - le marché de l'emploi - se porte relativement bien. Mais toujours tendu outre-Atlantique, il favorise les hausses de salaires qui alimentent elles-mêmes l'inflation, ce que les banques centrales souhaitent voir fléchir.

Au niveau mondial, l'activité économique se rapproche un peu plus de la récession, qui risque de toucher plusieurs pays développés en 2023, y compris les Etats-Unis. « Il existe une probabilité de 25% que l'économie mondiale ne progresse que de 2%, ou moins, l'année prochaine », a déclaré à l'AFP le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas. « C'est une situation qui n'a été vécue que cinq fois depuis 1970, notamment lors du choc pétrolier ou de la crise financière de 2008. »

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Les trois locomotives mondiales - les Etats-Unis, la Chine et l'Europe - ralentissent, notamment sous l'effet d'une inflation persistante qui touche les économies avancées et plus encore les pays émergents et en développement, et qui devrait atteindre 8,8% en moyenne au niveau mondial cette année (+0,5 point par rapport aux prévisions de juillet).

Une récession inévitable pour l'Allemagne et l'Italie

Dans la zone euro, la croissance devrait atteindre 3,1% en 2022, mieux qu'attendu en juillet (+0,5 point), elle devrait frôler la récession en 2023, à 0,5% de croissance (-0,7 point par rapport aux prévisions de juillet). Et pour certains Etats membres, l'Allemagne et l'Italie, la récession semble inévitable l'an prochain (respectivement -0,3% et -0,2%), alors que la France peut espérer rester au-dessus de la ligne de flottaison, avec une croissance de 0,7%. Tout comme, hors UE, le Royaume-Uni, à 0,3%.

La Chine, deuxième puissance économique mondiale, devrait de son côté connaître en 2022 sa pire année depuis plus de 40 ans, si l'on excepte la pandémie en 2020, avec une croissance attendue de tout juste 3,2%, avant de repartir légèrement en 2023 (4,4%). La Russie, dont l'économie subit de plein fouet les sanctions mises en place après l'invasion de l'Ukraine, connaîtra une récession cette année, mais la situation devrait être moins marquée qu'envisagé au début de l'été. Elle devrait cependant être la seule économie du G20, qui se réunira mercredi à Washington, à connaître la récession cette année. Dans un contexte mondial morose, la région Amérique latine et Caraïbes voit quant à elle ses prévisions s'améliorer, avec une croissance désormais attendue à 3,5% (+0,5 point) cette année.

L'avenir reste néanmoins incertain, souligne le Fonds, qui reconnaît que ses prévisions, en particulier pour 2023, ne sont valables que « si les anticipations d'inflation restent stables et que le resserrement monétaire n'entraîne ni récession généralisée ni ajustement désordonné des marchés financiers ». Une note positive cependant : l'inflation mondiale devrait avoir atteint son pic au troisième trimestre (9,5%) et commencer à reculer dès le dernier trimestre 2022, poursuivant cette tendance l'année prochaine, pour revenir au dernier trimestre 2023 à un niveau comparable à 2021 (4,7%).

(Avec AFP)