La Russie sera bien en récession en 2022, mais moins qu'envisagé. Dans son rapport d'automne publié ce mardi 11 octobre, le FMI indique en effet que le produit intérieur brut (PIB) russe devrait se contracter de 3,4% en 2022, soit bien moins que la forte chute de 6% sur lequel il tablait lors de ses précédentes prévisions publiées en juillet.
« La contraction de l'économie russe est moins sévère que prévu, reflétant la résilience des exportations de pétrole brut et de la demande intérieure, avec un soutien accru des politiques budgétaire et monétaire et un rétablissement de la confiance dans le système financier », détaille l'institution.
Pour 2023, le FMI anticipe une récession supplémentaire de l'économie russe de 2,3%. Là encore, plus faible que ce que l'organisation avait prévu en juillet (-3,5%).
À titre de comparaison, le Fonds prévoit toujours une récession de 35% du PIB pour l'Ukraine en 2022, largement impactée par le conflit mené sur son territoire par la Russie. Le FMI n'a, par contre, pas fait de prévisions pour ce pays pour 2023.
La Russie a pris « la bonne position »
Les pays occidentaux ont, depuis le début de l'intervention russe en Ukraine le 24 février, pris, à l'encontre de la Russie, une salve de sanctions destinées à l'étrangler financièrement et économiquement. Mais, selon le Fonds, la Banque centrale russe a depuis adopté « la bonne position » en menant « une politique monétaire restrictive », limitant notamment fortement les échanges de devises.
Le FMI note par ailleurs qu'au moment où « les entreprises européennes et américaines réduisent leurs achats de pétrole russe », celui-ci « a été réacheminé vers la Chine et l'Inde à un prix inférieur au Brent », soutenant ainsi fortement la croissance russe.
Depuis début septembre, l'UE envisage d'appliquer un plafonnement du prix du pétrole russe pour limiter les revenus liés à la vente des hydrocarbures, qui financent l'offensive de Moscou en Ukraine. Le vice-Premier ministre russe en charge de l'Énergie, Alexandre Novak, a fustigé cette mesure la semaine dernière et a averti que les entreprises russes « ne fourniront pas de pétrole aux pays qui utilisent cet instrument ».
Concrètement, la Russie vendrait son pétrole à ces pays à un prix inférieur à celui auquel elle le cède aujourd'hui, mais qui resterait supérieur au prix de production, afin qu'elle ait un intérêt économique à continuer à leur en vendre, et ainsi qu'elle ne coupe pas ses livraisons. L'Inde et la Chine ne semblent d'ailleurs pas disposées à se ranger derrière le G7 à ce stade, notamment du fait des prix au rabais sur le pétrole russe dont ces deux pays bénéficient.
Le risque d'une récession mondiale
Au niveau mondial, l'économie se rapproche un peu plus de la récession, a prévenu le FMI. Certes, l'institution a maintenu à 3,2% sa prévision de croissance pour 2022 - déjà révisée trois fois cette année - mais elle a abaissé de nouveau celle attendue pour 2023, cette fois à 2,7%, soit 0,2 point de moins que la précédente révision au mois de juillet.
Au centre des difficultés, une inflation persistante, touchant les économies avancées mais, plus encore, les pays émergents et en développement, et qui devrait atteindre 8,8% en moyenne au niveau mondial cette année (+0,5 point par rapport aux prévisions de juillet). « Le conflit a fait grimper les prix des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux, (...) causant de graves difficultés aux ménages à faible revenu dans le monde entier, et en particulier dans les pays à faible revenu », note le FMI.
Une note positive cependant: l'inflation mondiale devrait avoir atteint son pic au troisième trimestre (9,5%) et commencer à refluer dès le dernier trimestre 2022, poursuivant cette tendance l'année prochaine, pour revenir au dernier trimestre 2023 à un niveau comparable à l'inflation de 2021 (4,7%).
(Avec AFP)