S&P dégrade la note de l’Ukraine en raison de la guerre avec la Russie

Par latribune.fr  |   |  429  mots
L'usine métallurgique Azovstal de Marioupol a été largement détruite pendant le conflit. (Crédits : Reuters)
L’agence de notation financière a abaissé la note souveraine de l’Ukraine à « CCC+/C ». Elle pourrait de nouveau la dégrader « si la position de liquidité du gouvernement devait se détériorer ».

La guerre avec la Russie continue de peser sur l'économie ukrainienne. Ce vendredi, l'agence de notation financière S&P a annoncé une dégradation de sa note sur la dette du pays libellée en devises étrangères. Concrètement, celle-ci passe à « CCC+/C ». S&P justifie cette baisse par « des retombées plus importantes de l'attaque militaire russe ». Cette note est, en particulier, assortie d'une « perspective négative ». S&P s'attend, en effet, « à ce que le conflit militaire russo-ukrainien se prolonge », indique-t-elle dans un communiqué. En parallèle, l'agence a toutefois confirmé ses notations B-/B « en devise locale » : elle juge que « la dette publique ukrainienne libellée en hryvnia est moins vulnérable au défaut de paiement ».

Aux yeux de S&P, les perspectives négatives reflètent les risques pour l'économie ukrainienne, le conflit compromettant la stabilité financière et « la capacité du gouvernement à honorer ses obligations de dette »« Nous pourrions abaisser les notations au cours des 12 prochains mois si la position de liquidité du gouvernement devait se détériorer », ou si « les actions militaires russes affaiblissent considérablement la capacité administrative du gouvernement », prévient-elle. A contrario, S&P pourrait revoir la perspective à stable en cas d'amélioration de l'environnement sécuritaire de l'Ukraine, et d'une meilleure visibilité sur ses perspectives macroéconomiques à moyen terme.

Vers un effondrement du PIB de l'Ukraine

Mais pour l'heure, l'agence anticipe une « période prolongée d'instabilité macroéconomique » dans le pays. Elle évoque « les dommages importants causés par la guerre à l'économie ukrainienne, et à sa capacité à générer des impôts », lesquels « ont rendu le paiement de la dette publique plus dépendant du flux régulier de soutien financier international ». S&P relève notamment qu'« environ un quart de la capacité de production du pays et la plupart de ses ports maritimes sont désormais situés dans des zones occupées ou bloquées par l'armée russe ». Si le conflit devait se poursuivre au second semestre 2022, le PIB de l'Ukraine pourrait ainsi se contracter de 40% avance l'agence.

Cette perspective s'avère plus sombre que celle envisagée il y a deux semaines par la Banque européenne de développement (BERD). Pour cette année, celle-ci tablait sur une contraction brutale de l'économie ukrainienne à -30%. Au mois d'avril, la Banque mondiale évoquait un scénario encore plus sombre : d'après ses spécialistes, l'économie ukrainienne va se contracter, pour cette même année, de plus de 45%.

(avec AFP)