Coup dur pour Hamon, Le Drian s'engage auprès de Macron

Par Michel Cabirol  |   |  859  mots
Jean-Yves Le Drian s'engage auprès d'Emmanuel Macron
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a officialisé son soutien à Emmanuel Macron, tout en assurant "rester socialiste", dans un entretien au quotidien "Ouest France" publié vendredi matin.

Cette fois c'est vraiment fait. Finies les cachotteries, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a officialisé son soutien à Emmanuel Macron, tout en assurant "rester socialiste", dans un entretien au quotidien "Ouest France" publié vendredi matin. Emmanuel Macron a salué jeudi la décision, encore officieuse, du ministre de la Défense  de se rallier à sa candidature un mois jour pour jour avant le premier tour de la présidentielle. Dans la foulée de Jean-Yves Le Drian, un de ses proches, le député PS de la 5e circonscription (Lorient), Gwendal Rouillard, a lui aussi annoncé son engagement au candidat d'En Marche!

"Comme la majorité des Français, je refuse que le choix de l'élection présidentielle se réduise à un choix entre l'extrême droite et une droite dure. Je ne me résous pas non plus à ce que la candidate du Front national soit en tête au premier tour", a expliqué le ministre de la Défense et proche de François Hollande.

Macron est "le seul qui porte les valeurs qui sont les miennes"

"Devant les menaces qui existent et pour la capacité de la France à agir dans le monde, nous ne pouvons pas prendre ce risque", s'est justifié Jean-Yves Le Drian, avant de saluer l'engagement européen du candidat d'En Marche! "Emmanuel Macron est pour moi le seul qui porte les valeurs qui sont les miennes dans ce cadre-là. L'Europe, c'est mon histoire". Le poids lourd du gouvernement assure qu'il "reste socialiste", et, interrogé sur la candidature du vainqueur de la primaire à gauche, Benoît Hamon, rejette une "utopie". Cest un gros coup dur pour le candidat du PS, qui présentait jeudi son programme de défense.

"Benoît Hamon est dans une logique que je respecte, qui a toujours existé au sein de la gauche, un projet utopique, mais je constate que la mise en œuvre d'un tel projet ne correspond pas à la réalité des faits et à la capacité à faire"

Il existe un vieux contentieux entre Jean-Yves Le Drian et Benoît Hamon, l'ex-député frondeur qui exige aujourd'hui le rassemblement de tous les socialistes derrière sa candidature. Mais qui sème le vent récolte a tempête. Le ministre n'a certainement pas apprécié ce manque de loyauté envers François Hollande, dont il est proche. Mais le différend remonte au temps où Benoît Hamon a tenté en 1997 un parachutage fugace dans le Morbihan.

Le Drian ne se projette pas au ministère de la Défense

Interrogé par Ouest France pour savoir s'il resterait u ministère de la Défense si Emmanuel Macron lui demandait, Jean-Yves Le Drian a répondu que son "horizon, c'est la Bretagne". Pour autant, l'actuel ministre de la Défense pourrait au nom de l'intérêt national "toujours apporter" à Emmanuel Macron son "expertise, une connaissance - approfondie par ces cinq années à la Défense - des questions géopolitiques".

"Je suis ministre de la Défense depuis cinq ans. J'ai le sentiment du devoir accompli. Je souhaite transmettre mes responsabilités dans les meilleures conditions à mon successeur, à la mi-mai.

Interrogé sur un effort de Défense à 2 % du PIB en 2025 dans le projet d'Emmanuel Macron, le ministre de la Défense a estimé que "c'est une nécessité en raison des menaces, et c'est un objectif qui était d'ailleurs affiché dans la loi de programmation en cours (...) C'est un objectif crédible, en tout cas indispensable". Emmanuel Macron propose d'augmenter l'effort de défense à 2% du PIB en 2025. "Si on tient compte des hypothèses actuelles de croissance du PIB dans les prochaines années, ce budget atteindra, hors pensions et hors surcoûts OPEX, plus de 50 milliards d'euros en 2025, contre 32 en 2017", avait-il expliqué le 18 mars.

Prudence sur le service universel d'un mois

Sur le service universel obligatoire d'un mois, Jean-Yves Le Drian a été prudent : "depuis quelques mois, la réflexion sur le creuset républicain, le partage de la cohésion nationale, les enjeux de sécurité, de citoyenneté, a lieu. Emmanuel Macron estime devoir mettre à la discussion l'idée d'un service militaire obligatoire. Il a le mérite de poser cette question. Ce sera au Livre blanc et au Parlement de définir les contours du projet". Emmanuel Macron évalue le coût de cette proposition à environ "deux à trois milliards d'euros par an en régime de croisière" avec des coûts d'infrastructure estimés à 15 à 20 milliards d'euros.

"Son financement comme les effectifs d'encadrement nécessaires s'inscriront au-delà de l'enveloppe de 2% du PIB de la programmation militaire, la mise en œuvre du service national universel étant indépendante du renforcement planifié de notre outil de défense", avait expliqué le candidat d'En Marche! le 18 mars dernier.

Il faut se rappeler que le ministre de la Défense s'était opposé fin 2016 à cette proposition du Parti Socialiste. "Incorporer par obligation 780.000 nouveaux appelés, chaque année, garçons et filles, qui ne resteraient pas dans les armées et qui monopoliseraient l'encadrement militaire ruinerait ce délicat édifice de compétences et d'efficacité qu'est la professionnalisation de l'armée française", avait-il expliqué