Abus de position dominante : Facebook dans le viseur de la Commission européenne

La Commission européenne et l'autorité de la concurrence britannique ont parallèlement lancé une enquête antitrust contre Facebook ce vendredi. Elles cherchent à déterminer si le géant américain fausse la concurrence, notamment sur le marché des petites annonces, grâce aux données publicitaires recueillies auprès des annonceurs sur son réseau social.
Anaïs Cherif
(Crédits : Johanna Geron)

La Commission européenne se penche sur les pratiques de Facebook en matière de données publicitaires. Bruxelles a annoncé ce vendredi l'ouverture d'une procédure formelle d'examen contre le géant des réseaux sociaux pour "un éventuel comportement concurrentiel". Une première.

L'objectif : déterminer si le mastodonte américain a enfreint les règles de concurrence au sein de l'Union européenne (UE) en utilisant à son avantage des données publicitaires recueillies auprès d'annonceurs.

"À l'issue d'une enquête approfondie, la Commission craint que Facebook puisse fausser la concurrence dans le secteur d'annonces en ligne", sur lequel le groupe américain est présent depuis 2016, avec son service Facebook Marketplace, avance l'exécutif européen dans un communiqué de presse.

Facebook, qui est entièrement gratuit pour ses utilisateurs, génère la quasi-totalité de son chiffre d'affaires grâce à la vente d'espaces publicitaires. Via la collecte et la monétisation massive des données personnelles de ses utilisateurs, le groupe de Mark Zuckerberg a bâti un empire de la publicité en ligne. Il permet ainsi aux annonceurs de connaître très finement les goûts et les centres d'intérêts des internautes pour leur proposer des publicités ciblées.

"Près de 3 milliards de personnes utilisent Facebook chaque mois et près de 7 millions d'entreprises au total font la publicité de leurs services sur [ce réseau social]", rappelle Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence, dans un communiqué de presse.

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Une concurrence faussée sur le marché des petites annonces

Lorsque des entreprises font la publicité de leurs services sur Facebook, celles-ci peuvent également être en concurrence directe avec la plateforme et elles peuvent ainsi lui fournir des données précieuses d'un point de vue commercial. Facebook pourrait ensuite utiliser ces données pour concurrencer les entreprises qui les ont fournies, redoute l'exécutif européen.

"[Facebook] recueille une mine de données sur les activités des utilisateurs de son réseau social et au-delà, lui permettant ainsi de cibler des groupes de clients spécifiques." C'est pourquoi la Commission cherche à déterminer si cette montagne de données confère au géant américain "un avantage concurrentiel indu, en particulier dans le secteur des annonces en ligne, où des personnes achètent et vendent des biens tous les jours et où Facebook est également en concurrence avec des entreprises auprès desquelles elle collecte des données", poursuit Margrethe Vestager. Si cela s'avère être le cas, la firme de Menlo Park serait alors en abus de position dominante.

"Dans l'économie numérique actuelle, les données ne peuvent être utilisées d'une manière qui fausse la concurrence", a souligné la vice-présidente.

En parallèle, la Commission cherche également à déterminer si l'intégration de son service de petites annonces "Facebook Marketplace" à son réseau social peut aussi nuire à la concurrence, en lui conférant un avantage pour atteindre les clients et évincer les services d'annonces en ligne concurrents.

Une enquête "infondée", selon Facebook

Lancé en 2016, Facebook Marketplace est utilisé par 800 millions d'utilisateurs de Facebook dans 70 pays pour acheter ou vendre des marchandises. Il est dans le collimateur de la Commission depuis 2019.

"Plus spécifiquement, Facebook pourrait utiliser les données obtenues auprès de fournisseurs concurrents qui font la publicité de leurs services sur le réseau social afin d'aider Facebook Marketplace à les supplanter", explique la Commission européenne.

Et de poursuivre : "Facebook pourrait par exemple obtenir des informations précises sur les préférences d'utilisateurs sur la base des activités publicitaires de ses concurrents et utiliser ces données pour adapter (son propre service de petites annonces)."

Aucun délai légal n'est prévu pour la clôture d'une telle enquête et sa durée dépendra notamment du degré de coopération de Facebook, a précisé Bruxelles. De son côté, le groupe américain a précisé qu'il coopèrerait pleinement dans le cadre de l'enquête afin de "démontrer qu'elle est infondée", rapporte l'AFP. Facebook estime que ses services d'annonces en ligne "Marketplace et de rencontres offrent davantage de choix aux internautes, dans deux marchés extrêmement compétitifs sur lesquels de nombreux acteurs sont présents".

L'exécutif européen n'est pas le seul à se pencher sur le fonctionnement de Facebook. L'autorité britannique de la concurrence et des marchés (Competition and Markets Authority, CMA) a parallèlement lancé ce vendredi sa propre enquête sur le sujet.

Anaïs Cherif

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Commentaires 10
à écrit le 07/06/2021 à 14:48
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Parler de position dominante alors qu'on est tout seul, c'est pas facile, à la limite le mec avec son argent doit se financer un concurrent pour rester avec la loi. Drôle d'époque.

à écrit le 05/06/2021 à 9:26
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Au delà du factuel je trouve que la censure d'un ancien président par une telle entreprise est de l'ordre du coup d'Etat. Il me semble urgent que les politiques réagissent car demain ce sera un autre ou un état pourquoi pas la France..

le 07/06/2021 à 9:06
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Facebook appartient à la poubelle de l histoire ça fait déjà 10 ans que je n y suis plus ni sur aucun autre réseau de blabla et de mise en scène de son ego ... Cette boîte aurait dû être condamné pour complicité de l attaque du capitol... et son nom...

le 07/06/2021 à 9:07
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Facebook appartient à la poubelle de l histoire ça fait déjà 10 ans que je n y suis plus ni sur aucun autre réseau de blabla et de mise en scène de son ego ... Cette boîte aurait dû être condamnée pour complicité de l attaque du capitol... et son no...

à écrit le 05/06/2021 à 9:17
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Il faut punir les gens compétents, dynamiques, intelligents efficaces et puissants qui ont humilié l'oligarchie canal historique qui plutôt que de se demander pourquoi elle est aussi nulle cherche systématiquement à mettre des bâtons dans les roues d...

à écrit le 05/06/2021 à 2:51
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"La Commission européenne se penche ..." Pour s'en prendre un petit coup ! Tout cela ne sont que paroles pour justifier des salaires ,à chaque fois que l'Europe taxe un gafam ,les USA augmentent les taxes sur nos produits ! Ils décident ,nous nous p...

le 07/06/2021 à 9:11
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Eh bien plutôt que de condamner une énièmes fois l exécutif européen créons notre propre eco système internet - réseaux sociaux serveurs e commerce etc ...comme ça nous ne dépendrons plus ou subirons plus oncle Sam les pressions russes ou chinoise...

à écrit le 04/06/2021 à 18:39
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Le jour où ils bougeront appelez-moi, cela signifiera qu' ils auront l' aval du papa de l' UE cad les usa et ça n' est pas pour demain..

à écrit le 04/06/2021 à 17:47
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La fortune de mark Zuckerberg, social network. Refaire un Facebook européen ? Ou faire payer Facebook pour abus de position dominante. La facebook live c'est pas pour moi. Les Facebookers ne parlent que d'eux et de leur vie sur Facebook et Facebook g...

à écrit le 04/06/2021 à 17:16
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Il n'y a que le viseur qui fonctionne, le reste n'est que de la communication sans fin!

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