Volkswagen : le doute plane sur 500.000 voitures Seat

Par latribune.fr  |   |  928  mots
Ce jeudi, le ministre des transports Alexander Dobrindt a déclaré avoir été informé "qu'en Europe également des véhicules équipés de moteurs diesel de 1,6 et 2,0 litres sont touchés par les manipulations dont on parle", devant la presse, précisant qu'il n'en connaissait pas le nombre.
La falsification des tests anti-pollution du constructeur allemand s'est pratiquée aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, a annoncé le ministre des Transports allemand, jeudi. Les véhicules de sa filiale Seat auraient aussi été truqués.

Article publié à 13.26, mis à jour à 15.40.

La crise Volkswagen n'épargne pas le Vieux continent. C'est le ministre des Transports allemands qui l'affirme : la "tricherie" de Volkswagen, qui a falsifié les tests anti-pollution de quelque 11 millions de ses véhicules, selon les dernières déclarations de la marque, n'a pas été pratiquée qu'aux Etats-Unis, mais également sur le continent européen...

Ce jeudi, au lendemain de la démission du patron de la marque automobile, Martin Winterkorn, le ministre des transports Alexander Dobrindt a déclaré avoir été informé "qu'en Europe également des véhicules équipés de moteurs diesel de 1,6 et 2,0 litres sont touchés par les manipulations dont on parle", devant la presse, précisant qu'il n'en connaissait pas le nombre.

Des tests aléatoires sur les autres groupes automobiles

Des tests aléatoires seraient actuellement effectués sur des véhicules construits par d'autres groupes que Volkswagen, a indiqué le ministre alors qu'un journal allemand spécialisé dans l'automobile vient de dénoncer des pratiques similaires chez BMW.

"Il est évident que l'Office fédéral du trafic des véhicules à moteur ne se concentrera pas exclusivement sur les modèles VW en question mais effectuera également des tests aléatoires sur les véhicules faits par d'autres constructeurs".

500.000 voitures Seat truquées?

Le quotidien espagnol El Pais affirme d'ailleurs jeudi que la marque automobile espagnole Seat, filiale du groupe allemand Volkswagen, aurait équipé depuis 2009 plus de 500.000 voitures fabriquées en Espagne avec des moteurs truqués. Une information confirmée à l'AFP par un porte-parole contacté par l'AFP. Sans vouloir donner de chiffre, celui-ci a affirmé:

"Seat a équipé certains de ses véhicules avec des moteurs EA189 du groupe Volkswagen".

La marque automobile espagnole a néanmoins assuré à que "tous les nouveaux véhicules vendus par Seat dans l'Union européenne équipés des moteurs EU6 remplissent, sans exception, les exigences légales et les normes environnementales", notamment la nouvelle norme anti-pollution Euro 6 entrée en vigueur au 1er septembre 2015.

Après ces révélations, le président du comité d'entreprise de Seat, Mataas Carnero, a exigé sur les ondes de Catalunya Radio que la direction de la marque précise "combien de voitures que nous avons fabriquées ici ont été équipées de ce moteur trafiqué", produit dans d'autres usines du groupe VW. Il s'est inquiété aussi d'une remise en cause éventuelle des 3,3 milliards d'euros d'investissements sur trois ans promis au site de Martorell, en Catalogne

Seat a vendu 378.586 véhicules en 2014 et près de 2 millions, essence et diesel, au cours des six dernières années, selon les calculs de El Pais. Volkswagen possède en Espagne des usines en Catalogne et en Navarre où il fabrique les véhicules Seat -marque rachetée dans les années 1980- mais aussi des modèles sous sa marque et pour Audi, selon son site internet.

L'UE appelle tous ses membres à enquêter

La volonté de traquer les abus des constructeurs a pris une nouvelle ampleur lorsque la Commission, dans la foulée du scandale Volkswagen, a appelé jeudi tous ses pays membres à enquêter. "Nous invitons tous les Etats membres à procéder à une enquête", a déclaré à la presse Lucia Caudet, porte-parole de la Commission européenne.

L'exécutif communautaire a également proposé une nouvelle réglementation visant à durcir les processus de tests des émissions des voitures et que sa mise en application relève des pays membres. Elle dit aussi réfléchir à la possibilité de modifier les procédures d'homologation européenne des nouveaux modèles avant leur commercialisation.

Ségolène Royal promet des "tests aléatoires" dans l'Hexagone

En France, Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, a annoncé jeudi la mise en place d'une commission indépendante qui mènera des "tests aléatoires" sur une centaine de voitures pour s'assurer qu'elles respectent les normes d'homologation. La décision a été prise à l'issue d'une table ronde avec des représentants des constructeurs commercialisant des voitures dans l'Hexagone. Ceux-ci ont pourtant assuré à la ministre n'être équipés d'"aucun dispositif de fraude".

"Cette commission va se mettre très rapidement en place", et comptera des représentants du laboratoire d'homologation Utac-Ceram, des chercheurs, ainsi que d'associations de défense des consommateurs, a promis la ministre. Les véhicules contrôlés, avec l'approbation de leurs propriétaires, ne seront pas seulement ceux produits par les constructeurs français, "mais de toutes marques" vendues dans le pays, a ensuite précisé Laurent Benoît, PDG de l'Utac-Ceram.

Une banque suédoise boycotte les actions Volkswagen

Les institutions européennes ne sont pas les seule à réagir avec vigueur :  en Suède, c'est la banque Nordea (la plus importante des pays scandinaves) qui vient d'annoncer interdire à ses gestionnaires de fonds d'acheter des titres de Volkswagen ... pour les six prochains mois !

Une décision ferme que le directeur des investissements a justifié en invoquant des raisons financières mais aussi éthiques :

"Nous pensons que cette action ou ce manque d'action de la part de la direction est scandaleuse. C'est un manque de jugement en termes de stratégie, mais c'est aussi très coûteux d'un point de vue financier", a-t-il déclaré.

Suite à cette annonce, le titre Volkswagen, qui a perdu un tiers de sa valeur depuis le début de la semaine - soit plus de 20 milliards d'euros de capitalisation boursière partis en fumée - faisait mieux (+2,42% à 114,20 euros), mais était redescendu de ses sommets de la matinée.

(Avec AFP et Reuters)