Les sanctions occidentales contre la Russie ont bel et bien impacté le pays. Selon le vice-Premier ministre russe en charge de l'Energie, Alexandre Novak, les exportations de gaz russe « ont diminué de 25,1% » en 2022 pour une production totale « de 673,8 milliards de m3 ».
L'effondrement des exportations de gaz est dû « au refus des pays européens d'acheter du gaz russe, ainsi qu'au sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 », a-t-il indiqué dans un article publié sur le site russe spécialisé « Politique Energétique ». Le vice-Premier ministre fait référence à l'acte de sabotage qui a touché les deux installations fin septembre, provoquant trois grandes fuites de gaz au large de l'île danoise de Bornholm, entre le sud de la Suède et la Pologne. Un événement à la suite duquel les services de sécurité russes (FSB) ont ouvert une enquête pour « acte de terrorisme international ».
Autre cause de la baisse des exportations russes dénoncée par le vice-Premier ministre : l'Union européenne, autrefois premier client du gaz russe, a drastiquement réduit ses importations au cours de l'année 2022. En 2021, environ 45% des importations du gaz naturel provenaient de Russie, c'est-à-dire 155 milliards de m3 sur les 400 milliards de mètres cubes de gaz consommés par les Vingt-Sept. En 2022, ces derniers sont parvenus à réduire ces importations de 55%, avec pour objectif de limiter les revenus de Moscou destinés à financer son offensive militaire.
La Russie compense avec la région Asie-Pacifique
Si elle a perdu son client européen, la Russie s'est, en parallèle, rapprochée des autres. Le vice-Premier ministre russe s'est ainsi réjoui « de voir le potentiel de croissance de l'approvisionnement en gaz de la région Asie-Pacifique », avec la Chine en tête, vers qui les livraisons de gaz via le gazoduc « Force de Sibérie » dans l'Extrême-Orient russe « ont augmenté de 48% et ont atteint un maximum historique de 15,4 milliards de m3 » en 2022. En effet, les Européens ont quasiment arrêté d'importer du gaz russe par gazoduc, mais ils continuent d'acheter en moindre quantité du gaz naturel liquéfié (GNL), issu des nombreuses réserves russes et transporté par voie maritime sur des méthaniers. Ses exportations dans le monde entier « ont augmenté de 7,9% l'an dernier », à 45,7 milliards de m3, a relevé Alexandre Novak, ce lundi.
Des recettes grâce au pétrole, malgré les embargos
Du côté de l'or noir, la Russie est, là aussi, parvenue à générer du profit. Et ce, malgré les sanctions occidentales. Après avoir adopté un embargo sur le pétrole brut en décembre et un plafonnement de son prix, l'Union européenne ainsi que le G7 et l'Australie ont adopté ces deux mêmes mesures qui s'appliquent, cette fois, aux produits pétroliers raffinés venus de Russie. Pourtant, le pays a augmenté de 7,6% ses exportations de pétrole en 2022, à 242 millions de tonnes. Pays particulièrement consommateurs en énergie, l'Inde et la Chine ont, en effet, largement augmenté leur demande de pétrole brut russe l'an passé -- bénéficiant de rabais importants et de la réorientation de la stratégie russe vers l'Asie --, tout comme la Turquie par exemple. « Cette année, il est prévu de livrer plus de 80% des exportations de pétrole et 75% des produits pétroliers vers des "pays amicaux" », a indiqué lundi Alexandre Novak.
Mais le second embargo, sur les produits raffinés, pourrait impacter plus fortement Moscou. Car la Chine, l'Inde et la Turquie disposent déjà d'importantes capacités de raffinage et devraient donc être moins intéressées par des produits déjà raffinés par la Russie, et donc, cette fois, ne pas se substituer aux clients européens. Seules solutions pour la Russie : consentir une décote très importante pour certains clients en Asie ou réduire l'activité de ses capacités de raffinage, ce qui la conduira à une nouvelle perte importante de revenus.
D'autres sanctions à venir
D'autant que, d'autres sanctions devraient voir le jour. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé, jeudi dernier depuis Kiev, que l'UE en prévoyait de nouvelles, à l'occasion de l'anniversaire de l'invasion de l'Ukraine. « D'ici au 24 février, exactement un an après le début de l'invasion, nous visons à mettre en place le dixième paquet de sanctions », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
« Aujourd'hui, la Russie paie un lourd tribut car nos sanctions érodent son économie, la faisant reculer d'une génération », s'est-elle félicitée.
(avec AFP)
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