Nord Stream : un « groupe pro-ukrainien » derrière le sabotage selon le New York Times, Kiev dément

Par latribune.fr  |   |  713  mots
Fuite de gaz en mer Baltique suite aux explosions sur les gazoducs. (Crédits : RITZAU SCANPIX)
De nouvelles révélations du New York Times suggèrent qu'un groupe pro-ukrainien aurait procédé au sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Les médias allemands auraient même retrouvé le bateau ayant servi aux plongeurs, loué par une société appartenant à des Ukrainiens. Kiev nie avoir téléguidé l'opération.

Qui a saboté le gazoduc Nord Stream au fond de la mer Baltique ? Le mystère reste entier. La question reste toutefois centrale depuis que le New York Times l'impute à un « groupe pro-ukrainien », sans plus de précision, sur la base d'informations obtenues par le renseignement américain.

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Le 26 septembre 2022, quatre énormes explosions sous-marines entraînant des fuites de gaz massives avaient été détectées sur les gazoducs reliant la Russie à l'Allemagne, toutes dans les eaux internationales. Arrêtés au moment du sabotage, les deux gazoducs contenaient toutefois d'importantes quantités de méthane.

Deux gazoducs au cœur des tensions

Depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou, le 24 février 2022, les deux gazoducs et les exportations de gaz russe vers l'Europe sont au cœur de tensions géopolitiques, alors que Kiev exhorte l'UE à renoncer immédiatement et définitivement au gaz russe.

Les informations des services américains relayées par le quotidien avancent que des « adversaires du président russe Vladimir Poutine » sont derrière cette action, sans préciser s'il s'agit directement d'un ordre donné par le gouvernement ukrainien, de ses alliés occidentaux ou d'opposants russes à Vladimir Poutine.

Le journal estime que les informations consultées par le renseignement américain ne permettent « aucune conclusion ferme » et « laissent ouverte la possibilité que l'opération ait été lancée en secret par une force tierce ayant des liens au sein du gouvernement ukrainien ou ses services de sécurité ».

Kiev rejette toute implication

Kiev a nié toute implication. « Bien que j'aime collecter d'amusantes théories du complot sur le gouvernement ukrainien, je dois dire que l'Ukraine n'a rien à voir avec l'accident de la mer Baltique et n'a aucune information sur des groupes de sabotage pro-ukrainiens », a déclaré sur Twitter Mykhailo Podolyak, conseiller du président Volodymyr Zelensky. Des responsables américains prétendent qu'il n'y a aucune indication que le président ukrainien ait été impliqué dans ce sabotage.

Dans les jours suivants les explosions, les pays occidentaux avaient accusé la Russie d'être responsable de ces explosions, ajoutant à la colère visant Moscou après le déclenchement de son offensive en Ukraine. La Russie avait en réponse accusé les « Anglo-Saxons » d'être derrière ce sabotage. Ce mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réagi aux révélations du New York Times, jugeant « que les auteurs de l'attaque veulent détourner l'attention. Il est clair qu'il s'agit d'un coup médiatique coordonné » avant de réclamer une « enquête transparente urgente » sur ce crime monstrueux.

Il a une nouvelle fois insisté pour que la Russie soit intégrée à l'enquête internationale. « Nous ne sommes toujours pas autorisés à participer à l'enquête. Il y a quelques jours à peine, nous avons reçu des notes à ce sujet de la part des Danois et des Suédois », a ajouté Dmitri Peskov.

Le bateau du sabotage aurait été loué par une société basée en Pologne

Dans le même temps, les médias allemands ont avancé mardi que l'enquête criminelle avait permis d'identifier le bateau loué pour le sabotage par une société basée en Pologne « appartenant apparemment à deux Ukrainiens », selon l'hebdomadaire die Zeit, ainsi que les chaînes publiques ARD et SWR.

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Une équipe de six personnes, composée de cinq hommes et d'une femme, dont des plongeurs, auraient navigué sur ce bateau pour transporter et placer les explosifs sur le site, d'après ces mêmes médias qui admettent que « la nationalité des auteurs n'est pas claire ».

« Une enquête préliminaire est en cours en Suède, je n'ai donc pas l'intention de commenter ces informations », a rétorqué le Premier ministre suédois Ulf Kristersson à la presse mardi. Dans un autre article récent, le journaliste américain d'investigation Seymour Hersh a expliqué que des plongeurs de la marine américaine, aidés par la Norvège, avaient posé en juin des explosifs sur ces gazoducs pour déclencher leur explosion trois mois plus tard.

(Avec AFP)