Etats-Unis : San Francisco veut expulser les SDF de son centre-ville

Par Anaïs Cherif  |   |  573  mots
6.686 personnes vivaient dans les rues de San Francisco, en 2015.
A San Francisco, un projet de loi controversé visant à interdire les tentes de sans-abri est soutenu par des investisseurs de la Silicon Valley. Il vise à inciter les personnes vivant dans la rue à quitter la capitale des nouvelles technologies.

Les tentes de sans-abri sont un des "symptômes" de la crise du logement que traverse San Francisco. Dans une lettre ouverte publiée dans le titre de presse locale Marina Times, le démocrate Mark Farrell justifie ainsi l'une de ses propositions contenue dans la loi polémique qui sera soumise au vote lors des élections locales en novembre. Le maire d'arrondissement souhaite interdire les tentes sur les trottoirs de la capitale des nouvelles technologies, un moyen d'"interdire" la présence de SDF dans la ville.

Deux options sont proposées par le projet de loi. La première laisse 24 heures aux sans-abri pour quitter les lieux, la police ayant le droit de confisquer tente et effets personnels pour une durée de 90 jours. En contrepartie, la ville doit proposer une place dans un centre d'hébergement, le texte ne précisant pas la durée de prise en charge.

Mais les opposants au projet font valoir qu'aucun moyen n'est alloué pour développer les solutions de relogement. Selon le recensement effectué par San Francisco, 6.686 personnes vivaient dans la rue en 2015, soit 250 de plus que les dernières estimations datant de 2013. La ville dispose uniquement de 1.203 lits disponibles pour accueillir les sans-abris et la demande explose. Début août, 875 personnes étaient déjà sur liste d'attente pour obtenir une place en foyer, note le journal local SF Examiner.

Une proposition soutenue par des investisseurs de la Silicon Valley

La deuxième option propose de payer le transport aux sans-abris pour qu'ils quittent la ville, en s'assurant "avec leurs amis et leurs familles qu'ils auront un endroit où vivre et un soutien continu". A la tête de Coalition on Homelessness, une association venant en aide aux personnes vivant dans la rue, Jennifer Friedenbach déclare au Guardian : "Avec cette proposition, on va juste prendre la tente de quelqu'un et le faire dormir sur du béton froid. Ils ne vont pas disparaître."

Cette proposition de loi décriée a pourtant reçu l'approbation de quelques investisseurs de la Silicon Valley. Le milliardaire Michael Moritz a donné 50.000 dollars pour soutenir le projet. Président de Sequoia Capital, une société spécialisée dans le financement d'entreprises de nouvelles technologies, il a notamment financé à ses débuts Google, PayPal, LinkedIn ou Yahoo, souligne Forbes.

Le business angel Ron Conway (SnapChat, AirBnb, Pinterest...) a versé la même somme. Zachary Bogue, le mari de Marissa Mayer, la directrice générale de Yahoo !, a quant à lui donné 2.500 dollars. A TechCrunch, il confie soutenir cette proposition qui va "aider à sortir les gens de la rue en les plaçant dans des centres d'hébergement".

Un taux de pauvreté de 13.8% à San Francisco

En 2010, San Francisco avait approuvé une loi interdisant aux sans-abri de s'asseoir sur les trottoirs pendant la journée. Après un premier avertissement, ils écopent d'une amende de 100 dollars. Le business angel Ron Conway avait déjà donné 85.000 dollars pour soutenir la campagne et faire approuver cette loi.

Selon un rapport de l'institut régional d'études Silicon Valley, 13.8% des habitants de San Francisco, en 2013, vivaient en dessous du seuil de pauvreté, soit 11.490 dollars par an. Certains quartiers atteignant même un taux de pauvreté de 50.6%, bien que la baie de San Francisco "soit l'une des régions les plus riches au monde", souligne le rapport.

| LIRE AUSSI : San Francisco : crise d'identité ou crise immobilière qui tourne mal ?