Royaume-Uni : pour la première fois depuis 1961, la dette publique dépasse 100% du PIB

Par latribune.fr  |   |  639  mots
L'emprunt public au Royaume-Uni a atteint 20 milliards de livres en mai, presque le double de ce qu'il était un an plus tôt. (Crédits : TOM NICHOLSON)
La dette du secteur public au Royaume-Uni a dépassé 100% du produit intérieur brut (PIB) en mai, à 2.567,2 milliards de livres. Une situation inédite depuis plus de 60 ans. L'Office national des statistiques (ONS) prévient toutefois qu’il s’agit d’une estimation provisoire. Le pays est par ailleurs loin d’être le seul avec une dette aussi élevée. En Europe, celles de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal et de la France atteignent des niveaux supérieurs.

L'économie britannique n'est toujours pas au beau fixe. La dette nette du secteur public « était de 2.567,2 milliards de livres et provisoirement estimée à 100,1% du PIB » à fin mai, a annoncé l'Office national des statistiques (ONS) dans son rapport mensuel publié ce mercredi 21 juin. La dernière fois que le ratio de la dette sur le PIB a dépassé 100% remonte à mars 1961.

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Pour autant, ce chiffre « doit être considéré comme très provisoire et susceptible d'être révisé dans de futures publications », avertit l'ONS.

L'institut statistique rappelle que « pendant la pandémie de coronavirus, de premières estimations provisoires avaient indiqué initialement » que ce ratio avait dépassé 100%, « avant d'être révisées à la baisse » lorsque de nouvelles données avaient fait état d'un PIB plus solide qu'initialement estimé. L'emprunt public au Royaume-Uni a atteint 20 milliards de livres en mai, presque le double de ce qu'il était un an plus tôt. Il est plombé par de coûteuses aides à l'énergie et des augmentations des allocations et des dépenses de personnel, a relevé l'ONS.

Une crise du coût de la vie qui persiste

Le gouvernement britannique aide les ménages face à l'envolée des factures d'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine, qui contribue à alimenter une inflation. La flambée des prix à la consommation s'accroche au Royaume-Uni plus qu'ailleurs. Elle cause une sévère crise du coût de la vie dans le pays. La hausse générale des prix n'a d'ailleurs pas reflué en mai comme attendu par les analystes. Elle s'est maintenue à 8,7% sur un an, comme l'a aussi annoncé l'ONS ce mercredi. Elle est ainsi toujours la plus élevée des pays du G7. Ce chiffre rend une hausse des taux directeurs de la Banque d'Angleterre quasi certaine lors de sa réunion prévue pour ce jeudi.

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Malgré ce contexte morose, le Royaume-Uni devrait être épargné par la récession cette année, d'après le Fonds monétaire international, après y avoir déjà échappé en 2022. L'institution s'attend à un PIB britannique en hausse de 0,4% pour l'ensemble de 2023, alors qu'il prévoyait dans ses projections publiées en avril une baisse de 0,3%.

De nombreux pays endettés, en Europe et dans le monde

Le Royaume-Uni ne fait toutefois pas partie des pays les plus endettés. La dette publique culmine en effet à près de 150% du PIB en Italie et quelque 123% au Portugal, 113% en Espagne, 110% en France. Seule l'Allemagne s'en sort mieux avec une dette de 66,4% du PIB. Dans tous les cas, c'est au-dessus de l'objectif fixé par Bruxelles dans son Pacte de stabilité et de croissance européen, établi à 60% du PIB. Mis en pause en raison de la pandémie de Covid-19, cette règle, et d'autres, doit être réactivée fin 2023.

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Du côté des pays en développement ou émergents, les dettes sont encore bien plus élevées qu'en Europe. Parmi ceux affichant la plus importante en 2021 par rapport à leur PIB, se trouvent le Venezuela (240,5%), le Soudan (181,9%), l'Erythrée (176,2%), le Liban (150,6%), le Cap Vert (142,3%), le Suriname (125,7%) ou encore les Maldives (124,8%), selon les chiffres du Fonds Monétaire International (FMI) cités dans un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publié en février. Ce dernier précise que 52 pays (parmi lesquels l'Ethiopie, le Ghana, le Pakistan, le Sri Lanka, la Tunisie ou la Zambie) sont surendettés, voire risquent le défaut de paiement. Et presque la moitié d'entre eux dépensent 20% de leur budget pour rembourser les intérêts de leur dette.

(Avec AFP)