Le PS "dézingue" le gouvernement, la droite fait le dos rond...

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  921  mots
Jean-Christophe Cambadélis, premier Secrétaire du PS, et François Baroin, chef de file "Les Républicains" pour les législatives tentent, chacun à leur façon, de "dézinguer" le gouvernement nommé le 17 mai. Le premier le qualifie de "gouvernement de droite", le second précise qu'il ne s'agit pas d'un gouvernement de "coalition".
Le premier gouvernement du quinquennat Macron embarrasse dans les rangs "Les Républicains" qui essaient de minimiser le ralliement de trois d'entre eux. Au PS, on a choisi de "dézinguer" un gouvernement qualifié "de droite".

Pour l'instant, ça marche ! La révélation, mercredi 17 mai, de la composition du premier gouvernement du quinquennat d'Emmanuel Macron a produit sa petite onde de choc à droite chez « Les Républicains » (LR) mais aussi du côté du PS.

Les nominations d'Edouard Philippe (Premier ministre), Bruno Le Maire (ministre de l'Economie) et de Gérald Darmanin (ministre des Comptes publics) ne sont pas très bien "passées" au sein de LR. Même si François Baroin, chef de file LR pour les élections législatives, tente de minimiser. A l'occasion d'un déplacement à Bordeaux en compagnie d'Alain Juppé, le Sénateur de l'Aube a déclaré que les trois nouveaux ministres avaient « fait une analyse politique qui n'est pas la nôtre. Il ne s'agit pas d'une coalition. Il n'y a même pas eu de discussions avec Macron sur ce qu'il veut faire ». Il a par ailleurs considéré que les trois hommes s'étaient exclus d'eux-mêmes du parti car ils seront tenus de soutenir aux législatives les candidats du mouvement « La République en marche ».

Ce qu'a d'ailleurs confirmé Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement à l'issue du premier conseil des ministres : « Les ministres doivent soutenir les candidats de la majorité présidentielle, ils doivent se mobiliser dans les quatre semaines avec, pour mots d'ordre: rapidité et efficacité, mais ils n'ont pas vocation à conduire la campagne des législatives »

Les Républicains gênés par l'arrivée au gouvernement de trois d'entre eux

Résultat, Bruno Le Maire aura dans l'Eure un candidat LR face à lui. Ambiance ! Car les dirigeants LR ont beau tenter de minimiser l'affaire, il n'en reste pas moins que « l'opération séduction à droite », montée par Emmanuel Macron, rencontre un certain succès. Ainsi, un sondage Harris Interactive pour France Télévisions* le montre. Les candidats aux législatives soutenant le président sont maintenant crédités de 32% des suffrages exprimés (+3 points), nettement devant ceux ayant obtenu l'investiture "Les Républicains"-UDI (19%, -1 point) ou du Front national (également à 19%, -1 point). Les candidats de la France Insoumise recueillent, quant à eux, 15% des intentions de vote, progressant à nouveau (+1 point) au détriment des candidats soutenus par le Parti socialiste et le PRG... qui dégringolent encore (6%, -1 point).

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Le PS « dézingue » un gouvernement « d'apparence »

D'ailleurs, au PS, c'est aussi la soupe à la grimace au lendemain de la révélation de la composition du gouvernement. Certes, le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis admet qu'il y a des personnalités de grand talent issues de la société civile mais c'est pour aussitôt « dézinguer » la nouvelle équipe, afin de tenter de remonter le moral des troupes socialistes : « Ce gouvernement a une apparence... Mais il a aussi une réalité: essayer d'obtenir la majorité absolue aux législatives » a-t-il lancé. Et d'insister sur le fait qu'il n'y a pas « de ministres socialistes dans ce gouvernement ». Ceux qui y siègent ayant été exclus du PS ou bien ayant rejoint En Marche! depuis longtemps.

Rodant un discours que l'on va sans doute retrouver chez tous les candidats socialistes aux législatives, Jean-Christophe Cambadélis s'est employé à dénoncer toutes les failles, à ses yeux du nouveau gouvernement. Il a d'abord ironisé sur la présence des deux ministres LR au ministère de l'Economie, « le Premier ministre a ainsi l'assurance de pouvoir mener une politique de droite: hausse de la CSG, fin de l'ISF, baisse du nombre des fonctionnaires, remise en cause de la protection sociale... ».

Le Premier secrétaire a aussi regretté que le ministère de l''Education nationale « soit tombée au 11e rang protocolaire » et qu'il n'y ait pas de ministère « du Logement, de la Jeunesse, de la Ville ».

« Haro sur ce gouvernement de droite »

Très en verve Jean-Christophe Cambadélis a aussi dénoncé les idées proférées par différents membre du gouvernement avant leur entrée en fonction. Ainsi, il a "chargé" Jean-Michel Blanquer, le nouveau ministre de l'Education nationale qualifié « d'homme des purges, largement responsable de la diminution du nombre des enseignants » sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Il l'a aussi accusé de vouloir « remettre en cause le statut des enseignants et de trop militer pour l'autonomie des établissements, c'-est-à-dire en fait d'instituer l'inégalité ». Quant au nouveau ministre PRG de l'Agriculture, Jacques Mézard, il est l'homme qui est « pour le cumul des mandats » quant à Bruno Le Maire, il est celui qui « veut la fin du statut de la fonction publique territoriale »

Et de conclure « ce gouvernement de droite pour la droite ne peut pas inspirer confiance ». Est-ce à dire que Jean-Christophe Cambadélis veut définitivement inscrire le PS dans l'opposition à Emmanuel Macron ? Le Premier secrétaire se refuse à répondre pour l'instant: « Nous nous voulons constructifs et vigilants. On verra qui sera majoritaire à l'Assemblée nationale »...Le secret espoir de Jean-Christophe Cambadélis réside dans le nombre inédit de potentielles triangulaires et quadrangulaires qui pourraient favoriser des candidats socialistes bien implantés... Mais en attendant les législatives, le mot d'ordre va être « haro sur un ce gouvernement de droite »... histoire de tenter de se refaire une virginité.

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*Enquête réalisée en ligne du 15 au 17 mai 2017, auprès d'un échantillon 5.015 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus comprenant un échantillon de 4.598 inscrits sur les listes électorales.