Xi Jinping qualifié de « dictateur » par une ministre allemande, Pékin voit rouge

Par latribune.fr  |   |  867  mots
Annalena Baerbock a déclaré sur Fox news « Si Poutine devait gagner cette guerre, quel signe cela enverrait-il aux autres dictateurs dans le monde, comme Xi, comme le président chinois? » (Crédits : IRAKLI GEDENIDZE)
Le ministère des affaires étrangères chinois a dénoncé une « provocation politique ouverte » après la qualification de « dictateur » du président Xi Jinping par la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. Une nouvelle échauffourée entre un gouvernement occidental et Pékin qui pourrait nuire aux relations de l'Europe et de la Chine à l'heure où Pékin se rapproche de la Russie.

La ministre allemande des Affaires étrangères serait-elle allée trop loin ? Une chose est sûre, ses récents propos contre le président chinois ont choqué Pékin. Tout est parti d'une interview accordée par la ministre écologiste Annalena Baerbock dans un entretien à Fox News le 14 septembre, à l'occasion d'une visite aux Etats-Unis.

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Evoquant la guerre en Ukraine, elle avait déclaré : « Si Poutine devait gagner cette guerre, quel signe cela enverrait-il aux autres dictateurs dans le monde, comme Xi, comme le président chinois ? C'est pourquoi l'Ukraine doit gagner cette guerre ».

Le terme à forte connotation diplomatique est lâché, et a provoqué les foudres de la Chine.

« Ces commentaires sont extrêmement absurdes et constituent une grave atteinte à la dignité politique de la Chine ainsi qu'une provocation politique ouverte », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse quotidienne.

Des répercussions sur les relations sino-allemandes?

La Chine est « fortement mécontente » de ces propos et a fait des « démarches solennelles auprès de la partie allemande par la voie diplomatique », a ajouté Mao Ning.

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Difficile de savoir si cet incident diplomatique aura des répercussions sur les relations sino-allemandes qui pourraient être problématiques pour Berlin. Pour cause, Pékin est le premier partenaire commercial de l'Allemagne, même si la première économie européenne a publié une loi en juillet visant à devenir moins dépendante de cette relation et à mieux protéger ses intérêts stratégiques face à une Chine « de plus en plus offensive ». « Nous sommes réalistes, mais pas naïfs », avait prévenu lors de la présentation de ce texte Annalena Baerbock, dont le parti écologiste plaidait en faveur d'une attitude plus dure que les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz et les Libéraux, avec lesquels il forme la coalition au pouvoir en Allemagne.

La Chine accumule les querelles avec l'occident et les rapprochements avec la Russie

Il ne s'agit cependant pas de la première querelle diplomatique entre un pays occidental et l'Empire du milieu. Le 11 septembre, ce fut au tour du Royaume-Uni de créer la polémique en accusant la Chine d'avoir envoyé un espion au Parlement britannique, ce qui avait provoqué une énième réponse scandalisée de Pékin. Interrogé sur ces allégations, un porte-parole de l'ambassade de Chine à Londres a qualifié ces accusations de « farce politique ».

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« Nous demandons instamment à la partie britannique de cesser de diffuser de fausses informations et de mettre fin à ses manœuvres politiques antichinoises et à son dénigrement malveillant », a ajouté de son côté Mao Ning à Pékin.

Le même jour, Joe Biden, en visite au Vietnam dans l'optique de développer les relations commerciales avec ce pays émergeant de l'Asie du Sud, a mis en garde dans un communiqué commun contre « les menaces ou l'usage de la force » en mer de Chine méridionale, un message clairement adressé à Pékin.

Les relations sont donc toujours au plus bas entre la Chine et l'occident, tandis qu'elles se réchauffent entre l'Empire du milieu et son voisin russe. Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi va se rendre en Russie de lundi à jeudi pour des discussions consacrées à la sécurité, a annoncé son ministère. Alliées de longue date, la Chine et la Russie vantent fréquemment leur partenariat « sans limites » et leur coopération économique et militaire appelée à s'intensifier. Les liens entre les deux pays se sont encore resserrés depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russe en février 2022, jamais condamnée par Pékin.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué lundi que Wang Yi échangerait sur la sécurité à l'invitation de Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité de Russie.

Une centaine d'avions chinois dans le ciel de Taïwan

L'un des grands sujets conflictuels entre la Chine et l'occident est la question de l'indépendance de Taiwan. Ce lundi, Taipei a exhorté Pékin de mettre fin à ses « actions unilatérales destructrices », après avoir détecté plus d'une centaine d'avions et neuf navires de guerre chinois autour de Taïwan en l'espace de 24 heures.

« Entre le 17 et le 18 septembre au matin, le ministère de la Défense a détecté un total de 103 avions chinois, un record sur la période récente », a affirmé le ministère taïwanais. Ces sorties « posent de graves problèmes de sécurité de part et d'autre du détroit de Taïwan et dans la région », a-t-il ajouté dans un communiqué.

« Le harcèlement militaire continu (de la Chine) peut facilement conduire à une montée en flèche des tensions et détériorer la sécurité dans la région », a-t-il mis en garde, appelant Pékin à « cesser immédiatement ces actions unilatérales destructrices ».

(Avec AFP)