Hausse d'impôts, coupes dans la dépense publique : un nouveau budget pour redresser les finances du Royaume-Uni

Lors d'une présentation budgétaire au Parlement, Jeremy Hunt a dévoilé jeudi un ensemble de mesures de « consolidation » budgétaire qui comprennent notamment d'augmenter la taxe exceptionnelle sur les profits des géants énergétiques et de créer « une nouvelle taxe temporaire de 45% sur les producteurs d'électricité ».
Le ministre des finances britannique Jeremy Hunt
Le ministre des finances britannique Jeremy Hunt (Crédits : HENRY NICHOLLS)

C'est le jour et la nuit. Le 23 septembre dernier, l'ancienne Première ministre britannique, Liz Truss, annonçait un plan massif de lutte contre l'inflation et de relance de l'économie. Bien que dénué de chiffrage, il devait s'évaluer à plusieurs dizaines de milliards de livres de dépenses. Ce jeudi, ce sont, à l'inverse, de vastes économies qui ont été dévoilées par le ministre des Finances, Jeremy Hunt. Bien que le pays soit déjà entré en récession, il a ainsi confirmé un plan de hausses d'impôts de 55 milliards de livres et des coupes dans la dépense publique. « C'est un plan de stabilité équilibré », « j'ai essayé d'être juste en demandant à ceux qui ont plus de contribuer plus », a-t-il fait valoir devant le Parlement.

En effet, il a indiqué que le pays allait abaisser le seuil le plus élevé de l'impôt sur le revenu, augmenter sa taxe exceptionnelle sur les profits des géants énergétiques, de 25% à 35%, et la prolongera de trois ans jusqu'en 2028. Sans compter la création d'« une nouvelle taxe temporaire de 45% sur les producteurs d'électricité ».

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Des décisions « très difficiles » déjà annoncées

Ce plan, aux airs d'austérité, était prévu. Quelques jours plus tôt, le nouveau Premier ministre, Rishi Sunak, avait prédit « des décisions difficiles à prendre » mais « nous allons être justes sur la manière dont nous allons les aborder », dans un entretien accordé au quotidien The Times, dix jours après son arrivée à Downing Street.

« Des décisions très difficiles » avait renchérit Jeremy Hunt un peu plus tard sur SkyNews. « Nous allons tous devoir payer un peu plus d'impôts, j'en ai bien peur [...] Mais nous sommes un pays résilient et franchement, nous avons affronté de plus gros défis dans notre histoire », avait-il assuré. Et d'ajouter : « Nous allons demander à tout le monde de faire des sacrifices. Mais je pense que dans une société juste, comme nous le sommes au Royaume-Uni, il faut admettre qu'on ne peut pas en demander trop à ceux qui ont les plus bas revenus, et j'en tiens compte dans les décisions que je prends ».

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Lutter contre l'inflation

L'objectif : corriger le fiasco du « mini-budget » présenté par le gouvernement de Liz Truss en septembre et qui avait affolé les marchés forçant la banque d'Angleterre (BoE) à intervenir. L'annonce avait, en effet, fait s'envoler le prix de la dette pour l'économie britannique, avec un taux à dix ans qui oscillait autour de 4,5%. La BoE avait donc dû intervenir pour infléchir la hausse ce qui avait eu pour conséquence de faire immédiatement plonger la livre sterling face au dollar, et dans une moindre mesure, face à l'euro.

Jeremy Hunt a, en effet, dévoilé, ce jeudi, « trois priorités : la stabilité, la croissance et les services publics ». La stabilité, après les turbulences financières du précédent gouvernement, vient en haut de la liste, et avec elle la lutte contre l'inflation « qui touche le plus les plus pauvres ».

D'après lui, l'organisme public de prévisions budgétaires a « confirmé que des facteurs mondiaux sont la principale cause de l'inflation, alors que la plupart des pays font encore face aux retombées » de la pandémie de Covid, ce qui a été aggravé par « la crise énergétique générée par la Russie » et son invasion de l'Ukraine. Au Royaume-Uni, l'inflation atteint désormais 11,1% en octobre sur un an. « Je pense que l'inflation est l'ennemi numéro un », avait d'ailleurs affirmé Rishi Sunak début novembre.

« Le Royaume-Uni est maintenant en récession »

De son côté, la Banque d'Angleterre multiplie les hausses de taux : la dernière, le 3 novembre, de 75 points de base, était la plus forte depuis 1989, portant ses taux à 3%. Conséquence directe de ce resserrement de la politique monétaire, le pays voit sa croissance en berne.

« Le Royaume-Uni, comme d'autres pays, est maintenant en récession » selon l'OBR, et son Produit intérieur brut (PIB) va baisser de 1,4% en 2023, a ainsi constaté le ministre des Finances. Une récession qui pourrait durer jusqu'à deux ans selon la Banque d'Angleterre, même si pour cette année l'OBR pronostique une croissance de 4,2%. Outre le Covid et la guerre en Ukraine, le Royaume-Uni souffre de l'impact du Brexit qui plombe le commerce avec son grand voisin européen et entrave l'embauche de travailleurs du continent, ce qui contribue à l'inflation et la perte de productivité.

Après la présentation de ce budget, la livre perdait du terrain. Vers 14h20 (heure de Paris), la livre perdait 0,95% à 1,1801 dollar, plombée par les prévisions d'une contraction de l'économie en 2023 qui va faire grimper le taux de chômage. La livre reculait de 0,25% face à l'euro, qui s'échangeait à 87,46 pence.

Commentaires 3
à écrit le 17/11/2022 à 14:04
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Le brexit les a coulés, ils ont la pire performance du G7 et de loin, ils ne s'en remettront pas, huit années de croissance détruites par un simple choix de nostalgie impériale et de haine de la diversité, ils sont maintenant dépendant des traders, ...

le 17/11/2022 à 15:51
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Pas du tout : les problèmes britanniques proviennent de loin : - Economie qui dépend trop de la financiarisation de l'économe -Economie qui dépendait beaucoup du pétrole -Economie qui dépendait beaucoup des services, (tourisme - consommation et...

le 17/11/2022 à 17:31
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Le Bexit les a tuer. Depuis le brexit leur économie tangue plus que les autres, perte du marché européen, bureaucratie à l export perte des investisseurs asiatiques qui à choisir unvestissent dans l union puisque le royaume uni n est plus un cheval d...

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