Pétrole : la hausse de l'offre mondiale favorise le reflux des prix du baril

La baisse de plus de 30 dollars du prix du baril depuis mars traduit une hausse de l'offre qui devrait augmenter de 1 million de barils par jour d'ici la fin de l'année. Une tendance favorisée notamment par le maintien d'un certain niveau des exportations russes, qui semblent peu affectées par les sanctions occidentales, et le risque de récession, notamment en Europe.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

Depuis leur pic de juin, les prix du baril de pétrole brut ont perdu quelque 30 dollars, note l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport mensuel publié ce jeudi. La raison principale en est une augmentation de l'offre. Pour le seul mois de juillet, elle a augmenté de 1,4 million de barils par jour (mb/j), pour atteindre en moyenne 100,5 mb/j, soit son plus haut niveau depuis janvier 2020, avant le début de la pandémie.

Pourtant la demande reste soutenue. L'agence a révisé à la hausse son estimation pour 2022, de 380.000 barils par jour, pour la porter à 99,7 mb/j. Elle bénéficie de nouveaux besoins créés notamment par l'utilisation du pétrole plutôt que du gaz naturel, qui culmine toujours à niveaux record, comme carburant dans l'industrie ou encore pour produire de l'électricité. « Avec plusieurs régions faisant l'expérience de vagues de chaleur brûlantes, les dernières données confirment une augmentation de l'utilisation de pétrole pour produire de l'électricité, en particulier en Europe et au Moyen-Orient, mais aussi à travers l'Asie », précise l'AIE. Ce changement de combustible « a aussi lieu dans l'industrie européenne, y compris les raffineries », notent les auteurs du rapport.

Cette demande moyenne masque toutefois « des faiblesses relatives dans d'autres secteurs » et un ralentissement de sa croissance, qui passera de 5,1 mb/j au début de l'année à moins de 100.000 barils par jour d'ici le dernier trimestre de 2022, pointe l'agence.

Fin des opérations de maintenance

De son côté, l'offre mondiale a bénéficié de la fin de certaines opérations de maintenance dans la mer du Nord, au Canada et au Kazakhstan. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés (Opep+), n'a augmenté que marginalement sa production. Quant à la Russie, l'un des pays leaders de l'Opep, elle n'a pas vu ses exportations s'effondrer après son invasion de l'Ukraine. Dans son précédent rapport, l'AIE anticipait, en effet, une chute de 2 mbj. Aujourd'hui, elle constate qu'« en raison de l'impact limité à ce jour des sanctions américaines et européennes », les exportations russes ne sont tombées qu'à 7,4 mb/j en juillet, alors qu'elles étaient de 8 mb/j au début de l'année.

En réalité, l'offre pétrolière russe n'a fait que changer de destination. En juin, indique l'AIE, « les exportations de pétrole brut vers la Chine, qui s'élevaient à 2,1 mb/j, ont dépassé pour la première fois les volumes envoyés aux pays de l'UE, à 1,8 mb/j »Le mouvement devrait s'amplifier dans les prochains mois, au fur et à mesure de l'application strict de l'embargo européen sur le brut russe.

Conséquence, la Russie est devenue « la principale source d'approvisionnement en pétrole brut de la Chine en mai et juin », indique l'agence. Ainsi, la République populaire représentait 35 % des exportations de pétrole brut de la Russie, tandis que la Russie représentait environ 20 % des importations de pétrole brut de la Chine. Par ailleurs, les exportations russes vers l'Inde ont atteint un nouveau niveau record en s'inscrivant 975.000 b/j en juillet, selon les données de l'AIE.

Hausse des stocks commerciaux de l'OCDE

A ce stade, l'AIE anticipe même que « l'offre pétrolière mondiale doit encore augmenter de 1 mb/j d'ici la fin de l'année ». Un phénomène qui se manifeste sous la forme d'une hausse des stocks commerciaux des entreprises dans les pays de l'OCDE. Par ailleurs, l'agence montre dans son rapport une étroite corrélation entre le niveau de ces stocks commerciaux et le prix du Brent : lorsque les stocks montent, le prix du Brent baisse (voir graphique).

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Stocks/brent

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L'AIE valide ainsi le bien-fondé de la décision des Etats-Unis et de l'ensemble des pays de l'OCDE de puiser dans leurs stocks stratégiques (240 millions de barils dont 180 millions pour les seuls Etats-Unis) pour alimenter régulièrement le marché ces derniers mois. Elle a permis de faire baisser les cours qui avaient frôlé les 130 dollars le baril en mars, après l'invasion russe de l'Ukraine. Ce jeudi, le prix du baril de Brent évoluait autour de 98 dollars tandis que celui du WTI oscillait autour de 92,5 dollars.

Mais ce reflux des prix et cette hausse des stocks commerciaux anticipent le risque de récession notamment en Europe. Dans son dernier rapport sur les perspectives de l'économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) avait révisé à la baisse ses prévisions de croissance à 3,2% (- 0,4 point) en 2022 et à 2,9% (-0,7 point) en 2023. Une récession qui risque en particulier de toucher l'Europe, qui affronte une crise énergétique qui pèse sur l'économie européenne. Dans son rapport, l'AIE rappelle d'ailleurs que l'indice de confiance des consommateurs de la zone euro a atteint en juillet un record historique de faiblesse.

Robert Jules
Commentaires 10
à écrit le 12/08/2022 à 14:11
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Les émirs peu recommandables ont été reçus, on a juste changé de mafia pour résoudre le problème actuel.

à écrit le 12/08/2022 à 10:45
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Je vous donne un scoop, il va descendre jusqu'à 70$ le baril, ce sera la dernière fois que nous le verrons à ce prix.

à écrit le 12/08/2022 à 9:52
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au moins on sait que brehat est un collaborateur atlantiste pur jus, suppo americain zélé et , cela ne fait plus aucun doute. Ave Biden, ave bush, ave clinton !

le 12/08/2022 à 11:50
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@exnewyorker Vous préférez évidemment des des gens comme Nixon , Reagan, Trump et vous devez au fond penser que Poutine est un type bien et que les Ukrainiens n'ont que ce qu'ils méritent. Je suppose que votre livre de chevet est la Bible😇 et tout...

à écrit le 12/08/2022 à 9:47
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au moins on sait que brehat est un collaborateur atlantiste, suppo americain zélé et soumis, cela ne fait plus aucun doute. Ave Bien !

à écrit le 12/08/2022 à 0:59
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Je suis un démocrate francais et je suis contre l'intervention Russe en Ukraine mais j'etais aussi contre la guerre civile entre Ukrainien dans le Dombass. en huit ans 15000 morts majoritairement des civils Ukrainiens Pro Russe. Alors que les Franc...

à écrit le 11/08/2022 à 23:24
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Encore un commentaire constructif

à écrit le 11/08/2022 à 20:15
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C'est courageux de reconnaître enfin que les sanctions occidentales freinent peu les exportations russes de pétrole. Prochaine étape : reconnaître que nos sanctions nous briment nous-mêmes. On attend Noël ?

le 11/08/2022 à 22:53
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Et alors faut laisser faire le pillage de la Russie en Ukraine? J ai honte pour vous .. êtes vous un démocrate ? Un français? J en doute …

le 12/08/2022 à 11:58
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@Britannicus Sanctions efficaces ou pas, la Russie de Poutine est l'agresseur. Ce qui se passait dans le Dombass entre les pro Russes et l'Ukraine aurait dû rester entre ...pro Russes et Ukrainiens. Les pro Russes sont des terroristes sur le sol d...

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