G20 : le tête-à-tête Macron-Johnson tourne au vinaigre, le conflit sur la pêche pas désamorcé

Par latribune.fr  |   |  899  mots
Selon le compte-rendu de la rencontre publié par Downing Street, le dirigeant britannique a "réitéré sa profonde préoccupation au sujet de la rhétorique du gouvernement français ces derniers jours", citant notamment les propos du Premier ministre français Jean Castex selon lesquels "le Royaume-Uni devrait être puni pour avoir quitté l'UE". (Crédits : Reuters)
Pour la première fois depuis la crise des sous-marins australiens et dans ce contexte de tensions exacerbées entre les deux pays sur la pêche, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Boris Johnson réussissaient à s'entretenir pendant une demi-heure en tête-à-tête dimanche matin, au second jour du G20 à Rome. Mais, patatras, la partie britannique conteste la version de l'entretien du compte-rendu français. Sans parler du discours punitif et des menaces françaises qui ne passent décidément pas.

Vendredi 29 octobre, le jour où Londres convoquait l'ambassadrice de France après les mesures de rétorsion de la France dans le conflit des licences de pêche, le porte-parole de Boris Johnson annonçait que le Premier ministre britannique prévoyait de discuter avec le président français Emmanuel Macron en marge du sommet du G20 ce week-end à Rome.

"Nous prévoyons que le Premier ministre et le président Macron se voient en marge du G20" (...) "Il abordera toute une série de sujets", a-t-il déclaré en ajoutant que la France restait un allié proche et solide de la Grande-Bretagne.

Pourtant, samedi, le Premier ministre britannique Boris Johnson, faisait monter encore la pression en se plaignant auprès de la cheffe de l'exécutif européen Ursula von der Leyen des menaces "complètement injustifiées" de Paris à propos des licences de pêche. Il déclarait aussi que Londres envisageant "activement" pour la première fois une procédure, en faisant appel à un outil de règlement des conflits prévu dans les accords post-Brexit avec l'UE.

De son côté, le président français mettait lui aussi de l'huile sur le feu en estimant dans une interview publiée par le Financial Times vendredi soir que la "crédibilité" du Royaume-Uni était en jeu, l'accusant de vouloir modifier certaines parties d'un traité signé l'année dernière, notamment sur les droits de pêche.

Ce qui était dans le droit fil de la lettre du Premier ministre français adressée auparavant à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, dans laquelle Jean Castex jugeait "indispensable de montrer clairement aux opinions publiques européennes que le respect des engagements souscrits n'est pas négociable et qu'il y a davantage de dommages à quitter l'Union européenne qu'à y demeurer".

Un discours punitif qui avait particulièrement courroucé Londres.

Et pourtant, la rencontre en tête-à-tête a finalement lieu...

Et pourtant, pour la première fois depuis la crise des sous-marins australiens et dans ce contexte de tensions exacerbées entre les deux pays sur la pêche, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Boris Johnson réussissaient à s'entretenir pendant une demi-heure en tête-à-tête dimanche matin, au second jour du G20 à Rome.

Selon Downing Street et l'Elysée, la discussion devait surtout porter sur le climat, alors que les deux dirigeants doivent rejoindre Glasgow dans la foulée pour participer dès lundi à la COP26, le sommet mondial sur le climat qui s'est ouvert ce dimanche.

Cependant, ils devaient aussi évoquer les sujets de friction liés au Brexit, en premier lieu le dossier épineux de la pêche. Mais contrairement aux autres bilatérales, aucun média n'a pu assister au début de la rencontre.

... mais débouche sur un status quo, la guerre de la pêche pas désamorcée

Mais les deux parties ont publié à la fin de la rencontre chacun un compte-rendu. Patatras, les compte-rendus ne sont pas raccord. La posture adoptée dimanche par le Royaume-Uni diffère très nettement du compte-rendu français. La partie britannique utilisant quasiment la réthorique de la fin de non-recevoir.

Ainsi, le gouvernement britannique a clairement contesté le compte-rendu français à l'issue de l'entretien entre Boris Johnson et Emmanuel Macron, affichant sa fermeté face à la France dans le conflit sur les licences de pêche post-Brexit, et affirmant que sa position "n'a pas changé".

"Si le gouvernement français veut se présenter avec des propositions pour une désescalade par rapport aux menaces qu'ils ont formulées, elles seront les bienvenues", a déclaré le porte-parole du Premier ministre britannique à des journalistes au sommet du G20 à Rome. (...) "Notre position n'a pas changé", a ajouté le porte-parole du dirigeant britannique conservateur.

De son côté, la présidence française, à l'issue de l'entretien dimanche matin à Rome, donnait l'impression d'une voie d'amélioration, affirmant que les deux dirigeants ont décidé de travailler sur "des mesures pratiques" à prendre dans "les tout prochains jours" pour favoriser "une désescalade".

Le Royaume-Uni continuera l'examen des demandes de licences

Le porte-parole de Boris Johnson a indiqué, lui, que le Royaume-Uni continuerait à examiner les demandes des bateaux français d'obtenir des licences de pêches sur la base de données, pas de menaces.

"Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement français et les pêcheurs qui ont les données requises. Il n'y a aucun autre travail à faire", a déclaré le porte-parole de Boris Johnson.

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Londres ne digère pas les menaces et le discours punitif de Paris

Selon le compte-rendu de la rencontre publié par Downing Street, le dirigeant britannique a "réitéré sa profonde préoccupation au sujet de la rhétorique du gouvernement français ces derniers jours", citant notamment les propos du Premier ministre français Jean Castex selon lesquels "le Royaume-Uni devrait être puni pour avoir quitté l'UE".

"Boris Johnson a exprimé son espoir d'une désescalade de la rhétorique du gouvernement français" et que celui-ci "retire ses menaces".

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