La Chine dévalue le yuan une troisième fois en trois jours

Par latribune.fr  |   |  497  mots
Pékin ambitionne d'obtenir son inclusion dans les Droits de tirage spéciaux (DTS), l'unité de compte du Fonds monétaire international actuellement composé de quatre devises (dollar, euro, livre et yen).
Le cours pivot de la monnaie chinoise face au dollar a été abaissé de 1 %, jeudi. Pékin veut relancer ses exportations, en baisse de 8,3% en juillet. Mais une dépréciation prolongée et importante du yuan peut encourager les fuites de capitaux hors de Chine.

La plus brutale dépréciation enregistrée par la monnaie chinoise depuis plus de deux décennies. Après avoir abaissé le taux de référence du yuan face au dollar de 2%, mardi 11 août, puis de 1,6% mercredi, Pékin a récidivé. Jeudi 13 août, la banque centrale chinoise (PBOC) a fait reculer le taux de référence du yuan face au dollar de plus de 1%. Désormais, 6,4010 yuans valent un dollar, contre 6,3306 yuans mercredi.

Une convertibilité du yuan avec un surcroît de flexibilité

La banque centrale chinoise avait assuré mardi qu'elle opérait simplement un "ajustement une fois pour toutes" de la façon de calculer le taux-pivot du yuan pour prendre davantage en compte les fluctuations du marché des changes.Et que les dépréciations successives ne seraient que la conséquence de ce nouveau mécanisme. La Chine continue d'encadrer étroitement la convertibilité du yuan, mais en lui accordant un surcroît de flexibilité, la PBOC pourrait chercher à renforcer ses chances de lui faire intégrer le club fermé des grandes monnaies mondiales.

Pékin ambitionne ainsi d'obtenir son inclusion dans les Droits de tirage spéciaux (DTS), l'unité de compte du Fonds monétaire international actuellement composé de quatre devises (dollar, euro, livre et yen).

Elle espère également mettre fin à la baisse de ses exportations, qui ont reculé de 8,3% sur un an. Pékin espère importer de la croissance qui permettra de créer un socle "sain" pour l'investissement tout en réduisant le poids de la dette par la reprise de l'inflation.

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Mais une dépréciation prolongée et importante du yuan pourrait être à double tranchant, en encourageant les fuites de capitaux hors de Chine, en renchérissant le coût des importations du pays et en gonflant le poids des dettes en dollars des entreprises chinoises.

"Si c'est nécessaire, la banque centrale est pleinement capable de stabiliser le taux de change (du yuan) via des interventions directes sur le marché", a d'ailleurs affirmé un économiste de la PBOC, cité par la presse officielle

Les Bourses européennes ont dévissé

Ces dévaluations ont été largement perçues comme un puissant effort de Pékin pour revigorer son commerce extérieur et stimuler une activité en plein ralentissement, et a intensifié brusquement les inquiétudes sur la santé vacillante de l'économie chinoise.

Cela a fait l'effet d'un coup de tonnerre pour une partie des places boursières mondiales et les marchés des matières premières, qui ont trébuché de concert, angoissés de voir caler un pays moteur de l'économie mondiale. Ainsi, la Bourse de Paris a lâché 3,4% à 4.925 points, mercredi 13 août, et le Dax a perdu 3,27%.

Nénmoins, du côté des Bourses américaines, le Dow Jones n'a presque pas bougé et le Nasdaq a gagné 0,15% à la clôture, mercredi 12 août.