François Fillon ou le Thatcher français, pour la presse étrangère

Par Sasha Mitchell  |   |  449  mots
"Qui est François Fillon, la version française de Margaret Thatcher ?", se demande le quotidien néerlandophone belge De Morgen.
Les médias internationaux ont gardé un œil attentif sur le résultat du premier tour de la primaire de la droite et du centre, dimanche. Outre la débâcle de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, le programme et le profil du vainqueur surprise du premier tour a particulièrement intéressé les journalistes étrangers.

Qui est François Fillon ? Pour les citoyens français, les réponses sont multiples. Ancien maire de Sablé-sur-Sarthe, président de conseil général puis de conseil régional, six fois ministre, puis Premier ministre de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012 et actuel député de (la deuxième circonscription de) Paris. Le choix est vaste. Le large vainqueur du premier tour de la primaire de la droite et du centre fait partie du paysage politique, local (pour les Sarthois), régional (dans les Pays de la Loire) et national depuis plus de 35 ans.

A l'étranger, en revanche, l'ancien sénateur de la Sarthe est plus ou moins tombé dans l'oubli depuis l'élection de François Hollande. Sa présence au deuxième tour constitue l'occasion pour la presse internationale de le (re)découvrir, et de se pencher sur son programme économique et de politique étrangère. Outre-Manche, le quotidien conservateur Daily Telegraph donne le ton : "Admirateur de Margaret Thatcher, Monsieur Fillon promet une baisse drastique du nombre de fonctionnaire au cours de son mandat et de s'attaquer au rigide code du travail."

Candidat le plus "pro-business"

La comparaison avec l'ancienne Première ministre britannique revient à de nombreuses reprises, notamment dans les médias anglo-saxons mais aussi néerlandophones, comme De Morgen, qui se demande "Qui est François Fillon, la version française de Margaret Thatcher ?". Toujours mesuré, le Daily Mail titre : "Un fan de Margaret Thatcher marié avec une Britannique devient le favori de la présidentielle."

De l'autre côté de l'Atlantique, le Wall Street Journal note que François Fillon est le candidat le plus pro-business. Pour le correspondant du quotidien à Paris, sa présence au deuxième tour et l'élimination de Sarkozy déplacent le centre de gravité du débat vers la question de la croissance stagnante de la France. Le New York Times relève pour sa part les divergences entre les deux finalistes de la primaire vis-à-vis de la Russie, rappelant que Fillon - décrit comme "taciturne" -  "souhaite une coalition occidentale dont ferait partie Vladimir Poutine pour combattre l'Etat islamique", ce qui n'est pas le cas de Juppé.

Même constat pour le quotidien espagnol El Mundo - au niveau de la personnalité aussi, "sans charisme" -, qui ajoute qu'une telle stratégie équivaut à faire alliance "indirectement avec Bachar al-Assad". Un positionnement qui trouve assez peu d'écho dans la presse russe lundi matin. Seul Sputnik News (en anglais), le site internet de l'agence de presse gouvernementale, se contente de préciser que "Fillon s'est montré critique de la politique de François Hollande vis-à-vis de la Russie" lors de la campagne.