Israël : la guerre avec le Hamas menace l’économie mondiale, alerte le FMI

Le Fonds monétaire international s'est exprimé sur les conséquences économiques de la guerre entre Israël et le Hamas et affirme qu'il s'agit d'un « nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l'économie mondiale ». Au centre des inquiétudes, le prix du pétrole et du gaz.
C'est un « nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l'économie mondiale », a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Kristalina Georgieva.
C'est un « nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l'économie mondiale », a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Kristalina Georgieva. (Crédits : MICHELE TANTUSSI)

La guerre entre Israël et le Hamas pourrait bien impacter le monde entier. C'est la crainte exprimée par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) lors de leur réunion annuelle qui se tient à Marrakech depuis lundi. C'est un « nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l'économie mondiale », a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Kristalina Georgieva, pour qui il est avant tout « déchirant de voir des civils innocents mourir ».

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Ces nouvelles vives tensions viennent s'ajouter aux « chocs sévères » auxquels elle a déjà été confrontée depuis trois ans et qui deviennent « la nouvelle norme venant encore fragiliser un monde déjà fragilisé par une croissance faible et la fragmentation de son économie », a pointé Mme Georgieva.

Pour rappel, en Israël, plus de 1.200 personnes ont été tuées dans l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël il y a 75 ans. Les représailles israéliennes ont tué 900 personnes à Gaza. L'armée israélienne a dit avoir retrouvé les corps de 1500 combattants du Hamas. Environ 150 Israéliens, étrangers et binationaux, ont été pris en otages par le Hamas, selon le gouvernement israélien.

« Il est très difficile, en raison de l'ampleur, de la vitesse et des inconnues, d'avoir une lecture claire du court terme ou du moyen terme », concernant les conséquences du conflit, estimait lors d'une conférence de presse le directeur régional du FMI, Jihad Azour,  « mais c'est énorme, c'est un tremblement de terre ».

Craintes sur le pétrole

Au niveau mondial, « le risque économique majeur est désormais un risque géopolitique », a admis le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, lors d'un point presse à Marrakech, estimant que les conséquences pourraient être « lourdes » sur la croissance et les prix de l'énergie dans le monde.

Dans la foulée de l'attaque du Hamas, samedi, le pétrole a, en effet, bondi de cinq dollars, avant de reculer légèrement les jours suivants mais repartait à la hausse jeudi, après la publication du rapport mensuel de l'Agence international (AIE), pointant pour l'heure un risque « limité » du conflit sur l'approvisionnement en pétrole.

La véritable crainte est celle d'une généralisation du conflit à tout le Golfe Persique concentre 40% de l'offre mondiale de pétrole. Car, après des révélations du Wall Street Journal, les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël soupçonnent l'Iran d'avoir donné son feu vert à l'attaque lundi 2 octobre lors d'une réunion à Beyrouth. En cas de dégradation des relations irano-américaines, et de retrait de l'Iran du marché pétrolier et gazier, les conséquences seraient lourdes sur le marché de l'énergie.

Depuis janvier, l'Iran a ajouté quelque 600.000 b/j, faisant grimper sa production à 3,8 mb/j selon les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), 4,2 mb/j (si on inclut les distillats). Représentant un peu plus de 4% de la production mondiale, il est difficile de se passer aujourd'hui de ces volumes sans faire flamber les cours du baril d'autant que son principal client est la Chine. L'Iran reste un poids lourd du marché pétrolier avec 12% des réserves mondiales de pétrole.

Le spectre de la récession au niveau mondial

Lors de la présentation du rapport annuel sur l'économie mondiale du Fonds mardi, son chef-économiste, Pierre-Olivier Gourinchas, avait rappelé qu'une hausse de 10 dollars des prix du pétrole, si elle était persistante, pouvait entraîner une perte de 0,15 point de pourcentage de PIB au niveau mondial. « Une augmentation des prix de l'énergie est susceptible de provoquer une inflation accrue et un ralentissement de la croissance économique », analyse de son côté Alexandre Hezez, stratégiste chez Richelieu gestion.

Et une aggravation du conflit pourrait même avoir une incidence sur les politiques des banques centrales européennes et américaines.

« Le conflit peut pousser les banques centrales à devenir plus accommodantes étant donné qu'elles ont beaucoup augmenté leurs taux et que cela se voit maintenant dans l'économie. En cas de baisse forte de la croissance, venant d'une hausse du pétrole, la Réserve fédérale américaine pour baisser ses taux plus rapidement que prévu », ajoute le stratégiste.

Pour autant, difficile pour l'instant de déterminer précisément les impacts, a jugé Kristalina Georgieva, même si le FMI « suit de très près la situation ». « Nous avons vu quelques réactions sur le marché pétrolier mais il est trop tôt pour en dire plus, on voit des hausses et des baisses se succéder », a-t-elle précisé.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 13/10/2023 à 8:08
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LOL !

à écrit le 13/10/2023 à 7:59
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J'ai du mal à voir le rapport entre le nombre de morts en Israel et la hausse du baril, à part de juteux bénéfices pour la finance mondiale, Israël ne pèse pas sur la production de pétrole, elle en achète plutôt . Les guerres coûtent chères, il faut ...

à écrit le 12/10/2023 à 23:59
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Étonnant non,? Mais ne nous leurrons pas la guerre fait aussi des heureux. La guerre c'est beaucoup d'argent.

à écrit le 12/10/2023 à 20:41
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Tant de complaisance française sur le Hamas qui n'est pas seulement un mouvement terroriste armé mais surtout politique (cf. sharia) car les mouvements islamistes ne reconnaissent aucune autre autorité que divine tout du moins lorsqu'elle est comp...

à écrit le 12/10/2023 à 19:01
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Évidemment que l'exacerbation de instabilité mondiale, d’une ampleur jamais vue depuis des décennies, est non seulement possible – mais probable – si la guerre en Israël, suite à l'attaque terroriste du Hamas, s’étend à d’autres pays du Moyen-Orient....

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