Que valent les propositions en faveur des PME ?

Qu'ils soient de droite, de gauche ou d'ailleurs, la très grande majorité des candidats à l'élection présidentielle formulent des propositions en faveur des PME et de leur développement. Mais ces mesures sont-elles correctement calibrées ?
Fabien Piliu
" Il s'agit de créer des conditions favorables à l'investissement, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ", a déclaré François Fillon, le candidat élu de la droite et du centre.

Quel est le point commun entre les candidats à la primaire de droite, ceux de la Belle alliance populaire (BAP), Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen entre autres candidats à l'investiture présidentielle ? La réponse tient en trois lettres : PME.

En effet, à défaut d'afficher un véritable programme spécifiquement dédié à ce type d'entreprises, tous ces prétendants accordent une place importante aux PME dans leurs discours de campagne. Pour la majorité d'entre eux, l'oral devant la CPME, l'ex-CGPME est un passage obligé.

"Il s'agit de créer des conditions favorables à l'investissement, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ", prévoit François Fillon, le candidat élu de la droite et du centre. " Les PME sont notre trésor national ", a déclaré Arnaud Montebourg, l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande. " Ce pays ne s'en sortira pas sans le soutien irremplaçable des PME », a pour sa part expliqué Manuel Valls. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il propose d'abaisser la pression fiscale qui freine leur développement.

Ce n'est pas la première fois que les PME s'attirent les bonnes grâces des candidats à l'élection présidentielle et ce, pour une raison simple. Alors que les grands groupes ont axé leur développement à l'international, les entreprises de moins de 250 salariés sont celles qui, dans l'imaginaire populaire dont s'imprègnent les candidats, ont créé le plus d'emplois dans l'Hexagone depuis trente ans.

Qui créé des emplois en France ?

Est-ce faux ? Selon la dernière photo du tissu d'entreprises de la sphère marchande non agricole, datée de 2012, 8 créations d'emplois sur 10 ont été observées dans les entreprises de moins de 250 salariés sur la période 2009-2012. Parce qu'elles sont avides d'embaucher, leurs carnets de commande étant copieusement garnis et leurs perspectives rayonnantes ? Pas vraiment. Si elles ont embauché plus que les ETI et les grands groupes, c'est simplement parce qu'elles sont plus nombreuses !

Selon l'Insee, les TPE de moins dix salariés rassemblent un peu moins de 3 millions de personnes, auxquelles il faut ajouter les indépendants (2,2 millions de personnes) et les 4,2 millions de salariés travaillant dans les PME au sens strict, c'est-à-dire les entreprises qui emploient moins de 250 personnes et réalisent moins de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires ou qui affichent un total bilan n'excédant pas 43 millions d'euros. Au total, ces trois groupes représentent 55% de l'emploi en France quand les ETI emploient 3,4 millions de salariés soit 20% des effectifs totaux et les grandes entreprises 4,5 millions d'emplois soit 25% du total.

Cette précision étant apportée, accorder la priorité aux PME, tout du moins dans les discours, a-t-il tant de sens ?

Quelle est la cible ?

Tout dépend de la cible de la politique économique du gouvernement. " Il est vain de se focaliser sur les PME si on ne fait pas différence entre les différentes composantes d'entreprises de moins de 250 salariés ", explique Yann Laroche, le président de l'association Ariane qui fait la promotion du développement des PME. " Au nombre de 900.000, les TPE sont infiniment plus nombreuses que les PME, qui ne sont que 140.000 ", poursuit-il, tout en remettant en cause l'efficacité du soutien public aux PME.

" Traiter les PME pour elles-mêmes, à part des TPE et des ETI, peut apporter des informations inédites. C'est ce que laisse penser une enquête TNS Sofres certes datée puisque réalisée en 2012 à l'initiative d'Ariane dont les enseignements restent d'actualité. Effectuée auprès de 1.000 dirigeants de PME, cette enquête a fait ressortir que les entreprises de ces dirigeants étaient indépendantes à 75% dans la tranche de 50 à 100 salariés alors que dans la tranche de 200 à 250 salariés, elles étaient dans 84% des cas des filiales de grandes entreprises. On pourrait alors penser qu'en se développant, les PME françaises finissent par être absorbées par des grandes entreprises. Cette filialisation conduit d'ailleurs à s'interroger sur l'efficacité du soutien aux PME qui profite de fait à des grands groupes qui n'en n'ont pas réellement besoin », précise Yann Laroche.

Une politique adaptée ?

Dans une étude récente, Xavier Mirlicourtois chez Xerfi remet également en cause le dogme « tout-PME ».

Bien entendu, les microentreprises, sont massivement indépendantes : 20% de l'emploi salarié qui s'y rattache relève donc de structures indépendantes. Mais au-delà de ce seuil, la proportion des entreprises gravitant dans le giron d'un groupe augmente : 43% des PME et 98 % des ETI. Résultat, si les PME représentent 28% de l'emploi salarié marchand en France, 16% « seulement » se rattache à des entités indépendantes. Finalement, en y intégrant les ETI et les grandes entreprises, les entreprises indépendantes représentent 37% de l'emploi salarié. En grossissant volontairement un peu le trait, l'analyse montre que près des 2/3 de l'emploi salarié marchand en France dépend de firmes multinationales, françaises ou étrangères ou de groupes nationaux », précise l'économiste.

Que retenir de cette batterie de statistiques ? Un enseignement majeur semble se détacher. Tant que la distinction entre les différentes composantes des entreprises de moins de 250 salariés, qui relèvent toutes de problématiques de développement différentes ne sera pas faite, la politique publique en faveur des PME ne pourra porter pleinement ses effets, que ce soit dans le domaine du financement, de la fiscalité, du soutien à l'innovation ou à l'exportation.

Fabien Piliu
Commentaires 4
à écrit le 19/01/2017 à 18:36
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Sous le gouvernement Fillon:la taxe professionelle a été remplacée par la cotisation foncière des entreprises.Un indépendant qui travaille a domicile (sans locaux pro)paye un forfait minimum pour avoir le droit de travailler.C'est a ces petits détail...

à écrit le 19/01/2017 à 17:15
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Pour favoriser l'exportation, il faut réduire les prélèvements sur les entreprises et les basculer sur la consommation d'énergie, y compris celle des ménages. Quand le comprendrons nous?

à écrit le 19/01/2017 à 16:25
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Le constat que les Français font, c'est que les gouvernements Chirac_Raffarin puis Sarkozy_Fillon et Hollande_VallsMacron n'ont pas cessé de casser l'industrie, d'organiser le déclin Conclusion, pour l'industrie, il est requis d'éviter d'...

à écrit le 19/01/2017 à 15:50
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Très bon article merci. On peut donc conclure également qu'au final on traite les PME et les indépendants comme les pauvres, on leur promet monts et merveilles pour qu'au final en fait ils n'aient plus que des mots à se coltiner. C'est comme ...

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