Pour la BERD, le PIB de l'Ukraine va plonger non pas de 20% mais de 30% en 2022 mais pourrait remonter de 25% en 2023

La Banque européenne de développement (BERD) table désormais sur une contraction brutale de l'économie ukrainienne en 2022 à -30%, au lieu de -20% attendus dans ses prévisions de mars, au début de l'offensive menée par Moscou. Mais en 2023, si le pays peut amorcer sa reconstruction, elle s'attend à une progression spectaculaire de 25% du produit intérieur brut du pays. Pour l'heure, l'économie russe est aussi durement touchée par le conflit.
Minée par la corruption, l'Ukraine est encore loin d'être un modèle d'efficacité sur le plan économique.
Minée par la corruption, l'Ukraine est encore loin d'être un modèle d'efficacité sur le plan économique. (Crédits : Valentyn Ogirenko)

Déjà fragilisée par le conflit en Crimée en 2014, l'économie ukrainienne va s'effondrer cette année sous le poids de l'attaque russe menée sur son territoire depuis le 24 février. Après avoir rebondi de 5,9% en 2021, porté notamment par les exportations de ses produits agricoles, le PIB ukrainien devrait atteindre -30% en 2022, au lieu de 20% attendus en mars, au tout début de l'offensive russe, selon les dernières prévisions de la Banque européenne de développement (BERD). Cette aggravation du pronostic corrobore le scénario encore plus catastrophiste de la Banque mondiale qui prévoit, elle, un effondrement de -45% du PIB.

Cette révision à la baisse pour ce pays de 42 millions d'habitants s'explique principalement "à cause de la guerre qui dure", précise la Berd, créée en 1991 pour aider les pays de l'ex-bloc soviétique à passer à une économie de marché (elle a depuis étendu son périmètre pour inclure des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord). Depuis le début de cette guerre, plus de quatre millions d'Ukrainiens ont quitté le pays, fuyant vers la Pologne, la Roumanie et la Moldavie.

Pour rappel, ses prévisions, avant le début du conflit, elle tablait sur une croissance +3,5% pour l'Ukraine et +3% pour la Russie cette année. Mais le voisin belligérant sous le coup d'une armada de sanctions va lui aussi être impacté, avec une contraction de 10% de son économie.

Le ralentissement va d'ailleurs entrainer toute l'Europe, particulièrement dépendante des hydrocarbures en provenance de Russie. Le FMI s'attend à 2,8% de croissance au sein des pays de la zone euro pour 2022, un sérieux ralentissement après les 3,9% anticipés lors de ses précédentes prévisions en janvier et les 4,3% encore espérés lors de celles d'octobre.

Les aides internationales

En données brutes, l'Ukraine ne manque pas de chiffrer les pertes pour son économie. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué que son pays a besoin de 7 milliards de dollars par mois pour compenser les pertes.

Ioulia Sviridenko, ministre de l'Économie et également vice-Première ministre, a estimé à 102 milliards d'euros la baisse du PIB en 2022, soit une contraction estimée de plus de 55% de l'économie par rapport à 2021, a-t-elle annoncé lundi 28 mars. « L'Ukraine (...) exigera de l'agresseur une compensation financière que ce soit par des décisions de justice ou bien en transférant directement à l'État les avoirs russes (actuellement) gelés en Ukraine », a indiqué la ministre ukrainienne de l'Économie.

Le FMI a d'ores et déjà annoncé une aide de 500 millions dollars, en plus des 800 millions destinés à l'armée ukrainienne.

L'économie de la reconstruction

C'est au niveau des infrastructures que les pertes sont les plus importantes, avait indiqué Ioulia Sviridenko, avec « près de 8.000 kilomètres de routes endommagées ou détruites », ainsi que « des dizaines de gares, des aéroports », pour un montant de 108,5 milliards d'euros.

Aussi, l'économie de la reconstruction devrait générer des points de croissance une fois le conflit terminé. La Berd entrevoit ainsi un rebond de l'économie ukrainienne à 4,7% en 2023, tirée par l'hypothèse d'une reconstruction qui entraînerait une progression spectaculaire de 25% du produit intérieur brut du pays.

L'économie régionale devrait toutefois pâtir l'an prochain des "pressions inflationnistes" qui se ressentent à travers l'économie mondiale, selon le rapport de l'organisation.

Minée par la corruption, l'Ukraine est encore loin d'être un modèle d'efficacité sur le plan économique. Avec un taux de 9,3% au deuxième trimestre 2021, le taux de chômage est encore loin de son niveau de 2019, à 7,3%. L'inflation était à 10% le mois dernier, et la Banque centrale affiche une taux d'intérêt de 10%. En décembre 2021, le pays affichait un déficit commercial de 1,12 milliard de dollars. Le pays occupe le 130e rang sur 177 dans le classement de l'indice de la liberté économique de Heritage Fondation

La Berd souligne enfin que ces prévisions sont soumises au risque de fortes révisions à la baisse en cas "d'escalade du conflit ou si les exportations de gaz ou autres matières premières de Russie deviennent plus restreintes".

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 10/05/2022 à 18:35
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@lyonnais, depuis longtemps Poutine demande le respect des négociations diplomatiques, récemment ceux charges de les appliqués se sont dédits et ont lancés de l'huile sur les braises, Poutine ne pouvait pas se laisser éliminer les bras croisés, il a ...

à écrit le 10/05/2022 à 15:07
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Dans son rapport annuel publié en janvier 2022, Transparency International a classé l’Ukraine 122 sur 180 pays examinés, avec une note de 32 sur une échelle de 1 à 100 points. En comparaison, la Russie, avec son niveau notoire de corruption, se class...

le 10/05/2022 à 15:36
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On va se gaver sur la reconstruction car une la guerre est toujours un bon business pour plusieurs années. Il suffit juste de changer de pays regulierement. Deja on se gave sur les ventes d'armes et apres on remet le couvert sur la reconstruction, on...

le 10/05/2022 à 17:22
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Restons simples: il suffit de constater que les atouts considérables de l’Ukraine, notamment la richesse de ses sols, et de mettre cette richesse en comparaison avec le Pib/hab qui est de moitié de celui des turcs, le tiers de celui des russes, et u...

à écrit le 10/05/2022 à 10:37
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Puis avec tous les milliards qu'on leur donne quand même ça devrait le faire non ?

à écrit le 10/05/2022 à 9:30
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Mais n'était ce pas l'objectif des US et de l'Europe en livrant des armes à l'Ukraine?

le 10/05/2022 à 15:43
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la guerre est le meilleur business car il consiste a defaire et refaire. c'est le pied en terme de profit

le 10/05/2022 à 16:32
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... vous semblez oublier que l'attaquant, c'est Poutine !!! Travaillerait-il en sous-main pour les méchants capitalistes américains ?

le 10/05/2022 à 19:27
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@lyonnais : j'ai bossé pour halliburton au bon vieux temps de la guerre en irak, ca m'a permis de prendre une gentille retraite anticipée. Regardez les valeurs boursieres de raytheon, lockheed martin qui ont pris en moyenne 30% de hausse en a peine 6...

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