Ukraine : face au risque d'une invasion par la Russie "à tout moment", la Bourse recule

Par latribune.fr  |   |  773  mots
Emmanuel Macron va encore tenter de désamorcer le conflit. (Crédits : LEAH MILLIS)
Après que la Maison-Blanche ait averti de l'imminence d'une invasion de l'Ukraine par la Russie vendredi, la Bourse a enregistré une forte baisse. En cause : l'incertitude qui entoure les conséquences économiques d'un tel conflit, et les menaces de sanctions de l'Union Européenne. A l'inverse, le baril du pétrole a lui enregistré un pic de prix rare.

Malgré les tentatives de désescalades menées par Emmanuel Macron et Joe Biden, la situation à la frontière russe continue de s'envenimer. Dès le début du mois, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian expliquait que "tous les éléments étaient réunis pour une intervention". Vendredi 11 février, le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale Jake Sullivan a rejoint ce constat, avertissant solennellement qu'une invasion de l'Ukraine pourrait avoir lieu "pendant les Jeux olympiques", qui se tiennent en Chine jusqu'au 20 février.

Face à la menace, Washington a demandé aux ressortissants américains de quitter l'Ukraine sous 48 heures. Peu après, le Royaume-Uni a également conseillé à ses citoyens présents dans le pays de rentrer "par des moyens commerciaux, tant qu'ils restent disponibles". Et ce samedi matin, c'était au tour de la Belgique de faire de même.

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La menace de l'invasion plombe la Bourse

Effrayée par ces signaux d'une possible invasion russe imminente, la Bourse de New York  a vu son repli s'accélérer. À la clôture de vendredi, le Dow Jones a terminé en recul de 1,43%, l'indice Nasdaq a plongé de 2,78% et l'indice élargi S&P 500 de 1,90%. Plus tôt, les indices européens avaient continué de baisser, afin de s'aligner avec les pertes de Wall Street de jeudi. Paris a cédé 1,27%, Milan 0,82%, Francfort 0,42% et Londres 0,15%. A l'exception de quelques valeurs dans l'énergie, le rouge était partout, y compris parmi les plus importantes capitalisations de Wall Street, comme Apple (-2,02%) et Microsoft (-2,43%).

"Il y a beaucoup de nervosité sur le marché boursier", analyse Peter Cardillo, de Spartan Capital, avant de développer : "s'ils envahissent, évidemment, ça va mettre les actions sous pression. Cela veut dire que les prix vont monter surtout dans l'énergie et les matières premières et que le revenu disponible va diminuer."

Ce n'est pas la première fois que le marché réagit à la situation ukrainienne, où les tensions durent depuis des mois. Mais le pic atteint hier pourrait être un déclencheur. "Si le marché n'avait pas complètement intégré le risque d'une incursion russe en Ukraine, il pourrait bien commencer à la faire", constat Art Hogan, stratège en chef pour National Securities. Forcément, le marché se montre averse au risque, et le spectre de conséquences sérieuses sur l'économie européenne inquiète.

"Si une invasion se produisait, il est concevable que les actions connaissent une nouvelle baisse de 10% environ, les investisseurs vendant d'abord et posant des questions plus tard", anticipe John Lynch, responsable de l'investissement chez Comerica Wealth Management.

Le baril de pétrole à son plus haut depuis 2014

Parmi les rares valeurs à surnager vendredi à New York, les pétrolières, comme Chevron (+2,04%), ExxonMobil (+2,52%) et Marathon Petroleum (+1,82%), ainsi que le groupe chimique Dow (+0,23%) ou la minière Mosaic (+2,07%).

De même, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a terminé sur un bond de 3,31% à 94,44 dollars, au plus haut depuis septembre 2014. Et à New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars a pris 3,58% à 93,10 dollars, également au plus haut depuis plus de sept ans. Le baril de pétrole américain avait même grimpé de plus de 5% en début d'après-midi juste après la déclaration de la Maison-Blanche : la courbe des cours de l'or noir avait soudainement bondi, faisant prendre presque deux dollars au baril en moins d'une demi-heure.

"Dans ces circonstances, le marché du pétrole ne veut pas être pris de court pendant le week-end et est saisi par l'inquiétude qu'une invasion par la Russie puisse provoquer des sanctions qui, en conjonction avec l'invasion, pourraient entraîner des ruptures d'approvisionnement", évalue Andy Lipow.

Crainte face aux potentielles sanctions

Si le marché réagit ainsi, c'est notamment car les dirigeants occidentaux ont brandi des menaces de sanctions "rapides et drastiques" contre Moscou en cas d'invasion. Elles cibleraient d'abord les secteurs financier et énergétique, ainsi que les exportations de produits de haute technologie, a annoncé vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pendant une visioconférence avec le président américain Joe Biden.

Toute les options sur la table, précisent ses équipes, ce qui n'offre aucune garanties aux marchés, déjà craintifs. Ce samedi, Joe Bien et Emmanuel Macron vont de nouveau s'entretenir avec Vladimir Poutine, dans des échanges aux allures de dernière chance.