Le FMI révise à nouveau à la hausse la croissance économique de la Russie

Par latribune.fr  |   |  749  mots
Vladimir Poutine devrait réussir à maintenir la croissance russe en 2023 grâce à des investissements publics importants (Crédits : Reuters)
Le Fonds monétaire international a réévalué à la hausse les anticipations de croissance de la Russie pour 2023 dans sa dernière publication, ce mardi. Ainsi, Moscou, qui devait jusqu’alors connaître une hausse de 0,3% de son PIB cette année, verra ce dernier augmenter de 0,7% avant de croître de 1,3% en 2024.

Malgré plus d'un an de guerre en Ukraine et le poids des sanctions internationales, l'économie russe résiste. Selon les prévisions révisées du FMI publiées ce mardi, le PIB de la Russie devrait connaître une hausse de 0,7% en 2023, contre 0,8% pour l'Union européenne et 1,6% pour les Etats-Unis.

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« La Russie a su maintenir l'élan (de 2022, NDLR) en mettant en place des mesures fiscales très forte l'année dernière que l'on attend de voir se poursuivre cette année », a expliqué le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d'une conférence de presse téléphonique.

De fait, le pays a fortement rehaussé ses dépenses publiques, terminant l'année 2022 avec un déficit de 2,2% du PIB, et ce, malgré les importantes rentrées fiscales liées à ses ventes d'hydrocarbures, dans un contexte de hausse généralisée des prix de l'énergie.

« Je pense que la Russie a utilisé l'espace budgétaire dont elle disposait afin de soutenir son économie. Mais une part importante de ses dépenses budgétaires sont en réalité des dépenses militaires », a détaillé Petya Koeva Brooks, directrice adjointe du département recherche du FMI.

Un déficit en hausse

Le déficit devrait donc encore gonfler en 2023, le FMI l'anticipant à 6,2%. C'est « très important, selon les standards russe », souligne un porte-parole du Fonds monétaire international. « Le surplus de compte courant devrait se réduire, à 3,6% du PIB, contre 10,3% en 2022, avec des conditions commerciales bien plus faibles et une baisse des volumes d'énergie », précise-t-on de même source.

Plus encore, sur le long terme, le choc de la guerre est évident, a assuré Pierre-Olivier Gourinchas: « D'ici à 2027, nous nous attendons à ce que l'économie russe soit 7% plus réduite que ce qu'elle aurait dû être sans la guerre. L'effet cumulé entre 2022 et 2024 est dont plutôt fort ».

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Pour rappel, les précédentes prévisions en octobre tablaient sur une récession de 2,3% du PIB russe cette année. Elles avaient toutefois été révisées en janvier. Le FMI anticipait alors une légère croissance, de 0,3%. Par le passé, le FMI avait déjà annoncé une forte contraction du PIB de la Russie en 2022, avec un repli de 6% l'année dernière avant de revenir sur ses évaluations.

Pour l'année 2023, la situation économique de Moscou est donc réévaluée à la hausse. En revanche, le Fonds monétaire international est plus sceptique pour l'année suivante : il parie sur une hausse de 1,3% du PIB, contre +2,3% annoncé en janvier. Moscou talonnerait alors l'Union européenne (+1,4%) et ferait même mieux que Washington (+1,1%) en 2024.

Revers pour l'UE ?

Les chiffres de croissance de la Russie pour l'année 2023 apparaissent comme une mauvaise nouvelle pour les pays occidentaux, qui ont dégainé une batterie de sanctions ces derniers mois. Depuis le 24 février dernier, l'Union européenne a imposé à la Russie dix séries de sanctions. Les mesures ont notamment touché les principales exportations de pétrole de la Russie, coupé ses banques du système de paiement mondial Swift et ciblé personnellement le président Vladimir Poutine ainsi que son entourage.

Lors du dernier paquet de sanctions imposé par l'UE à Moscou en février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué que les mesures viseront aussi, « pour la première fois », des opérateurs iraniens, « y compris ceux liés aux gardiens de la Révolution » - organisation paramilitaire de la République islamique d'Iran dépendant directement du chef de l'État iranien.

Devant le Parlement européen à Strasbourg, von der Leyen a expliqué ces mesures :« Nous proposons (...) des restrictions sur des dizaines de composants électroniques utilisés dans les systèmes d'armement russes, tels que les drones, les missiles, les hélicoptères. » Et de préciser, pour justifier l'inclusion des opérateurs iraniens dans les sanctions : « Mais il y a aussi des centaines de drones fabriqués en Iran que la Russie utilise sur les champs de bataille en Ukraine. Ces drones iraniens tuent des civils ukrainiens. »

Ces mesures portant sur 11 milliards d'euros d'échanges ont tout de même révélé des divergences au sein des Vingt-Sept. La Pologne a décidé de bloquer pendant deux jours ce nouvel accord, le jugeant trop mou.

(Avec AFP)