Russie : la hausse des taux impuissante face à l’inflation, les prix continuent de s’envoler

Par latribune.fr  |   |  729  mots
Fin septembre, Vladimir Poutine a directement pointé du doigt les grands groupes pétroliers nationaux qu'il accuse de faire monter les prix. (Crédits : SPUTNIK)
L'inflation en Russie a continué de progresser en octobre, à 6,69% ​​sur un an contre 6% un mois plus tôt. Une hausse des prix qui ronge le portefeuille des ménages russes et a poussé la Banque centrale russe et même Vladimir Poutine à intervenir.

La hausse des taux reste impuissante en Russie pour baisser l'inflation. En octobre, la hausse des prix s'est encore envolée pour s'établir à 6,69% ​​sur un an, contre 6% un mois plus tôt. Pis, selon la banque centrale russe, elle pourrait finir cette année entre 7,0 et 7,5 %, bien au-dessus de son objectif de 4 %.

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Sur une base mensuelle, l'indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,83% en octobre après une hausse de 0,87% en septembre. Il s'agit de la deuxième augmentation mensuelle la plus rapide en 18 mois.

Les ménages russes inquiets de l'inflation

La gouverneure de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, a déclaré cette semaine que la pression inflationniste avait atteint un sommet au troisième trimestre, mais qu'elle ne commencerait à diminuer qu'au printemps prochain.

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En attendant, les ménages russes citent régulièrement l'inflation comme une préoccupation majeure, nombre d'entre eux n'ayant aucune épargne après une décennie de crise économique, tandis que la hausse des prix a fait baisser le niveau de vie dans tout le pays.

Pour autant, le Kremlin se veut rassurant. « Il n'y a pas d'explosion sociale. Rien », avait déclaré en fin de semaine dernière le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, répondant à une question de l'AFP, dont il a jugé les termes « disproportionnés ». Vladimir Poutine continue, lui, d'affirmer que les multiples sanctions qui frappent la Russie depuis son assaut contre l'Ukraine ont échoué à mettre à mal durablement l'économie russe.

La Banque centrale et le gouvernement tentent tout pour juguler la hausse des prix

Face à la hausse des prix, la banque centrale russe a décidé de relever les taux d'intérêt à 15% en octobre. Mais les effet de ce resserrement monétaire ne se fait pas encore ressentir. Quelques jours après cette dernière hausse, entre le 31 octobre et le 7 novembre, les prix à la consommation ont bondi de 0,42%, selon des données distinctes de Rosstat.

Au total, la banque centrale de Russie a augmenté ses taux de 750 points de base depuis juillet, y compris une hausse d'urgence imprévue en août, sous la pression de la faiblesse du rouble, du resserrement du marché du travail et de la forte demande des consommateurs.

Pour aller plus vite, le gouvernement a aussi tenté d'agir sur les prix de l'énergie, composante principale de la flambée des prix étant donné que le rouble a perdu 36% de sa valeur, par rapport à l'euro depuis novembre 2022. Ainsi, fin septembre, Vladimir Poutine a directement pointé du doigt les grands groupes pétroliers nationaux. « Les prix augmentent, les entreprises veulent maximiser leurs profits en exportant. Tout est clair. Je vous demande de réagir plus rapidement aux évènements qui se déroulent », a-t-il réclamé à son gouvernement.

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La guerre pousse la Russie a augmenter son budget militaire de 70%

Si les citoyens russes voient leur situation économique se dégrader, il en est de même pour l'Etat. Les députés de la Douma, la chambre basse du Parlement, ont approuvé ce jeudi 26 octobre le projet de loi du budget 2024-2026. Il prévoit notamment une envolée de près de 70% des dépenses militaires l'an prochain, le Kremlin réorientant toute sa politique vers l'effort de guerre.

Le conflit en Ukraine pèse fortement sur le budget, notamment en raison de l'explosion des commandes des militaires aux usines d'armements, du coût de la logistique et des salaires des centaines de milliers de nouvelles recrues dans l'armée. Selon le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, l'armée russe distribue quotidiennement « 10.000, parfois jusqu'à 15.000 tonnes de matériel (...) des munitions, du carburant », mais aussi de la nourriture, de l'eau et du linge pour les soldats.

Selon un document du ministère des Finances consulté fin septembre par l'AFP, les dépenses de Défense vont ainsi augmenter de 68% en 2024 par rapport à 2023 et atteindre 10.800 milliards de roubles (environ 106 milliards d'euros). Au global, la somme allouée à la Défense va représenter environ 30% des dépenses fédérales en 2024 et 6% du PIB, une première dans l'histoire moderne de la Russie.

(Avec Reuters)