Présidentielle 2017 : la presse internationale salue "les petits candidats"

Par Sasha Mitchell  |   |  493  mots
El Pais décrit notamment la sortie de Philippe Poutou face à Marine Le Pen sur l'absence "d'immunité ouvrière" et son refus de poser sur la "photo de famille" avant le débat.
"Long", "chaotique", "exemple de démocratie", le débat à onze de mardi soir a suscité des réactions contrastées dans la presse internationale. Les observateurs se rejoignent en revanche sur un point : à l'issue de cet exercice politique et médiatique inédit, rien n'est joué.

Inédit en France, suivi à l'étranger. Le débat entre les onze candidats à la présidence de la République a attiré l'œil un brin intrigué des observateurs internationaux. Européens, surtout, inquiets de la perspective d'une présence de Marine Le Pen sur le perron de l'Elysée au lendemain du 7 mai.

Premier constat, du Guardian, "c'était long". Près de quatre heures d'échanges, conclus à minuit (bien) passée. "C'était historique, (...), parfois chaotique (...) mais globalement civilisé. Par dessus tout, le second débat présidentielle était un exemple de démocratie en action", poursuit le quotidien britannique classé au centre-gauche, qui relève au passage "l'égalité (en français dans le texte) dans sa forme la plus stricte" du format choisi par BFMTV et C News.

"Chaotique", le terme revient aussi dans les colonnes du Times, toujours outre-Manche. Le journal conservateur insiste sur les attaques des candidats moins bien classés dans les sondages, contre les gros :

"Dans le seul forum avec onze candidats, François Fillon et Marine Le Pen ont été sujets à des attaques verbales jamais vues dans les confrontations plus sobres observées jusqu'ici dans la campagne."

Petits candidats et abstention

"L'heure des 'petits candidats'", salue, dans le même esprit, El Pais. Le quotidien espagnol décrit notamment la sortie de Philippe Poutou face à Marine Le Pen sur l'absence "d'immunité ouvrière" et son refus de poser sur la "photo de famille" avant le débat. "Au moins un tiers des électeurs n'ont pas encore décidé pour qui ils comptent voter ou pensent qu'ils peuvent changer d'avis au dernier moment", commente encore la journaliste Silvia Ayuso.

L'abstention et le doute, sujets également traités en Allemagne par Deustche Welle (à travers un reportage dans un bar parisien), qui estime que le débat n'a pas vraiment servi à "séduire les électeurs indécis". La faute à un plateau "saturé, qui empêchait les candidats de rentrer dans le vif du sujet""Le regard souvent dans le vide, Fillon avait l'air de s'ennuyer, ou [se montrait] du moins plus effacé que lors du premier débat", observe même le média international allemand.

Outre-Atlantique, la présence des onze candidats sur le plateau a quelque peu perturbé le New York Times, qui informe ses lecteurs qu'une règle "inhabituelle" autorise chaque candidat ayant reçu 500 parrainages d'élus à se présenter. Résultat, "les favoris ont partagé la scène avec plusieurs candidats obscures, dont la plupart devraient recueillir moins de 1% des voix". Sur ses gardes face aux enquêtes d'opinion depuis l'élection imprévue de Donald Trump en novembre dernier, le journal new-yorkais prévient que "même si les sondages produisent des résultats similaires [de semaine en semaine], le vote surprise en faveur du Brexit l'an dernier [...] jette l'incertitude sur la course à la présidence".

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