Législatives : vers une chambre "bleu Macron"

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  591  mots
La majorité présidentielle pourrait obtenir entre 440 et 470 sièges dans la future Assemblée Nationale. D'autres partis seraient sous-représentés par rapport à leur audience réelle dans le pays. Aussi, le Premier ministre Édouard Philippe n'a pas fermé la porte à un éventuel retour de la proportionnelle.
Les derniers sondages donnent une majorité écrasante à la majorité présidentielle qui pourrait rafler entre 440 et 470 sièges dans la future Assemblée Nationale. La question du retour de la proportionnelle va sans doute se poser.

Ce soir à minuit, la campagne officielle pour le second tour des élections législatives sera close. Dimanche 18 juin à 20 heures, avec l'annonce des résultats, se terminera un très long cycle électoral inédit en France, débuté le 20 novembre 2016 avec le premier tour de la primaire de la droite. Sept mois après, le paysage politique français aura été complètement chamboulé avec la déroute des partis traditionnels non seulement lors du scrutin présidentiel mais aussi à l'occasion de ces élections législatives dont le second tour va très certainement confirmer le triomphe des candidats « La République en marche » (LREM). Reste à en connaître l'ampleur réelle.

Au premier tour, le 11 juin, LREM et le MoDem sont arrivés en tête avec 32,33% des suffrages exprimé, devançant la coalition « Les Républicains » (LR)-UDI (15,77%) et le Front National (13,2%). La France Insoumise et le Parti socialiste ont recueilli, quant à eux, respectivement 11,03% et 7,44% des voix. Il convient cependant de rappeler que le taux d'abstention avait atteint le niveau record de 51%.

| Lire Législatives : une abstention record qui modifie la donne

Entre 440 et 470 sièges pour l'alliance LREM/MoDem

Selon une enquête Harris Interactive Indeed réalisée pour la chaine LCP*, Le score de LREM et du MoDem a permis aux deux formations de qualifier 516 candidats pour le second tour - pour 577 circonscriptions -, nettement plus que LR/UDI (264), le Front National (120), le PS/ PRG (70) et la France Insoumise (67). Les candidats LREM-MoDem seront principalement opposés à des candidats LR-UDI dans 261 circonscriptions, mais également au Front National dans 102 autres, ainsi notamment qu'à la gauche (face à la France Insoumise dans 64 cas et face au PS-PRG-DVG dans 61 autres).

Dans ce contexte, toujours selon Haris Interactive, les candidats soutenus par Emmanuel Macron obtiendraient une très nette majorité absolue à l'Assemblée Nationale : entre 440 et 470 sièges. Ils devanceraient ainsi la droite, avec 60 à 80 sièges pour LR, l'UDI et les candidats Divers droite. La gauche, elle, se composerait de 22 à 35 députés socialistes, radicaux de gauche, écologistes ou divers gauche et de 14 à 25 députés de la France Insoumise/PCF . Enfin, le Front National obtiendrait entre 1 et 6 sièges, contre 3 à 7 pour les candidats se présentant sous d'autres étiquettes. Un autre sondage Odoxa Dentsu Consulting, publié ce vendredi 16 juin pour l'hebdomadaire Le Point, donne lui entre 430 et 460 à la majorité présidentielle.

Vers un retour de la proportionnelle ?

Avec une telle suprématie pour un seul parti et la « sous-représentation » d'autres par rapport à leur audience réelle dans le pays (France Insoumise, Front National), la question du rétablissement de la proportionnelle - ou d'une dose de proportionnelle- va se reposer. D'ailleurs, certains, se la pose déjà, à commencer par le Premier ministre Edouard Philippe :

"Je pense qu'il est utile qu'une dose de proportionnelle soit introduite à l'Assemblée nationale (...). Non seulement ça ne me choque pas, mais je pense que c'est utile, parce que ça permet d'ouvrir la répartition des sièges à des courants politiques qui ont du mal à franchir le cap démocratique du scrutin majoritaire" a-t-il déclaré sur France Info.

En attendant, donc on pourrait bien se réveiller lundi matin avec une chambre « bleu Macron »... allusion à la fameuse chambre « bleu horizon » de 1919 quand au lendemain de la guerre, le Bloc National (union des droites et des radicaux) avait gagné 433 sièges, en laissant 180 à l'opposition. Cinq ans plus tard, en 1924, le Cartel des gauches remportait la victoire et le Bloc National volait en éclats.

*Enquête réalisée en ligne du 13 au 15 juin 2017. Échantillon de 1 022 personnes,