L'Ukraine va recevoir quelque 800.000 obus financés par une coalition de 18 pays, dont la France

Par latribune.fr  |   |  741  mots
L'UE s'était engagée à envoyer à Kiev un million d'obus d'ici avant mars mais seuls 30% d'entre eux ont été livrés, selon les autorités ukrainiennes. (Crédits : INTS KALNINS)
Le président tchèque Petr Pavel a annoncé jeudi que l'Ukraine pourrait recevoir d'ici « quelques semaines » les 800.000 obus d'artillerie achetés à des pays tiers dans le cadre de son initiative financée par une coalition de 18 pays.

La promesse de fournir 800.000 obus en faveur de l'Ukraine devrait être tenue. « Nous avons réuni la somme complète pour acheter l'ensemble » des munitions, s'est félicité le président tchèque, Petr Pavel, à la presse jeudi, sans préciser le montant. « S'il n'y a pas de problèmes fondamentaux, les munitions pourraient être livrées à l'Ukraine dans quelques semaines », a-t-il ajouté.

Petr Pavel, un ancien général de l'Otan, avait détaillé sa proposition lors de la conférence sur la sécurité à Munich à la mi-février. Avec d'autres partenaires de l'Otan, dont le Danemark et le Canada, la République tchèque avait identifié « un demi-million de munitions de calibre 155 et 300.000 munitions de calibre 122 » disponibles dans des pays tiers. Il fallait d'abord rassembler 1,5 milliard de dollars (1,38 milliard d'euros), selon le journal Financial Times, pour financer cet achat. L'initiative devait permettre de pallier les carences de l'industrie européenne de défense, qui peine à répondre à la demande d'obus d'artillerie de Kiev face aux avancées russes.

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La Belgique, la Grande-Bretagne, le Danemark, la France, l'Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède font partie des pays contributeurs. L'UE s'était engagée à envoyer à Kiev un million d'obus d'ici avant mars mais seuls 30% d'entre eux ont été livrés, selon les autorités ukrainiennes.

Un fort appui de Berlin, la France n'a pas chiffré sa contribution

Questionné lors d'un point presse régulier, mercredi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, n'a pas chiffré précisément la somme que compte apporter l'Allemagne, parlant d'un « montant en millions à trois chiffres » se situant donc entre une centaine et quelques centaines de millions d'euros.

Il a qualifié de « très bonne » cette initiative destinée à pallier la pénurie actuelle d'obus d'artillerie en Ukraine et les difficultés de l'industrie de défense européenne pour augmenter rapidement sa production. Longtemps réservé, Emmanuel Macron avait annoncé la semaine dernière que son pays participerait à cette initiative. Il n'avait toutefois pas chiffré sa contribution, contrairement à d'autres Etats, comme les Pays-Bas qui ont promis 100 millions d'euros.

En dépit des doutes sur les quantités d'obus identifiées par la République tchèque, le pragmatisme l'a finalement emporté pour aider à tout prix l'Ukraine, dans une période difficile, à résister à l'agression russe.

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Bruxelles veut muscler les capacités de défense des 27

Par ailleurs, le 5 mars, la Commission européenne a dit vouloir muscler les capacités de défense sur le continent. Bruxelles propose de financer une partie des achats d'armes décidés en commun par les 27, comme cela a déjà été fait pour les munitions.

« La menace d'une guerre n'est peut-être pas imminente mais elle n'est pas impossible », a plaidé la semaine dernière à Strasbourg la présidente de l'exécutif européen Ursula von der Leyen, appelant les Européens à se « réveiller de toute urgence ». Il est donc essentiel, a-t-elle insisté, « de reconstruire (...) et de moderniser les forces armées des 27 », après des décennies de coupes budgétaires dans le sillage de la fin de l'Union soviétique au début des années 1990.

La guerre en Ukraine a contraint Bruxelles à innover la stratégie européenne de défense, que doit présenter le commissaire européen Thierry Breton. Il s'inspire de certains des mécanismes mis en place dans l'urgence, dont le programme Asap d'achats de munitions. Ce programme va permettre, selon Thierry Breton, de porter à deux millions d'obus la capacité annuelle de production européenne en 2025, contre moins du quart de ce nombre avant l'invasion russe de l'Ukraine déclenchée le 24 février 2022.

L'idée serait de reproduire ce qui a été fait pendant le Covid avec les vaccins, c'est-à-dire un contrat-cadre, par lequel la Commission avance l'argent, permettant aux États membres de relancer leur industrie afin de répondre à ce contrat, selon ce même responsable. A plus long terme, la Commission veut aussi participer au lancement de grands projets européens de défense dans des domaines comme le cyber, l'espace et la protection des fonds marins après les sabotages de gazoducs en mer Baltique en septembre 2022.

(Avec AFP)