Népal : comment reconstruire l'un des pays les plus pauvres d'Asie ?

Par Juliette Boulay  |   |  557  mots
Deux Français sont morts dans le tremblement de terre népalais le plus meurtrier depuis quatre-vingt ans. 560 Français manqueraient encore à l'appel, selon le ministre des Affaires étrangères.
C'est avec un PIB inférieur à 20 milliards d'euros que le gouvernement népalais va devoir reconstruire son pays, après un séisme qui a touché plus de 8 millions de personnes, selon l'ONU, et ravagé le peu d'infrastructures dont disposait le pays.

Plus de 5.000 morts et 10.000 blessés, selon le dernier bilan officiel, des villages sous les décombres dans une région himalayenne très difficile d'accès, des hôpitaux débordés, un aéroport international déjà surchargé... Le tremblement de terre qui a ravagé le Népal le 25 avril représente un défi majeur pour ce pays de 27,8 millions d'habitants dont un quart vivaient déjà sous le seuil de pauvreté national en 2010. Le défi à relever commence par l'investissement dans les infrastructures, car c'est peut-être ce qui fait le plus défaut à une économie népalaise qui ne peut compter ni sur l'exploitation de ressources naturelles majeures, ni sur son industrie. Explications.

Économie essentiellement agricole

L'activité industrielle ne représente en effet que 16% du PIB népalais. L'économie locale est dominée par le secteur des services (49% du PIB), et surtout l'agriculture, qui concentre une grande majorité des emplois, explique Julien Marcilly, économiste en chef à la Coface.

"Officiellement, le secteur agricole contribue au PIB à hauteur de 30%. Mais ce chiffre est sans doute inférieur à la réalité et une grande partie de l'activité industrielle relève de l'agroalimentaire".

De par sa situation géographique, perché sur la chaîne himalayenne, le Népal ne dispose pas non plus de ressource naturelle majeure à exploiter, relève Julien Marcilly. "Le pays souffre de son isolement géographique", sans accès à la mer, coincé entre les deux géants asiatiques - qui sont également ses principaux partenaires commerciaux- : la Chine et l'Inde.

Rebondir en attirant l'investissement

Dans ces conditions, le pays doit miser sur ses infrastructures afin d'attirer les investisseurs étrangers, continue Julien Marcilly. Or, là aussi, il existe des lacunes.

"Avant la catastrophe, la banque de développement asiatique avait déjà calculé que, pour pouvoir attirer des investisseurs étrangers, le gouvernement devait multiplier par quatre ses dépenses dans les infrastructures d'ici à 2020", s'exclame l'économiste en chef de la Coface.

Et le séisme, qui a ravagé la capitale de Katmandou et rayé de la carte plusieurs villages aux alentours de l'épicentre, n'est pas pour arranger la situation. Selon le cabinet d'études économiques IHS, le coût de la reconstruction pourrait atteindre 4,5 milliards d'euros, soit environ 20% du PIB. Une dépense que le pays ne pourra pas supporter seul.

Croissance dynamique et finances publiques saines

Cependant, tout n'est pas perdu. "L'environnement macroéconomique du Népal est relativement sain", estime Julien Marcilly, et l'endettement de l'État demeure faible, de sorte que les prêts effectués dans le cadre de la reconstruction ne viendront pas s'ajouter à une dette publique déjà élevée. Surtout, malgré un PIB de 17,65 milliards d'euros en 2013 -dernière donnée rendue disponible par la Banque mondiale -, la croissance est dynamique. En 2013 le taux de croissance du PIB était de 3,9% selon les calculs de la Coface, et les prévisions de croissance pour 2014 et 2015 atteignent 5%.

Autre point positif, selon l'économiste de la Coface : la consommation des ménages, l'un des principaux facteurs de l'augmentation du PIB, est elle-même alimentée par les transferts d'argent en provenance de la diaspora népalaise.

"Ces transferts représentent déjà un quart du PIB. Mais, avec le séisme, ils pourraient augmenter, atténuant un peu l'impact économique de la catastrophe", conclut Julien Marcilly.

______