La Chine menace d'arrêter de vendre l'iPhone si Trump persiste sur les droits de douane

Par Laszlo Perelstein  |   |  676  mots
Le futur président américain doit s'entretenir "bientôt" avec son homologue Xin Jinping lors d'un entretien téléphonique. Utilisera-t-il encore un iPhone à ce moment-là ?
Le futur président des États-Unis veut mettre en place des droits de douane de 45% sur les produits importés de Chine afin de réindustrialiser son pays. Une décision qui ne plait guère à Pékin, qui l'a fait savoir par le biais d'un journal d'État.

L'approche très offensive du libre-échange que prend le fraîchement élu président des États-Unis, Donald Trump, face à la Chine pourrait bien se retourner contre lui. Un éditorial publié dans le journal d'État Global Times estime que le futur chef d'État serait "naïf" de croire que les États-Unis tireront un quelconque bénéfice d'une guerre commerciale totale contre la Chine. Le journal présente un aperçu de ce que pourrait être la réponse de Pékin si Donald Trump se décidait à imposer une taxe de 45% sur les importations chinoises :

"La Chine rendra coup pour coup. Un lot de commandes de Boeing sera remplacé par des Airbus. Les ventes de voitures américaines et d'iPhone souffriront d'un revers, et les importations de maïs et soja américains seront arrêtées. La Chine peut également limiter le nombre d'étudiants chinois aux États-Unis."

Réindustrialiser les États-Unis

Pour mémoire, Donald Trump, alors simple candidat aux primaires républicaines, avait déclaré fin juin que "si la Chine n'arrête pas ses activités illégales, incluant le vol de secrets commerciaux américains, j'utiliserais tout pouvoir présidentiel légitime pour remédier à des différents commerciaux; incluant l'application de droits de douane".  Au cours de sa campagne, le milliardaire n'a cessé de rappelé à de nombreuses reprises qu'il voulait rendre leur grandeur passée aux États-Unis en obligeant les entreprises à construire leurs produits dans des usines localisées sur le sol américain.

"Je veux forcer Apple à arrêter de fabriquer des iPhones en Chine", a-t-il notamment affirmé.

Lors d'un discours prononcé début août dans la ville de Detroit, ex-symbole de l'industrie américaine qui a connu un long déclin, Donald Trump avait déclaré vouloir rétablir une "justice commerciale" entre la Chine et les États-Unis. Il avait ainsi exprimé son souhait une fois élu de renégocier tous les traités commerciaux, avec comme points de discussion majeur la sous-évaluation du yuan, le protectionnisme et la relance de l'industrie américaine.

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Le précédent Obama

Par le passé, Barack Obama avait décidé d'augmenter pendant trois ans les droits de douane sur les importations de pneus chinois, comme le rappelle dans son éditorial le le Global Times. Auparavant à 4%, ils étaient passés en septembre 2009 à 35% (la taxe a été réduite à 30% la deuxième année puis 25% la troisième) suite à la demande du syndicats des ouvriers de l'acier qui souhaitait davantage de protection afin de protéger des emplois. Un "acte grave de protectionnisme" que le porte-parole du ministère chinois du Commerce avait gravement condamné. Pékin avait rapidement répliqué en imposant des droits de douane sur les automobiles et les poulets américains.

Si la décision de Barack Obama a semblé bénéfique un temps - les importations de pneus chinois ont baissé de 28% sur un an en 2010, à 899 million de dollars -, la décision s'est avérée par la suite coûteuse, note le Los Angeles Times, dans une analyse publiée fin juillet. Dans le même temps, la production américaine a certes progressé que de 14%, mais le prix des pneus importés a grimpé de 18%, d'autres pays asiatiques (Corée du Sud, Indonésie et Thailand) devant répondre à la forte hausse de la demande. D'après le Peterson Institute for International Economics, un think tank privé et indépendant, la décision a ainsi permis de sauver au mieux 1.200 emplois manufacturiers au détriment de 2.500 postes dans la vente.

Déjà désavoué par la Chine pour ses prises de positions dans la lutte contre le réchauffement climatique, Donald Trump pourrait bien avoir à revenir sur sa promesse de campagne s'il ne veut pas envenimer les relations bilatérales avec le pays. Le futur président américain doit justement s'entretenir "bientôt" avec son homologue Xin Jinping lors d'un entretien téléphonique. Utilisera-t-il encore un iPhone à ce moment-là ?