Moscou intensifie les restrictions contre les entreprises étrangères voulant quitter la Russie

La Russie a défendu ce mardi « le régime spécial » réservé aux entreprises étrangères voulant quitter le marché national en représailles à l'offensive de Moscou en Ukraine. Le gouvernement impose d'ailleurs de nouvelles restrictions concernant la vente d'actifs, étoffant encore un peu plus la liste des conditions à réunir pour pouvoir quitter le territoire.
Beaucoup d’entreprises occidentales ont choisi de stopper leur activité en Russie, même si une centaine d'entreprises des pays du G7 y poursuivent largement leurs activités.
Beaucoup d’entreprises occidentales ont choisi de stopper leur activité en Russie, même si une centaine d'entreprises des pays du G7 y poursuivent largement leurs activités. (Crédits : MAXIM SHEMETOV)

Le Kremlin sert la vis à l'encontre des entreprises étrangères continuant leurs activités en Russie. D'après le quotidien économique britannique The Financial Times, les autorités russes ont désormais interdit aux entreprises occidentales qui vendent leurs actifs en Russie de retirer le produit de la vente en dollars et en euros.

« Compte tenu de la quasi-guerre qui est menée à la Russie par l'Occident collectif, y compris la guerre économique, il y a bien sûr un régime spécial pour ces entreprises occidentales qui quittent la Russie », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Et d'ajouter : « Évidemment, il ne peut y avoir de sortie libre ».

Cette nouvelle restriction doit ainsi pousser les entreprises à réaliser les opérations en roubles, un moyen de soutenir la devise nationale en difficulté depuis plusieurs mois et plombée par les sanctions. Mais Dmitri Peskov n'a pas souhaité détailler ce nouveau mécanisme et a assuré qu'une telle mesure « n'est pas liée à la baisse du taux de change du rouble ».

De plus en plus de conditions pour pouvoir partir

Le porte-parole du Kremlin a aussi affirmé que « la Russie reste un pays ouvert » et « continue d'être intéressée » par les investissements étrangers. Mais dans les faits, la liste des obligations pour les entreprises étrangères voulant quitter la Russie s'allonge.

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Ainsi, une commission spéciale du gouvernement russe doit approuver toutes les transactions importantes impliquant des entreprises de pays qualifiés d' « inamicaux ». En outre, les groupes étrangers doivent vendre leurs actifs avec une décote d'au moins 50% par rapport au prix du marché et verser une taxe de sortie à l'État russe de 15% de la valeur estimée de l'actif concerné. Sans compter que l'approbation personnelle du président russe Vladimir Poutine est exigée pour toutes les transactions dans les secteurs stratégiques de l'énergie et de la finance.

Cet été, la multinationale française des produits laitiers Danone et la compagnie brassicole danoise Carlsberg ont fait les frais de cette politique de rétorsion. Alors que les deux géants industriels étaient en passe de vendre leurs activités russes, ils ont été pris de court par l'État russe, qui s'est octroyé unilatéralement le contrôle de leurs actifs dans le pays.

 « Rester alors que l'environnement juridique est désormais ouvertement caractérisé par l'arbitraire et la prédation d'État au détriment des intérêts étrangers est dangereux », rapportait début septembre à l'AFP Julien Vercueil, économiste spécialiste de la Russie.

Un départ non sans conséquences

Beaucoup d'entreprises occidentales ont d'ailleurs choisi de stopper leur activité en Russie. « On continue d'observer une tendance à la réduction des activités des entreprises occidentales sur le territoire russe », ajoutait Julien Vercueil, même si une centaine d'entreprises des pays du G7 poursuivent largement leurs activités en Russie, selon un décompte de l'université américaine de Yale en septembre. Rester, c'est s'exposer à « des coûts réputationnels importants », prévenait l'économiste.

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Mais il faut dire que cet arrêt n'est pas sans conséquences d'un point de vue financier. Selon une analyse du Financial Times datant de début septembre, qui a épluché les comptes annuels de 600 multinationales européennes, ces dernières ont perdu au moins 100 milliards d'euros « à la suite de la vente, de la fermeture ou de la réduction de leurs activités russes ».

Le constructeur automobile tricolore Renault a par exemple subi une perte sèche de 2,2 milliards d'euros et lâché un de ses principaux marchés lors de son départ de Russie en mai 2022. Mais ce sont les majors pétrolières qui ont le plus perdu, comme le britannique BP, l'un des premiers à se désengager pleinement de Russie dès le 27 février 2022, pour une charge estimée à plus de 22 milliards d'euros.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 01/11/2023 à 13:30
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Les sanctions contre la Russie, se sont retournées depuis le début sur les pays qui ont sanctionnés. Pourquoi les russes n'applique raient pas une forme de sanction.🤣🤣🤣🤣

à écrit le 01/11/2023 à 9:06
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On est pas prêt de retravailler avec les Russes. De toute manière, en ce moment la priorité numéro un est de compenser un potentiel arrêt des fournitures d’armes américaines, de multiplier par 4 la production d’obus de 2023, de pièces d’artillerie, d...

à écrit le 01/11/2023 à 2:35
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Quoi de plus normal ? L'occident hypocrite ne se gene guere avec la Russie. Retour a l'envoyeur, simple, efficace.

le 01/11/2023 à 9:00
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En quoi cela vous concerne? Vous êtes partis vous installer à l’étranger.

à écrit le 31/10/2023 à 20:40
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Pour éviter le risque d'entacher leur réputation, ces entreprises n'ont qu'à filialiser en cyrillique.

à écrit le 31/10/2023 à 18:25
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"Rester, c'est s'exposer à « des coûts réputationnels importants », prévenait l'économiste." Et importer c'est quoi ? La France championne d'Europe de l’importation de gaz naturel liquéfié, y compris russe

à écrit le 31/10/2023 à 17:39
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Le Kremlin sert la vis ??

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