L'aile droite du PS s'apprêterait à rejoindre Macron !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  774  mots
La percée d'Emmanuel Macron dans les sondages (certaines enquêtes, comme celle de Harris Interactive ci-dessus, le placent en tête au premier tour) commence à créer de la nervosité dans les rangs socialistes. L'aile droite du parti semble de plus en plus tentée de rejoindre officiellement le leader de En Marche!
L'aile droite du PS pourrait lâcher Benoît Hamon au profit d'Emmanuel Macron. Selon Le Figaro, un texte est en préparation dans ce sens. La fracture semble donc s'élargir au sein du PS.

Cette fois, on y est... ou presque ! L'aile droite du Parti Socialiste s'apprêterait réellement à lâcher Benoît Hamon pour rejoindre Emmanuel Macron. Selon Le Figaro, une tribune intitulée "Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron" circule actuellement au sein du groupe informel des "réformateurs", l'aile droite du PS, et pourrait être publiée prochainement, même si les choses ne sont pas encore totalement finalisées. Les députés Gilles Savary et Christophe Caresche - ce dernier, élu de Paris, a d'ailleurs déjà rejoint à titre personnel le leader de En Marche! - seraient à l'origine de ce texte. C'est d'ailleurs déjà Gilles Savary qui avait réuni les parlementaires "réformateurs" dans la semaine qui avait suivi, le 29 janvier, la victoire de Benoît Hamon à la primaire socialiste. A l'époque, certains imaginaient une migration rapide vers Emmanuel Macron. Finalement, les réformateurs avaient décidé qu'il était urgent d'attendre. Il s'agissait surtout de voir si le candidat officiel du PS allait recentrer son discours avant de se prononcer.

La percée de Macron agit comme un aimant puissant

Mais il est indéniable que la percée dans les sondages de l'ancien ministre de l'Economie -selon un sondage Harris Interactive publié ce 9 mars, avec un gain de six points en deux semaines, le fondateur d'En marche! réunirait maintenant 26% des intentions de vote, contre 25% pour Marine Le Pen au premier tour et il serait largement vainqueur au second- agite les esprits chez certains au PS et sert d'aimant puissant. Il est vrai que Benoît Hamon, lui, reste collé à environ 13% des intentions de vote. Et beaucoup d'élus socialistes regrettent qu'il ait passé autant de temps à rallier l'écologiste Yannick Jadot et à parlementer avec Jean-Luc Mélenchon. Son passage, ce jeudi 2 mars sur France 2, lors de "L'émission politique" va donc être scruté de très près.

Qu'il s'agisse d'une future tribune publique ou "d'une correspondance privée" (à ce stade), comme l'a précisé Christophe Caresche au Figaro, le texte qui circule est très clair:

«La candidature d'Emmanuel Macron peut rassembler largement les Français au-delà de clivages ressentis comme de plus en plus inopérants. Elle marque une rupture générationnelle et son projet ambitieux et crédible représente l'espoir d'un renouveau politique dans lequel le social-réformisme a toute sa place. C'est à la construction d'une nouvelle alliance européenne et réformiste, autour d'Emmanuel Macron, que nous appelons en tant que socialistes.»

A propos de Benoît Hamon, le texte est également sans ambiguïté:

«La campagne de Benoît Hamon a confirmé l'intention de rompre avec cette mandature et de fédérer tout ce qu'elle compte d'opposants à la majorité sortante! Cette stratégie ne permettra pas de définir un programme crédible de gouvernement pour la fin mai. La situation convalescente de la France suppose un autre projet que l'exaltation d'une démarche inspirée par Die Linke en Allemagne, Podemos en Espagne ou Jeremy Corbyn en Grande Bretagne, qui n'aboutit qu'à maintenir les droites au pouvoir dans ces pays."

Le PS  manifestement désuni

On verra dans les prochains jours ce qu'il va advenir. En tout état de cause, à l'instar de ce qui s'est passé avec Ségolène Royal en 2007, le PS est loin d'être entièrement rangé derrière son candidat officiel. Plusieurs "barons" socialistes, tels Bertrand Delanoë ou Gérard Collomb (sénateur-maire de Lyon) ont déjà officiellement apporté leur soutien à Emmanuel Macron. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, hésite... Au sein même du gouvernement, il y a une ligne de fracture. Si le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, légitimiste, soutient Benoît Hamon, comme d'ailleurs Najat Vallaud-Belkacem, en revanche, Jean-Yves Le Drian (Défense) lorgne manifestement du côté de En Marche!.. Sans parler de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat en charge de la Francophonie.

Bien sûr, tout ce petit monde songe ouvertement à la présidentielle et mise sur Macron pour se retrouver dans le camp de la victoire. En outre, il y a les législatives derrière. Mais, plus profondément, l'émergence d'Emmanuel Macron a porté à son paroxysme le très vieux débat qui agite et sépare les socialistes à l'intérieur même du parti depuis près de trente ans, entre les tenants d'une ligne "à gauche" et ceux qui penchent davantage vers une sorte de "social libéralisme" - Benoît Hamon et Emmanuel Macron symbolisant ces deux tendances. Au lendemain des élections législatives, l'heure sera à la grande explication-clarification au sein du PS.

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*Graphique réalisé par Statista