La justice japonaise émet un mandat d'arrêt contre Carole Ghosn

Par latribune.fr  |   |  776  mots
Photo d'archive. Carlos Ghosn (à g.), accompagné de sa femme Carole Ghosn (au milieu), arrive à son lieu de résidence à Tokyo, le 8 mars 2019. (Crédits : Reuters)
La nouvelle a été annoncée par des médias japonais, tandis que le groupe Nissan s'est exprimé pour condamner la fuite de Carlos Ghosn, à l'inverse du leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a pris la parole publiquement pour défendre l'ex-PDG de l'alliance Renault-Nissan.

[Article publié le 07/01/2020 à 10h32, mis à jour le 07/01/2020 à 10h50]

La justice japonaise a émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Carole Ghosn, soupçonnée de "faux témoignage" dans l'enquête japonaise sur son mari Carlos Ghosn, ont annoncé, mardi, les agences de presse nippones Kyodo News et Jiji.

L'annonce de ce mandat d'arrêt intervient alors qu'une demande d'arrestation de Carlos Ghosn a été émise début janvier par Interpol, quelques jours après la fuite au Liban de l'ancien grand patron de Renault et Nissan, qui était en liberté sous caution au Japon dans l'attente de son procès pour malversations financières présumées.

Selon un communiqué du parquet de Tokyo, Carole Ghosn est soupçonnée de fausses déclarations devant la justice japonaise en avril 2019, quand elle avait été interrogée sur ses éventuelles rencontres avec une personne dont le nom n'a pas été cité.

Mme Ghosn était en première ligne pour défendre son mari, qui avait été arrêté en novembre 2018 au Japon puis inculpé. Après 130 jours de prison notamment, M. Ghosn avait été libéré sous caution fin avril mais avait l'interdiction de voir ou de contacter sa femme.

Cette interdiction était perçue par la défense de M. Ghosn comme une "punition" pour le démoraliser, tandis que le parquet japonais soupçonnait Mme Ghosn d'être entrée en contact avec des protagonistes de l'affaire.

Après la fuite de M. Ghosn du Japon, plusieurs médias ont présenté son épouse comme le cerveau de l'opération. Carlos Ghosn, qui doit tenir une conférence de presse très attendue à Beyrouth mercredi, a toutefois assuré la semaine dernière qu'il avait organisé "seul" son exfiltration.

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Nissan condamne l'évasion de Ghosn

De son côté, le groupe automobile Nissan a estimé, mardi, que Carlos Ghosn a commis un acte "extrêmement regrettable" et a bafoué le système judiciaire japonais en se réfugiant au Liban.

"Sa fuite vers le Liban sans la permission du tribunal, en violation des conditions de sa liberté sous caution, bafoue le système judiciaire japonais. Nissan trouve cela extrêmement regrettable", a écrit le constructeur japonais dans sa première déclaration officielle sur ce spectaculaire rebondissement.

"Nissan a découvert de nombreux actes d'inconduite imputables à Ghosn au terme d'une enquête interne approfondie", rappelle le groupe qui l'avait dénoncé aux autorités et congédié peu après son arrestation le 19 novembre 2018 pour malversations financières présumées.

Nissan assure qu'existent "des preuves irréfutables de divers actes répréhensibles" de sa part, notamment "des déclarations inexactes sur sa rémunération et un détournement d'actifs de la société à son profit personnel".

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Le leader de la France insoumise critique la justice japonaise

Jean-Luc Mélenchon a quant à lui pris la parole pour défendre Carlos Ghosn. Le leader de la France insoumise a jugé mardi "inacceptable" "la maltraitance à laquelle s'est livrée la justice japonaise" à l'encontre de Carlos Ghosn, l'ex-PDG de Renault Nissan qui a fui le Japon, où il était en liberté conditionnelle, pour se réfugier au Liban.

"Je vous le dis clair et net: les droits de l'Homme et les droits de la défense ne s'appliquent pas en fonction de critères de classe", et "M. Carlos Ghosn y a droit comme tous les autres", a réagi le chef de file de La France insoumise sur Europe 1.

"C'est la base de l'humanisme: l'être humain a des droits qui sont des droits non négociables, et ça s'applique à tout le monde", a-t-il insisté.

Or "la maltraitance à laquelle s'est livrée la justice japonaise est inacceptable; je le dis pour lui comme je le dirais pour d'autres. Ce n'est pas une affaire de classe, les droits de l'Homme", a ajouté M. Mélenchon.

"Vous connaissez un être humain qui n'essaie pas de s'échapper quand on le maltraite ? Ça n'existe pas. Alors pourquoi il serait le seul être humain à notre connaissance à qui ça serait indifférent d'être maltraité ?", a-t-il interrogé.

L'ancien patron de Renault et Nissan est arrivé le 30 décembre au Liban dans des circonstances encore troubles, alors qu'il avait l'interdiction formelle de quitter le Japon, où il était en liberté sous caution depuis fin avril 2019, dans l'attente de son procès pour malversations financières présumées.

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(Avec AFP)