Le Royaume-Uni mobilise ses troupes pour faire face aux grèves

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  653  mots
Le Premier ministre Rishi Sunak et le ministre des Finances Jeremy Hunt assurent vouloir préserver les ménages britanniques de l'inflation. (Crédits : Reuters)
Dans un climat social toujours plus tendu au Royaume-Uni, le gouvernement britannique fait appel à l'armée et à des fonctionnaires pour limiter l'impact des grèves d'ambulanciers et dans la police aux frontières. Deux milliers d'hommes vont ainsi être mobilisés.

Cela ne va pas arranger les tensions sociales outre-Manche. Le gouvernement conservateur du Royaume-Uni fait appel à l'armée pour remplacer les personnels grévistes. Quelque 1.200 militaires vont ainsi être sur le pont dans les prochains jours, ainsi que 1.000 fonctionnaires. Cette mesure ne concerne néanmoins que le remplacement des ambulanciers et du personnel de la police aux frontières, alors que les mouvements et les appels à la grève continuent de se multiplier dans plusieurs secteurs, notamment les transports et la santé.

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Mouvement inédit

La semaine qui s'achève a été marquée par de nombreux débrayages. Et cela devrait continuer jusqu'à la fin de l'année au moins. Les ambulanciers ont prévu de cesser le travail deux jours en Angleterre, les 21 et 28 décembre, pour demander des hausses de salaire. Des membres de la police aux frontières vont également se mettre en grève plusieurs jours d'ici la fin de l'année.

Dans un mouvement inédit depuis un siècle, les infirmières ont arrêté de travailler jeudi dernier pour réclamer des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail. Une nouvelle grève est annoncée pour mardi 20 décembre. De nombreux autres secteurs sont concernés, des transports à la logistique et la distribution du courrier en passant par l'industrie du pétrole, l'enseignement, la sécurité, la police aux frontières, et même des ONG. Ces mouvements sociaux sont d'une ampleur qui n'avait pas été vue depuis des décennies au Royaume-Uni.

Les militaires vont donc venir combler les manques pour assurer la continuité du service. Ce qui ne semble pas ravir leurs chefs. Le chef d'état-major de la défense, l'amiral Sir Tony Radakin, a ainsi réagi dans The Telegraph : « Nous ne sommes pas une capacité de réserve. [...] Nous sommes occupés et nous faisons beaucoup de choses au nom de la nation - nous devons nous concentrer sur notre rôle principal. »

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Les syndicats causent la misère

Outre l'appel à l'armée, la réponse du Premier ministre Rishi Sunak s'est voulue forte, voire cinglante dans l'hebdomadaire britannique The Sun on Sunday : « Les syndicats causent la misère de millions de personnes, avec des grèves dans les transports en particulier, cruellement programmées pour frapper à Noël ». Le locataire du 10 Downing Street - ancien financier devenu député puis ministre des finances, qui a emménagé le 25 octobre suite au fiasco de Liz Truss - a déroulé son argumentaire, à savoir que « les cheminots et les agents aux frontières se sont vu proposer des accords qui sont équitables - et abordables pour les contribuables » tandis qu'un « nombre croissant de membres du syndicat veulent un accord ».

Les ménages et les entreprises britanniques font pourtant face à une flambée des prix demeure d'un niveau inédit depuis quatre décennies, qui provoque une violente crise du coût de la vie. Malgré un léger recul après un mois d'octobre record, l'inflation était encore de 10,7 % sur un an en novembre. Elle est ainsi devenue « l'ennemie numéro un » selon le ministre des Finances Jeremy Hunt. « Une inflation élevée frappe les économies à travers l'Europe et je sais que les familles et les entreprises sont en difficulté ici au Royaume-Uni », a-t-il assuré cette semaine dans un communiqué, promettant de « faire baisser l'inflation ».

L'exécutif déclare ainsi vouloir plafonner les factures d'énergie cet hiver et avoir mis en place un plan pour diviser l'inflation en deux l'an prochain, mais il manque de moyens financiers pour amortir le choc inflationniste alors que le manque de rigueur budgétaire du précédent gouvernement fait planer un risque d'attaques sur la dette.