Les candidats au banc d'essai des PME

Par Fabien Piliu  |   |  636  mots
A l'applaudimètre, François Fillon a remporté la victoire face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan lors de la présentation de leur programme en faveur des PME.
Devant les adhérents de la CPME, François Fillon, Emmanuel macron, Marine Le Pen, et Nicolas Dupont-Aignan ont présenté leur programme en faveur des PME. Ils ont beaucoup de points communs.

Bien sûr, ce n'est que la traduction d'une émotion. Il faut donc se garder de toute conclusion nécessairement hâtive. Néanmoins, il faut bien admettre que François Fillon jouit d'une jolie cote de popularité auprès des dirigeants de PME. Est-ce parce qu'il connait actuellement, comme certains d'entre eux, la tourmente, la peur de l'échec, les affres de la solitude ? Peut-être.

De fait, invité comme Emmanuel macron, Marine Le Pen, et Nicolas Dupont-Aignan, à venir présenter son programme en faveur des PME par la CPME, le candidat de la droite et du centre a remporté la victoire à l'applaudimètre.

Les quatre candidats ayant répondu à l'invitation - Benoît Hamon s'est excusé de son indisponibilité, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot n'ont pas donné suite - se sont-ils réellement distingués ? Pas réellement. Tous classent la baisse des charges et la simplification au rang des priorités. Avec quelques différences techniques.

A chacun sa méthode

Seule la méthode différait. Marine Le Pen a déroulé son programme à coups de slogans et de phrases choc pour illustrer les défauts de la politique économique passée et actuelle, tapant alternativement sur Bruxelles et l'euro. Selon la présidente du front national, la monnaie européenne est la cause première des difficultés des PME tricolores. " Vous êtes les murs porteurs de l'économie française ", a-t-elle déclaré, sans réellement convaincre les dirigeants de PME.Est-ce parce que son programme est, à la virgule près - ou presque - identique à celui présenté en 2012 ?

Concrètement, que continue de proposer la candidate FN ? La création d'une guichet unique pour les PME, comparable à la Small business administration américaine (SBA), la suppression de la directive des travailleurs détachés, un accès privilégié des TPE-PME à la commande publique

Emmanuel Macron a opté pour une autre stratégie. Il a présenté, dans les grandes lignes, son projet de transformation de la société et de l'économie française, sans descendre dans les détails qui intéressent les PME au quotidien, si ce n'est en plaidant pour la stabilité et la lisibilité de la fiscalité.

Comme Marine Le Pen, Emmanuel Macron, et Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon souhaite transformer le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en allégements de charges pérennes, conformément à la volonté de... François Hollande. Comme eux et comme l'a déjà proposé le gouvernement actuel, il veut abaisser le taux de l'impôt sur les sociétés au niveau de la moyenne européenne, aux alentours de 25% des bénéfices. Comme Marine Le Pen, il veut orienter une partie des encours de l'assurance vie vers l'économie productive ( à hauteur de 3%, contre 2% pour sa rivale). Comme Emmanuel Macron, il veut que le dialogue social soit abaissé au niveau de l'entreprise et, à défaut, au niveau des branches, pour tenir compte des différences sectorielles, des problématiques liées à la taille des entreprises.

Des intentions aux actes

Que retenir de cet oral ? Comme en 2007, comme en 2012, les candidats placent les PME au centre de leur priorité quand ils ont des dirigeants de PME pour auditoire. Le problème, jusqu'à présent, comme le précisait à mots couverts François Asselin, le président de la CPME en introduction, c'est qu'une fois l'élection passée, les belles intentions se fracassent sur le mur de la réalité fiscale, sociale, réglementaire et communautaire. En 2012, le candidat François Hollande n'avait-il pas promis de moduler l'impôt sur les sociétés en fonction de la taille de l'entreprise avant de faire marche arrière, une fois élu, en raison du coût budgétaire de cette mesure ?