Malgré un léger rebond de la croissance en octobre, la récession se précise au Royaume-Uni

Si le PIB a rebondi de 0,5% en octobre, après un repli de 0,6% le mois précédent, l'économie au Royaume-Uni s'est tout de même contractée sur l'ensemble des trois derniers mois de 0,3% par rapport aux trois mois précédents. Des chiffres qui renforcent la menace d'une récession alors que l'inflation dépasse la barre des 11% sur un an et que de nombreux mouvements de grève devraient paralyser l'activité en décembre.
L'inflation au Royaume-Uni dépasse les 11% sur un an.
L'inflation au Royaume-Uni dépasse les 11% sur un an. (Crédits : Reuters)

La situation ne semble pas s'améliorer au Royaume-Uni qui, comme de nombreux pays, subit les conséquences d'une inflation au plus haut. Dépassant les 11% sur un an, elle n'a jamais été aussi élevée en 40 ans, à cause, notamment, de l'envolée des prix de l'énergie.

De quoi peser sur la croissance du pays : si son produit intérieur brut (PIB) a rebondi de 0,5% en octobre, après un repli de 0,6% le mois précédent, l'économie s'est tout de même contractée sur l'ensemble des trois derniers mois de 0,3% par rapport aux trois mois précédents, selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS). Le recul de septembre s'expliquait, entre autres, par le jour de congé national pour l'enterrement d'Elizabeth II qui a entraîné la fermeture de très nombreuses entreprises. En conséquence, le PIB s'était contracté de 0,2% au troisième trimestre.

Selon la BoE, le pays serait déjà entré en récession

De quoi laisser présager d'une récession. Selon sa définition technique, elle se caractérise par un recul de la croissance pendant deux trimestres consécutifs. Il faudra donc attendre les chiffres de décembre pour savoir si ces prévisions sont confirmées.

Mais, selon de nombreuses prévisions, notamment de la Banque d'Angleterre (BoE), le pays est, d'ores et déjà entré dans une récession qui se prolongera en 2023, voire au-delà. Le Royaume-Uni devrait connaître la pire performance économique des pays riches du G7 lors des deux prochaines années, avait aussi prévenu l'OCDE fin novembre.

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« Nous avons une route difficile devant nous"

Les perspectives restent donc moroses au Royaume-Uni. En témoignent, les propos tenus par le Chancelier de l'Échiquier, Jeremy Hunt, qui a réagi ce lundi dans un communiqué.

« Si les chiffres d'aujourd'hui affichent de la croissance, je veux être honnête, nous avons une route difficile devant nous », a-t-il déclaré, ajoutant que « la forte inflation, exacerbée par la guerre illégale de (Vladimir) Poutine (en Ukraine), ralentit la croissance dans le monde entier. »

Ce sont les secteurs des services et de l'industrie qui ont tiré la croissance vers le bas. À l'inverse, « les ventes de voitures ont rebondi après un très mauvais mois de septembre, et le secteur de la santé a également connu un mois solide », de même que la construction, a noté sur Twitter Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l'ONS. Toutefois, si les ventes au détail ont rebondi, « cela pourrait être de courte durée, ce qui augure d'une nouvelle saison des fêtes décevante après les problèmes de chaîne d'approvisionnement » l'an dernier, estime Yael Selfin, économiste chez KPMG. « Même si (les ménages) puisent dans leur épargne et augmentent leurs emprunts », leurs dépenses « pourraient connaître une baisse soutenue au cours de l'année à venir », a-t-elle ajouté.

« Les temps sont durs pour les entreprises et les ménages. L'inflation est encore historiquement élevée et la croissance, la productivité et l'investissement des entreprises sont bien trop faibles », a également commenté la principale organisation patronale CBI. Le gouvernement doit « remédier à la faiblesse persistante de l'investissement et de la productivité », a ajouté l'organisation dans un communiqué.

Les grèves se multiplient à l'approche de Noël

Face au pouvoir d'achat qui diminue, les grèves se multiplient dans le pays. À commencer par les infirmières britanniques qui ont lancé une grève inédite pour obtenir une revalorisation salariale. Pour la première fois depuis la création du syndicat il y a plus d'un siècle, jusqu'à 100.000 membres du Royal College of Nursing (RCN) en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord doivent prendre part au mouvement qui s'étend sur deux jours, ce jeudi et le 20 décembre.

De nombreux autres secteurs sont concernés, des transports à la logistique et la distribution du courrier en passant par l'industrie du pétrole, l'enseignement, la sécurité, la police aux frontières, et même des ONG.

À tel point que l'armée sera appelée à la rescousse pour assurer un service minimum dans les services sensibles pendant ces grèves en pleines fêtes de Noël.

« Ces grèves récurrentes vont perturber tout le monde, et cela inclut notre personnel militaire qui devra, malheureusement, se mobiliser et remplir certaines des fonctions vitales » du pays, a déploré jeudi dernier un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak.

« Des discussions sont en cours avec le ministère de la Défense » pour que des militaires remplacent des ambulanciers grévistes, au moment où le système public de santé vit une crise inédite, en particulier dans les services d'urgence, a-t-il précisé.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 13/12/2022 à 0:12
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La sncf des petits joueurs… les contrôleurs en gère et - moins de 5% des effectifs - quand leurs collègues.britanniques sont à 81% en grève .. et la bas pas de service minimum comme en Belgique, Espagne, Allemagne ..

à écrit le 12/12/2022 à 16:33
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Mille fois d'accord avec vous ! sans les adhérents de la fnsea qu'aurions nous englouti depuis la fin de la IIIème guerre mondiale ?! des nems, des tacos, des sushis, des hamburgers peut-être ?!

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