Les cours du baril de pétrole ont chuté de plus de 20% en à peine plus de deux mois

Par latribune.fr  |   |  869  mots
Vue générale de la raffinerie de pétrole de TotalEnergies à Grandpuits. (Crédits : Reuters)
Le cours du baril de Brent évolue sous les 95 dollars, celui du baril de WTI sous les 89 dollars, en baisse de 10% en un mois. Le ralentissement de l'économie chinoise pèse sur la demande pétrolière mondiale, et la possibilité d'un accord prochain sur le nucléaire iranien est de nature à faire augmenter l'offre de 1 million de barils par jour. Résultat, les cours s'ajustent à cette nouvelle configuration du marché du brut. De son côté, le gaz atteignait en Europe, ce mardi, son plus haut niveau en six mois.

Les prix du pétrole poursuivent leur baisse. Ce mardi, la référence sur le marché des Etats-Unis, le baril de WTI américain, est passée sous les 89 dollars. Il a baissé de plus de 10% en un mois. La référence en Europe, le baril de Brent, lui, évoluait juste au-dessus des 94 dollars, alors qu'il avait coté plus de 123 dollars en mars 2022.

Les cours s'étaient envolés en début d'année, soutenus par la reprise de la demande avec la fin des confinements et le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. En deux mois et demi, ils ont cédé plus de 20% .

Crise dans l'immobilier chinois

Cette chute traduit d'abord les perspectives d'une baisse de la demande, notamment en raison du ralentissement de l'économie chinoise, dû aux effets de sa politique stricte de « zéro-Covid ». La banque centrale de Chine a d'ailleurs annoncé dimanche une baisse des taux pour relancer le crédit et l'activité.

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En Chine, deux indicateurs ont prouvé lundi que la deuxième économie mondiale, qui engloutit une part importante de la production de brut de la planète, est mal en point. En juillet, les ventes de détail et la production industrielle ont connu un ralentissement inattendu, en raison d'un rebond de Covid-19 et d'une crise dans l'immobilier qui ont lourdement pénalisé l'activité. L'accès de faiblesse de l'économie chinoise « pèse sur le pétrole, et il y a peu de chances d'un rebond à court terme », résume Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, dans une note. Il estime « assez clair que la demande chinoise peu vigoureuse explique le déclin des prix du pétrole depuis juin ».

« Rappelons plus globalement que plus de la moitié du coût de l'essence est dictée par le prix du pétrole. La baisse des prix du brut en raison du ralentissement de l'économie chinoise a poussé le prix moyen de l'essence aux États-Unis à 3,965 dollars lundi, soit le 62e jour consécutif de baisse », souligne, de son côté, John Plassard, économiste chez Mirabeau.

L'Iran, une pièce centrale de l'offre pétrolière

Mais les cours de l'or noir intègrent aussi la possibilité d'un prochain accord sur le nucléaire iranien, qui entraînerait une levée des sanctions et la possibilité  pour l'Iran, un producteur majeur de pétrole et de gaz naturel, d'exporter à nouveau sur le marché international. C'est ce qu'a affirmé le chef de la diplomatie iranienne, membre clef de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Selon le ministre Hossein Amir-Abdollahian, son pays devait faire part lundi soir de ses « propositions finales » sur le dossier nucléaire, après que, selon lui, les Etats-Unis ont accepté deux des exigences iraniennes. « Si nos propositions sont acceptées, nous sommes prêts à conclure (les discussions) et annoncer l'accord lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères », a-t-il ajouté.

« Alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est en train de ralentir ses hausses de production, l'Iran est une pièce centrale de l'offre », a souligné Aditya Saraswat, analyste chez Rystad, cité par AFP. Mais, « il reste beaucoup de cases à cocher avant qu'un accord soit signé », prévient-il, mais si toutes les parties s'accordaient, le pays pourrait augmenter sa production de 1 million de barils par jour en quelques mois, inondant un marché où la demande faiblit.

Le gaz a son plus haut niveau en six mois en Europe

Du côté du gaz, les prix sont, à l'inverse, plus que jamais à la hausse. Ils atteignaient, ce mardi, leur plus haut niveau en six mois en Europe. Le TTF néerlandais, la référence du gaz naturel en Europe, prenait 4,72% à 230,50 euros le mégawattheure (MWh) vers 09H35 GMT (11H35 à Paris). Historiquement, le prix du gaz n'a été plus élevé que lors de deux séances, début mars, quand les sanctions économiques contre la Russie après son invasion de l'Ukraine ont bouleversé le marché.

Et cette tendance à la hausse ne semble pas prête de s'arrêter alors que les inquiétudes sur l'approvisionnement énergétique s'intensifient en Europe. En Allemagne notamment, encore dépendante à plus de 30% de la Russie pour ses livraisons de gaz contre 50% avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, les factures vont augmenter. Même si le gouvernement a promis lundi d'amortir le choc pour les plus modestes, à partir du 1er octobre, les importateurs pourront prélever 2,4 centimes de plus par kilowattheure (KWh) de gaz auprès des entreprises et des particuliers. « Les gouvernements espèrent que de telles mesures suffiront à réduire la demande, et permettront à tout le continent de passer l'hiver », commentent les analystes de Deutsche Bank.

D'autant que l'Allemagne est confrontée à une sécheresse qui fait baisser le niveau du Rhin sous son niveau nécessaire au transport fluvial. « Le niveau du Rhin est assez bas pour que les centrales à charbon, qui dépendent des barges pour leur amener le matériau de base, peinent à faire venir le carburant jusqu'à elles », commentent les analystes de UniCredit.

(avec agences)