Pour entrer aux États-Unis, on vous demandera désormais votre pseudo Facebook

Par Hugo Baudino  |   |  458  mots
Pour entrer aux Etats-Unis comme simple touriste, il vous faut maintenant donner un peu plus que votre empreinte.
Dans le premier épisode de la dernière saison de la série "Black Mirror", l'héroïne se voit refuser l'accès à un vol parce que sa "note" sur les réseaux sociaux n'est pas assez élevée... Si on est encore loin de ce futur cauchemardesque, une mesure prise par les autorités américaines pourrait bien nous en rapprocher.

C'est le moment où vous allez regretter d'avoir utilisé un jeu de mots douteux en tant que pseudo sur Facebook... Les autorités américaines ont ajouté le 20 décembre une ligne surprenante au formulaire ESTA rempli par chaque touriste étranger ne disposant pas de visa avant son arrivée sur le sol américain : la possibilité de communiquer ses identifiants sur certains réseaux sociaux.

Ainsi, l'arrivant peut renseigner son pseudo Facebook, Twitter, YouTube, Instagram ou encore Google+. Même le regretté réseau social de vidéo courte Vine y est présent. Si cette fonction, repérée par le site américain Politico, peut paraître anodine (surtout que cette fonction est pour l'instant facultative), elle pose de réels problèmes en matière de respect de la vie privée.

Le formulaire ESTA, pour Electronic System for Travel Authorization, doit être rempli par les touristes n'ayant pas besoin de visa, soit ceux qui viennent pour un séjour de moins de 90 jours aux États-Unis. Pour ne passer que par ce système, il faut provenir d'un des 38 pays faisant partie du programme d'exemption de visa (Visa Waiver Program), dont la France fait partie.

L'ombre du scandale de la NSA plane encore

L'idée d'intégrer les réseaux sociaux des arrivants ne date pas de la semaine dernière. Elle avait déjà été évoquée au cours de l'été dans le cadre de la refonte globale de ce fameux questionnaire. L'idée d'une telle mesure est de détecter plus facilement les individus potentiellement dangereux, comme ceux ayant un lien avec un groupe terroriste, par exemple. En effet, les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés comme un outil de propagande et de recrutement par des groupes terroristes comme Daech.

La puissante Internet Association, qui représente les géants du secteur comme Google, Facebook ou Twitter, avait rejoint le camp des opposants à cette mesure dès le moment où elle a été évoquée. Lier les comptes de réseaux sociaux au formulaire pose d'évidentes questions de respect de la vie privée. Si le champ n'est pas marqué comme un "champ obligatoire", il est à parier que bon nombre d'utilisateurs décideront de le remplir de leur plein gré, afin d'éviter des complications et un interrogatoire poussé une fois sur place.

Et le flou demeure total quant à la réelle utilisation que comptent faire les services américains de ces informations. Depuis le scandale des écoutes de la NSA révélées par Edouard Snowden, on sait que l'administration américaine peut poser ses yeux et ses oreilles sur à peu près toute forme de communication...

Pas de quoi rassurer les méfiants.