Guerre commerciale, taxe Gafa, feux de forêt en Amazonie... ce qu'il faut retenir du G7 de Biarritz

Par latribune.fr  |   |  1300  mots
(Crédits : Reuters)
Alors que se tient ce lundi 26 août, le dernier jour du G7 de Biarritz, retour sur les grand sujets abordés durant ce sommet marqué par la visite surprise du ministre iranien des Affaires étrangères dimanche, les inquiétudes provoquées par la guerre commerciale Chine-Etats-Unis, et les incendies en Amazonie.

(Article publié le 26 août 2019 à 11h58, MAJ à 13h15)

La cité balnéaire de Biarritz dans le sud-ouest de la France vit ses dernières heures sous la cloche ultra-sécurisée du G7, qui s'achèvera en milieu d'après-midi par une série de conférences de presse des différents dirigeants réunis depuis samedi. Retour sur les principaux sujets abordés durant ce rassemblement.

L'Iran invité surprise du sommet du G7

Le dossier du nucléaire iranien a fait une apparition inattendue et remarqué au G7. Pour cause, à la surprise générale, Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, a été reçu par des Européens dimanche 25 août en marge du sommet, alors qu' Emmanuel Macron tentait de convaincre son homologue américain Donald Trump de jouer la désescalade avec Téhéran. Mohammad Javad Zarif a rencontré Emmanuel Macron et son homologue français Jean-Yves Le Drian ainsi que des représentants des deux autres pays européens - Allemagne et Grande-Bretagne - signataires de l'accord sur le nucléaire iranien.

"Le chemin est difficile" mais cela "vaut la peine d'essayer", a tweeté le chef de la diplomatie iranienne, resté quelques heures à Biarritz, à l'issue de ses entretiens. Les discussions ont été "positives", et "vont se poursuivre" a déclaré la présidence française, précisant que le ministre, sous le coup de sanctions américaines, était venu à Biarritz "en accord" avec les Etats-Unis et que M. Macron en avait informé Donald Trump. Ce dernier, interrogé sur la venue de l'émissaire iranien, s'est contenté d'un "no comment".

Les Iraniens ont cessé en juillet de respecter certains engagements de l'accord de Vienne encadrant leur programme nucléaire, en réaction à la sortie en mai 2018 des Etats-Unis du texte et à la réintroduction de lourdes sanctions américaines. Les Européens, Paris en tête, essaient depuis de convaincre Washington d'alléger les sanctions sur le pétrole iranien en échange d'un retour de Téhéran à ses engagements et de l'ouverture de négociations sur son programme balistique.

Des négociations en cours dans la guerre commerciale Chine-Etats-Unis

Parmi les sujets largement abordés durant ce rassemblement, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chin  qui préoccupe les dirigeants réunis qui craignent que cela n'entraîne une économie mondiale flageolante vers la récession. Le président américain Donald Trump a déclaré lundi au sommet du G7 de Biarritz que les négociations avec la Chine sur la guerre commerciale entre les deux pays "n'ont jamais été aussi significatives". Notamment car, selon lui, les Etats-Unis s'en sortent bien économiquement et que la Chine "perd des millions d'emplois". "Je pense que tout est possible", assure-t-il quant à ses prochaines actions dans la guerre commerciale avec Pékin. Chinois et Américains ont appelé ce lundi au dialogue dans l'espoir de résoudre leur guerre commerciale, trois jours après l'annonce de nouvelles hausses mutuelles de droits de douane, qui inquiètent de plus en plus entreprises et marchés.

A une semaine de l'entrée en vigueur prévue de nouvelles sanctions réciproques, Pékin a appelé au calme et à la "coopération", mais sa monnaie nationale, le yuan, est repartie à la baisse, accroissant la pression sur le commerce américain. Avant de quitter Biarritz, le président américain, Donald Trump a finalement mis de l'eau dans son vin et annoncé, ce lundi 26 août, que les négociations avec la Chine allaient reprendre "très prochainement" malgré la volonté du locataire de la Maison-Blanche de vouloir poursuivre sa logique de confrontation avec Pékin.

Trump n'a toutefois pas cité de date. Lors de leur dernière négociation à Shanghai fin juillet, les deux parties avaient convenu de se revoir en septembre aux Etats-Unis, mais aucune date précise n'a encore été annoncée. Interrogé lors d'un point de presse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, a dit ne pas être au courant de la conversation évoquée par M. Trump. De son côté, le principal négociateur chinois, Liu He, a assuré que Pékin était prêt à "résoudre calmement le problème par des consultations et la coopération".

"Nous sommes résolument opposés à l'escalade de la guerre commerciale" qui n'est bonne "ni pour la Chine, ni pour les Etats-Unis, ni pour les peuples du monde", a ajouté M. Liu, cité par la presse financière.

Des promesses pour l'Amazonie et un accord sur la taxe Gafa

Autrement, les incendies en Amazonie, ajoutée au menu du sommet par Emmanuel Macron à la dernière minute, provoquant une crise avec le Brésil du président climato-sceptique Jair Bolsonaro, ont été évoqués. Le G7 s'est mis d'accord pour "aider au plus vite les pays frappés" par les feux qui se sont multipliés ces derniers jours. "Il y a une vraie convergence pour dire "On se met tous d'accord pour aider le plus vite possible les pays qui sont frappés par ces feux", a rapporté Emmanuel Macron. Face aux appels à l'aide, lancés notamment par la Colombie, "on doit se montrer présents", a ajouté Emmanuel Macron, qui avait vertement critiqué vendredi "l'inaction" du président brésilien Jair Bolsonaro​ face à ce désastre environnemental. La Grande-Bretagne a notamment promis une enveloppe de 10 millions de livres.

Par ailleurs, les conseillers finances de la France et des Etats-Unis ont trouvé un accord sur la taxe numérique française (taxe Gafa) en marge du G7, qui sera soumis lundi aux chefs d'Etat. Ce projet d'accord prévoit un remboursement aux entreprises par la France de la différence entre la taxe française et le nouveau système instauré sous l'égide de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une fois que ce dispositif aura été mis en place, a précisé cette source."C'est une proposition sur laquelle le conseiller de Donald Trump est d'accord", a souligné cette source. "Le mécanisme est ainsi pour le moment. C'est la proposition commune." Ce sommet, élargi par la France à plusieurs autres pays non-membres dans un souci de renouvellement de l'exercice, aura été aussi le premier grand tour de piste du nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson, en pleine négociation avec l'Union européenne sur les modalités du Brexit.

Biarritz aura aussi permis de constater qu'il n'y a aucune avancée sur la question de la frontière irlandaise, point de blocage des négociations, alors qu'approche à grands pas la date couperet du 31 octobre à laquelle le Royaume-Uni sera hors de l'UE. M. Johnson en a aussi profité pour faire du charme à Donald Trump, espérant nouer avec Washington des relations commerciales privilégiées pour amortir le choc du Brexit. Sur le plan sécuritaire, le gouvernement français a passé l'épreuve avec succès, lui qui voulait éviter à tout prix de voir le sommet émaillé de manifestations violentes comme la France en a connu l'hiver dernier lors de la crise des gilets jaunes. Les autorités avaient déployé plus de 13.000 policiers et gendarmes et verrouillé la région, poussant les organisateurs de manifestations à revoir leurs ambitions à la baisse, dénonçant un dispositif surdimensionné. Pour clore cette séquence, Emmanuel Macron sera interrogé lundi soir au journal de la chaîne de télévision publique France 2, dans une volonté de rendre compte aux Français des résultats du sommet.