La Russie à la conquête de l'Arctique : Poutine lance la construction d'un nouveau brise-glace nucléaire

Le président russe a donné son accord pour la construction d'un nouveau brise-glace nucléaire, un navire qui peut traverser les voies maritimes gelées. Moscou ambitionne d'exporter de plus en plus des marchandises et de pétrole, notamment vers l'Asie, via la « Route maritime du Nord ».
Le président russe Vladimir Poutine a donné ce vendredi le feu vert pour la construction d'un nouveau brise-glace à propulsion nucléaire.
Le président russe Vladimir Poutine a donné ce vendredi le feu vert pour la construction d'un nouveau brise-glace à propulsion nucléaire. (Crédits : LISI NIESNER)

La Russie poursuit sa conquête de l'Arctique. Le président russe Vladimir Poutine a donné ce vendredi le feu vert pour la construction d'un nouveau brise-glace à propulsion nucléaire. Le navire peut opérer en continu et traverser des voies maritimes gelées. Un enjeu crucial pour les ambitions polaires de Moscou qui veut faire des eaux de l'Arctique une route commerciale indispensable vers l'Asie.

« Il devra opérer sur la route maritime du Nord, participer aux programmes les plus importants d'exploration et de recherche dans l'Arctique et assurer la livraison de marchandises », a déclaré Vladimir Poutine dans un discours prononcé sur le site des chantiers navals de la Baltique, à Saint-Pétersbourg (nord-ouest).

Ce nouveau navire à propulsion nucléaire construit par le géant atomique Rosatom, de plus de 170 mètres de long, pourra ainsi briser la glace jusqu'à trois mètres de profondeur. Le navire s'appellera « Leningrad », le nom soviétique de Saint-Pétersbourg, « un nouvel hommage » au « courage » des habitants de l'ancienne capitale impériale face aux nazis, a souligné Vladimir Poutine vendredi, à la veille des célébrations commémorant le 80e anniversaire de la fin du siège de Leningrad pendant la Deuxième Guerre mondiale.

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L'Arctique, enjeu stratégique pour la Russie

Son futur déploiement doit aider Moscou à assurer sa suprématie dans l'Arctique, alors que la Russie est confrontée dans la région aux ambitions d'autres puissances, notamment la Chine, mais aussi de ses rivaux occidentaux dont les Etats-Unis.

Pour développer le commerce via les eaux gelées de l'Arctique, les autorités russes comptent sur la fonte des glaces entraînée par le changement climatique pour rendre la « Route maritime du Nord » navigable. Moscou souhaite même que cette voie de l'Arctique soit en mesure à l'avenir de concurrencer le canal de Suez, situé dans l'est de l'Egypte. Le pays compte mettre ainsi en place des infrastructures pour transporter 150 millions de tonnes de marchandises via cette route maritime d'ici 2030. Vendredi, le patron de Rosatom, Alexeï Likhatchiov, a indiqué que 36 millions de tonnes de marchandises avaient transité par cette route maritime en 2023, « un record ».

La conquête de l'Arctique est d'autant plus intéressante pour Moscou qu'elle lui offre une alternative aux sanctions faisant suite à l'offensive en Ukraine qui ont privé la Russie d'une grande partie des marchés européens.  La région devient ainsi un enjeu essentiel pour Moscou afin d'exporter vers l'Asie ses hydrocarbures. D'où le besoin urgent d'augmenter et moderniser sa flotte de brise-glaces nucléaires, qui permettent de tracer la route aux tankers pétroliers et autres méthaniers transportant les hydrocarbures extraits principalement en Sibérie.

La Russie, seul pays au monde à posséder une flotte de brise-glaces nucléaires, a inauguré ces dernières années trois nouveaux navires et un gigantesque bateau, de plus de 200 mètres de long, doit voir le jour en 2027.

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Militarisation de la zone

Outre les intérêts économiques, la zone est également stratégique d'un point de vue militaire. La Russie partage la région avec ses ennemis occidentaux : Etats-Unis, Canada et Européens du nord. Ainsi, même en pleine offensive en Ukraine, Moscou muscle sans cesse son dispositif arctique, rouvrant ou modernisant des bases et aérodromes datant de l'époque soviétique.

« La Russie a aussi déployé des missiles S-300 et S-400, rallongé des pistes pour accueillir des avions capables de transporter des bombes nucléaires et construit d'imposantes installations radar », liste Malte Humpert, fondateur du contre de réflexion américain « The Arctic Institute ». En août dernier, la flotte du Nord, en charge de l'Arctique, a mené des exercices militaires incluant plus de 8.000 militaires et plusieurs sous-marins.

« La concurrence et la militarisation accrues dans la région arctique, notamment de la part de la Russie et de la Chine, sont préoccupantes », constatait de son côté en novembre dernier l'amiral Rob Bauer, chef du comité militaire de l'Otan. « Nous devons rester vigilants et nous préparer à l'inattendu ».

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 27/01/2024 à 9:54
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Le Poutine n'aurait pas besoin, plutôt, de pompiers pour éteindre le foyer en Ukraine?

à écrit le 27/01/2024 à 9:40
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La planète était si belle avant la finance.

à écrit le 27/01/2024 à 0:31
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Le bruno de l'elisier doit etre satisfait. Il a effectivement mis la Russie a genoux.

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