Hostilité à l'égard de la Russie : Moscou lance des avis de recherche contre des responsables baltes

Par latribune.fr  |   |  873  mots
Le Kremlin a émis plusieurs avis de recherches contre des responsables baltes en les accusant d'hostilité à l'égard de la Russie, du fait de leur vision de l'Histoire de leurs relations. (Crédits : SPUTNIK)
Le Kremlin a émis plusieurs avis de recherche à l'encontre de ministres des pays baltes, les accusant de falsifier l'Histoire de leurs relations, un crime en Russie.

[Article publié le 13 février à 12h17 et mis à jour à 16h12]. Les dissensions entre la Russie et les pays baltes s'accentuent. Le Kremlin a émis plusieurs avis de recherches contre des responsables baltes. Moscou les accuse d'hostilité à l'égard de la Russie, du fait de leur vision de l'Histoire de leurs relations.

« Ces gens sont responsables de décisions qui sont de facto une insulte à l'Histoire, ce sont des gens qui mènent des actions hostiles contre la mémoire historique, contre notre pays », a expliqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, ce mardi.

En effet, les Etats baltes, qui craignent les ambitions militaires du Kremlin, considèrent que l'URSS les a occupés, tandis que Moscou se voit comme un libérateur et juge toute autre approche comme une « falsification de l'Histoire », ce qui constitue un crime en Russie.

Lire aussiRussie : une présidentielle sans opposition

Plusieurs avis de recherche

Concrètement, la Russie a lancé un avis de recherche contre la Première ministre estonienne Kaja Kallas, selon une notice visible mardi sur le site du ministère de l'Intérieur. Kaja Kallas est poursuivie en Russie dans « une affaire pénale », indique cette notice, qui ne précise pas de quel crime ou délit la dirigeante est accusée.

Une « tactique d'intimidation habituelle » de la part de Russie, selon la Première ministre :

« L'action de la Fédération de Russie n'est pas surprenante, car il s'agit de sa tactique habituelle d'intimidation », a-t-elle alors dénoncé dans un communiqué, promettant de continuer à soutenir l'Ukraine déchirée par la guerre et de lutter contre la « propagande russe ». « Je ne me tairai pas, je continuerai à soutenir l'Ukraine avec force et je me prononcerai en faveur du renforcement de la défense européenne », a-t-elle dit.

Le secrétaire d'Etat estonien, Taimar Peterkop ainsi que le ministre de la Culture de Lituanie, Simonas Kairys, en font également les frais. Une source sécuritaire russe, citée anonymement par l'agence de presse d'Etat TASS, a affirmé que les deux responsables estoniens et le ministre lituanien étaient poursuivis pour « destruction et dégradation de monuments (d'hommage) aux soldats soviétiques » de la Seconde Guerre mondiale. Pour rappel, ces dernières années, plusieurs de ces monuments hérités par l'URSS après la Seconde Guerre mondiale ont été démontés dans les pays baltes, en signe de rejet de la période soviétique, ces Etats considérant avoir été occupés par l'URSS.

Lire aussiPour contourner la Russie, l'Union européenne mobilise 10 milliards d'euros en Asie centrale

Accusations de sabotage

Une minorité russe réside toujours en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, trois ex-républiques soviétiques aujourd'hui membres de l'UE et de l'Otan. Les relations des trois Etats avec la Russie se sont empirées depuis le conflit en Ukraine. Les pays baltes, qui considèrent que la menace d'une invasion russe est réelle, soutiennent activement Kiev dans sa lutte contre l'armée russe.

Encore la semaine dernière, la Russie a convoqué les chargés d'affaires des trois pays en les accusant de « saboter » la présidentielle russe de mars prochain, en refusant d'assurer la sécurité des bureaux de vote dans les ambassades russes sur leur sol. Même si l'issue du scrutin n'est pas une grande surprise, faute d'opposition réelle à Vladimir Poutine. Moscou a alors réclamé que les trois pays « prennent toutes les mesures nécessaires » pour sécuriser les ambassades et les électeurs sur leur sol afin d'éviter « de sérieuses protestations parmi les citoyens russes vivant dans ces pays ».

« Si le sabotage se poursuivait, nous agirions de manière décisive », a, qui plus est, averti le ministère russe.

La pression continue de monter

Or, les événements pouvant mettre le feu aux poudres se sont succédé ces dernières semaines. Mi-janvier, la Lettonie et l'Estonie avaient décidé de mettre fin à leurs accords d'assistance juridique avec la Russie. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait également effectué en janvier une tournée dans les pays baltes. Une visite qui n'était pas au goût de Moscou. En janvier, l'Estonie avait aussi refusé de prolonger le permis de séjour du chef de l'Eglise orthodoxe estonienne du Patriarcat de Moscou, citoyen russe, estimant qu'il représentait un risque pour la sécurité nationale.

Une pression politique qui se traduit également militairement. Les trois pays baltes ont convenu courant janvier de construire une « ligne de défense » commune à la frontière avec la Russie et le Bélarus pour parer à d'éventuelles menaces militaires, avaient annoncé les ministères estonien et letton de la Défense.

Dans un message sur X (ex-Twitter), le ministre letton de la Défense, Andris Spruds, avait ainsi indiqué qu'il s'agira d'une « ligne de défense balte pour défendre le flanc oriental de l'Otan et priver nos adversaires de leur liberté de mouvement ».

« La guerre menée par la Russie en Ukraine a montré qu'en plus des équipements, des munitions et des hommes, des installations défensives physiques à la frontière sont également nécessaires », avait alors souligné son homologue estonien, Hanno Pevkur, cité dans le communiqué.

(Avec AFP)