La présidentielle inquiète les salariés et les employeurs

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  827  mots
Une très forte proportion de chef d'entreprise (32%) et de salariés (30%) estime qu"'aucun des candidats à la présidentielle est crédible pour relancer la croissance. Cependant, François Fillon est considéré comme le plus capable par 40% des chefs d'entreprise, devant Emmanule Macron (8%). Chez les salariés François Fillon arrive aussi en tête (14%), devant Emmanuel Macron (11%) et..Marine Le Pen (10%).
63 % des salariés et 51% des chefs d'entreprise ressentent un sentiment d'inquiétude en pensant à l'élection présidentielle, selon un sondage Cesi-Le Figaro-Ipsos.

Signe des temps et du pessimisme ambiant, l'élection présidentielle à venir a davantage tendance à déclencher un sentiment d'inquiétude que de l'espoir chez les salariés et les chefs d'entreprise. C'est ce qui ressort de la 11ème vague des résultats de l'enquête menée régulièrement par l'Observatoire social de l'entreprise, réalisé par Ipsos pour le compte du Cesi (groupe d'enseignement supérieur et de formation professionnelle,) en partenariat avec le Figaro. Certes, du côté employeurs, la volonté de réforme est toujours là. Ainsi, ils sont encore 58% à plaider pour une réforme en profondeur des règles qui s'appliquent aux entreprises et aux salariés (Code du travail, financement des retraites et de la protection sociale). Il n'en reste pas moins que ce nombre est en forte décrue depuis la dernière vague de 2015 avec une chute de 9 points. Selon Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, il faut sans doute interpréter ce reflux à la lumière des évènements qui se sont produits à l'occasion du vote de la loi El Khomri. Les chefs d'entreprise craignent que de nouvelles réformes conduisent de nouveau à de l'agitation. Du côté des salariés, la méfiance prévaut. Ils sont 44% à craindre d' « avoir plus à perdre qu'à gagner » d'éventuelles réformes.

Un sentiment de d'inquiétude et de méfiance

Et c'est peu dire que l'élection suscite de la crainte, notamment chez les salariés où la défiance à l'égard de la classe politique atteint des records, et où il existe un fort sentiment « de ne pas être représenté ». Le tableau est donc particulièrement sombre côté salariés. Ils sont 63% à mettre en avant une impression "d'inquiétude" vis-à-vis de cette élection. Viennent ensuite « la méfiance » (54%) et la "résignation" (34%). Le premier sentiment positif « l'espoir » n'arrive qu'en quatrième position (22%) dans la hiérarchie.

Chez les chefs d'entreprise, l'état d'esprit est cependant un peu meilleur. Certes, 51% ressentent un sentiment d'inquiétude quand l'on évoque l'élection présidentielle mais « l'espoir » arrive en deuxième position avec 42% des citations, ex-aequo avec la méfiance. « L'espoir » est en tête dans le secteur des services mais en retrait dans l'industrie (28%) et le bâtiment (33%).

Les chefs d'entreprise placent la fiscalité en numéro un des réformes à mener

Interrogés sur les thèmes prioritaires qui doivent marquer le prochain quinquennat, les chefs d'entreprise sont 69% à placer en tête la fiscalité, loin devant le chômage (31%), l'âge du départ à la retraite (28%) ou la durée hebdomadaire du travail (25%).

Pour les salariés, les priorités sont plus variées. La rémunération arrive en tête (50%). Puis viennent l'âge de la retraite (39%) et la sécurité de l'emploi (36%) et le chômage (35%).

Par ailleurs, l'enquête a soumis aux chefs d'entreprise et aux salariés un certain nombre de réformes pour savoir si, selon eux, elles permettraient de relancer la croissance et l'emploi. Une réforme de l'assurance chômage - proposée notamment par François Fillon - permettant la réduction des allocations est jugée très efficace par 75% des chefs d'entreprise, tout comme la suppression des 35 heures laissant le choix aux partenaires sociaux de négocier le temps de travail (72%) et la revalorisation de l'accord d'entreprise comme norme prioritaire (67%).

Bien entendu, du côté des salariés il y a davantage de réticences mais pas une fermeture totale. Ainsi, l'idée de faire de l'entreprise l'échelon prioritaire du dialogue social est considérée comme efficace par 66% des salariés, même s'ils ne sont que 36% à le souhaiter réellement. De même, le contrat de travail unique ou le travail du dimanche sont perçus comme étant des mesures efficaces par 62% des salariés... mais, il ne sont qu'un peu plus d'un salarié sur trois a réellement souhaiter que ces mesures soient mises en place. En revanche, toucher aux 35 heures ou retarder l'âge de la retraite ne sont pas des idées qui emportent l'adhésion d'une majorité.

Fillon préféré des Chefs d'entreprise... et des salariés

Salariés et chefs d'entreprise ont aussi été interrogées sur la personnalité présente à l'élection présidentielle, qui semblait la mieux à même de relancer la croissance. Et là, on mesure à quel point le scepticisme prévaut. 32% des chefs d'entreprise et 30% des salariés ont déclaré qu'aucun candidat ne trouvait grâce à leurs yeux... On mesure la défiance. François Fillon est celui qui est jugé le plus convaincant par les chefs d'entreprise, devant Emmanuel Macron (8%) et Marine Le Pen (4%). Du côté des salariés, l'éventail est plus resserré avec François Fillon qui arrive en tête (14%), devant Emmanuel Macron (11%) et Marine Le Pen (10%). Suivent Jean-Luc Mélenchon (5%) et Manuel Valls (4%)... C'est vraiment la grande déprime devant l'offre politique.