Royaume-Uni : un rapport alerte sur l'état « sérieusement inquiétant » du système de santé

Par latribune.fr  |   |  611  mots
Le NHS traverse désormais crise profonde, miné par des décennies de politiques d'austérité et plus récemment les conséquences de la pandémie. (Crédits : Reuters/Phil Noble)
« Les dirigeants et les décideurs politiques devraient s'inquiéter sérieusement » et de son retard sur les autres pays occidentaux, alerte le cercle de réflexion King's Fund. Après des décennies d'austérité et une pandémie dévastatrice, ses maigres capacités sont dépassées par les besoins de soins.

Plongé dans une crise économique et sociale brutale, le Royaume-Uni n'avait pas besoin de ça. Un rapport publié ce lundi matin par le cercle de réflexion King's Fund juge que les dirigeants britanniques devraient « sérieusement s'inquiéter » de l'état actuel du système de santé du Royaume-Uni. Le rapport compare le NHS (National Health Service) au système de soins de 19 autres pays autres, notamment sur la mortalité élevée pour des maladies curables.

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« Les dirigeants et les décideurs politiques devraient s'inquiéter sérieusement du fait que le système de santé britannique continue d'être à la traîne par rapport à tant de ses pairs en ce qui concerne les soins de santé », alerte ainsi le rapport publié par le think tank King's Fund.

Le NHS « est moins performant que beaucoup de ses pairs sur plusieurs mesures, y compris l'espérance de vie et les décès qui auraient pu être évités grâce à des soins de santé efficaces, en temps voulu (...) et des services de prévention ».

Le NHS à la traîne

Le classement de Londres sur les différents critères est effectivement très bas. Le pays arrive à l'avant-dernière place en termes de mortalité pour des maladies qualifiées de curables (comme les cancers du sein ou colorectaux). Seuls les Etats-Unis font pire. L'Australie, le Japon et la France font mieux.

Le Royaume-Uni se trouve également en bas du tableau concernant les maladies qualifiées d'évitables, comme le cancer du poumon. Là aussi, les Etats-Unis finissent derniers. Le Japon et l'Italie arrivent en tête. Pour les accidents vasculaires cérébraux (AVC), le Royaume-Uni affiche le taux de mortalité le plus élevé à 30 jours après admission à l'hôpital. Les Pays-Bas et le Canada figurent eux en tête du classement.

Pénurie de médecins

Par ailleurs, le Royaume-Uni a un « nombre étonnamment bas d'infirmières et de médecins par personne par rapport à ses pairs », pointe l'étude. Le pays est également à la traîne en termes d'équipement. Il est le dernier du classement pour le nombre de scanners et d'IRM, avec 16,1 pour un million d'habitants, contre 166,7 au Japon.

Le Royaume-Uni ne possède également qu'un nombre relativement faible de lits d'hôpitaux par rapport à la moyenne des 19 pays, avec 2,5 lits pour 1.000 habitants, contre 3,2 en moyenne. Le rapport est publié à l'occasion d'une visite du Premier ministre conservateur Rishi Sunak dans des établissements de santé du centre de l'Angleterre. A cette occasion, il doit annoncer un nouveau dispositif afin de faciliter l'accès au dépistage du cancer du poumon.

Crise sociale

Le NHS, le système public de santé britannique, a été fondé à la sortie de la Seconde Guerre mondiale comme le pilier du système de protection sociale britannique (welfare state) censé rebâtir un pays exsangue malgré sa victoire. Le NHS traverse désormais crise profonde, miné par des décennies de politiques d'austérité et plus récemment les conséquences de la pandémie. Les Britanniques se heurtent à de longues listes d'attente pour accéder aux soins.

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La flambée actuelle du coût de la vie met un peu plus sous pression les employés du système de santé. Alors que l'inflation est restée au-dessus de 10% jusqu'à avril, et que les prix alimentaires sont en hausse en mai de 18,4% sur un an, infirmiers, ambulanciers et médecins ont organisé des graves inédites, réclamant des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail.

(Avec AFP)