La pression monte, Israël appelle les habitants de Gaza à ne « pas tarder » à évacuer vers le sud

Par latribune.fr  |   |  958  mots
« Nos ennemis n'ont que commencé à payer le prix. Je ne peux pas divulguer de quoi est faite la suite, mais je vous dis c'est juste le début », a déclaré Benjamin Netanyahou, vendredi. (Crédits : POOL)
Israël appelle les Palestiens à fuir Gaza ce samedi, après que le Premier ministre a annoncé, vendredi soir, que la riposte d’Israël n’en est qu’à ses débuts. Des messages qui font craindre une opération militaire israélienne à venir dans Gaza.

(Article publié le 14/10 à 10h31 et mis à jour à 14h15)

Le conflit semble très loin de se calmer huit jours après l'attaque de centaines de combattants du Hamas sur le territoire israélien ayant fait plus d'un millier de morts civils et 150 otages que le groupe terroriste menace maintenant d'exécuter. Ce samedi, dans l'attente d'une offensive terrestre à laquelle Israël a dit se préparer, l'armée a appelé les civils gazaouis du nord du territoire, soit 1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions d'habitants, à ne « pas tarder » à évacuer vers le sud. Il y a un « créneau de 10H00 à 16H00 » (09h à 15h heure de Paris) samedi, a déclaré à des journalistes un porte-parole de l'armée, Richard Hecht, sans préciser s'il y avait une date limite. « Nous savons que cela va prendre du temps, mais nous recommandons aux gens de ne pas attendre », a-t-il ajouté.

Un message qui fait écho aux déclarations du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de vendredi soir.

« Nos ennemis n'ont que commencé à payer le prix. Je ne peux pas divulguer de quoi est faite la suite, mais je vous dis c'est juste le début », a-t-il notamment annoncé lors d'un discours à la nation, prononcé en plein Shabbat, le repos hebdomadaire des Juifs, une exception dans l'histoire d'Israël.

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« Nous nous battons comme des lions pour notre maison. Nous ne pardonnerons et n'oublierons jamais les actes barbares de nos ennemis et nous ne laisserons ni le monde ni quiconque oublier ces horreurs infligées au peuple juif », a ajouté le Premier ministre, avant d'assurer que « nous veillons à ce que la guerre continue grâce aux munitions et aux armes qui sont en route vers Israël. »

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L'armée israélienne encercle Gaza

Depuis le 7 octobre, début de la guerre, les frappes de l'armée israélienne sur la bande de Gaza ont déjà fait 2.215 morts palestiniens incluant 724 enfants. L'armée a annoncé samedi avoir « liquidé » un haut responsable militaire du Hamas Mourad Abou Mourad, qui est selon elle « responsable d'une grande partie de l'offensive meurtrière » contre Israël.

Avec des dizaines de milliers de soldats et réservistes massés à la frontière de la bande de Gaza et l'annonce de plusieurs incursions terrestres dans le territoire palestinien, Israël laisse planer le doute sur une possible opération terrestre d'ampleur, la première depuis 2014. Déjà l'armée avait annoncé la veille avoir mené des incursions au sol dans le territoire palestinien où 5.540 maisons « ont été détruites » selon l'ONU. Près de 3.750 autres logements ont été tellement endommagés qu'ils sont inhabitables, a ajouté samedi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Avec ces incursions, l'armée israélienne a confirmé samedi avoir identifié « plus de 120 civils » retenus captifs à Gaza, parmi environ 150 otages enlevés par le Hamas

« Nous évoluerons probablement vers d'autres opérations de combat importantes », a insisté un porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus.

Face à ce déluge de frappes, des milliers de Palestiniens continuent de fuir à travers les rues dévastées de la ville de Gaza, cherchant refuge plus au sud après que Israël a ordonné vendredi l'évacuation de « tous les civils » de la ville de Gaza dans les 24 heures « pour leur propre sécurité et protection ». L'armée israélienne s'est félicitée samedi d'un « mouvement significatif » de civils gazaouis évacuant vers le sud mais a accusé le Hamas de tenter de bloquer ces départs. Mais, de son côté, le mouvement islamiste a rejeté cet appel à l'évacuation, qui concerne environ 1,1 million d'habitants, sur un total de 2,4 millions. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock avait accusé la veille le Hamas d'utiliser la population comme un « bouclier ».

La communauté internationale appelle à épargner les civils

Face à cette montée des violences, notamment contre des civils, plusieurs organisations et Etats appellent à protéger les civils.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré samedi qu'un ordre israélien demandant d'évacuer plus d'un million de personnes du nord de Gaza en une seule journée était « totalement impossible à mettre en œuvre ».

« La position est claire », a-t-il ajouté, « nous défendons certainement le droit d'Israël à se défendre (...) Mais comme tout droit, il a une limite. Et cette limite est le droit international. »

L'Organisation mondiale de la santé a aussi affirmé qu'une « évacuation massive serait catastrophique pour les patients, le personnel de santé et les autres civils restés sur place ou pris dans le mouvement de masse ». Surtout, les quatre hôpitaux du ministère de la Santé dans le sud de la bande de Gaza ont déjà atteint ou dépassé leur capacité, et ne disposent pas des capacités de soins intensifs et des fournitures nécessaires pour traiter les patients supplémentaires, a fait valoir l'OMS.

« Même les guerres ont des règles », a aussi rappelé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, réclamant un accès humanitaire « immédiat » à la bande de Gaza. Il a décrit un « système de santé au bord de l'effondrement » et des « morgues qui débordent. »

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a, quant à lui appelé vendredi Israël à minimiser les pertes civiles dans la bande de Gaza. « Nous avons pressé les Israéliens à prendre toutes les précautions possibles pour éviter de faire mal aux civils », a-t-il déclaré à Doha, après des entretiens avec les responsables du Qatar, où a eu lieu, comme dans de nombreux pays arabes, une manifestation de soutien aux Palestiniens.

 (Avec AFP)