Allemagne : le gouvernement voit sa prévision de croissance pour 2024 s'effondrer

Par latribune.fr  |   |  689  mots
L'actualisation de la prévision de croissance intervient alors que l'Allemagne est confrontée à une crise politique d'ampleur, entre les trois partis du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz. (Crédits : FABRIZIO BENSCH)
Confirmant les informations de la presse, le gouvernement allemand a bel et bien abaissé sa prévision de croissance économique. L'exécutif outre-Rhin prévoit désormais une hausse 0,2% de son PIB, contre 1,3% précédemment.

Le gouvernement allemand a fortement abaissé mercredi sa prévision de croissance économique pour l'année en cours, tablant désormais sur une hausse de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) contre 1,3% précédemment, sur fond de crise multifactorielle touchant la première économie européenne.

« En ce début d'année, l'économie allemande se trouve toujours dans une situation difficile », a commenté lors d'une conférence de presse Steffen Hebestreit, porte-parole du gouvernement.

Cette annonce intervient alors que, l'an dernier, le PIB s'était contracté de 0,3%. Les secousses subies par l'économie allemande résultent de la conjugaison de plusieurs facteurs. Depuis le début de la guerre en Ukraine - soit deux ans, le conflit ayant démarré le 24 février 2022 -, l'industrie souffre des coûts de l'énergie trop élevés avec la fin des livraisons de gaz russe. Le resserrement de la politique monétaire européenne - visant à lutter contre l'inflation - a aussi freiné la demande et les investissements.

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L'industrie réclame plus de soutien

Quant aux débouchés extérieurs - l'Allemagne étant une puissance exportatrice -, force est de constater que le commerce international pâtit, notamment, de la Chine au ralenti. Résultat, l'Allemagne ne parvient pas à compenser la faiblesse de sa demande domestique et à maintenir le haut niveau d'exportation qui faisait pourtant la force de son économie.

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A cela s'ajoute une transition climatique difficile pour de nombreuses branches. Certaines estiment en effet qu'elles n'ont pas autant de subventions que leurs concurrents, notamment américains via l'Inflation Reduction Act. Une soixantaine de groupes industriels européens a d'ailleurs publié lundi un appel aux dirigeants de l'UE demandant des mesures de soutien. Parmi eux, les géants allemands de la chimie BASF, Bayer et Covestro. Ce secteur a connu l'an dernier une chute de 8% de sa production et de 12% de ses revenus.

Crise politique accrue

L'industrie automobile, autre pilier majeur en Allemagne, souffre du ralentissement des ventes de véhicules électriques. Et pour cause, le gouvernement a raboté les aides publiques à l'achat.

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La révision de la prévision de croissance devrait accentuer la crise politique en cours en Allemagne. Jusqu'à présent, les partis de la coalition au pouvoir, qui allie sociaux-démocrates, écologistes et libéraux, se déchirent sur les réponses à apporter. Un texte prévoyant des mesures fiscales pour les entreprises est l'objet d'âpres négociations depuis des mois.

Dans la dernière version, la somme des allégements proposés, initialement de sept milliards d'euros, a été réduite de moitié face à l'opposition des régions, qui craignent pour leurs budgets. Pour rappel, le « frein à l'endettement », inscrit dans la Constitution allemande, limite le déficit public annuel à 0,35% du PIB.

La France révise aussi à la baisse sa croissance 2024

En France aussi, la croissance devrait finalement être moins bonne que prévue. Bruno Le Maire a révisé les chiffres à la baisse. Alors qu'il tablait sur une hausse de PIB de 1,4% cette année, lors de sa précédente estimation, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire vise maintenant croissance de 1% a-t-il annoncé dimanche dernier au 20 heures de TF1, en raison du « contexte géopolitique » lié à la guerre en Ukraine, au Moyen-Orient, au « ralentissement économique très marqué en Chine » et  à « une récession en 2023 en Allemagne ».

En réponse au scénario d'une croissance plus faible -signifiant moins de recettes fiscales pour l'Etat- couplée à une dégradation des comptes publics, Bruno Le Maire a annoncé, dimanche, la mise en place dans les jours qui viennent d'un plan d'économies de 10 milliards d'euros. « Moins de recettes ça doit nous amener à moins de dépenses pour tenir notre objectif de 4,4% de déficit en 2024 », a-t-il affirmé ce lundi au cours d'un échange avec la presse.

(Avec AFP)