Avec sa croissance record en 2021, le Royaume-Uni champion d'Europe

Par latribune.fr  |   |  927  mots
« L'économie britannique a connu en 2021 sa plus forte croissance depuis la Seconde Guerre mondiale », d'après Yael Selfin, cheffe économiste de KPMG UK. (Crédits : POOL New)
Le Royaume-Uni a enregistré une croissance record de 7,5% en 2021 après une contraction historique de 9,4% en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19. L'économie britannique fait mieux que la France, l'Allemagne, l'Italie et même l'Espagne. Mais l'année 2022 s'annonce déjà plus compliquée.

Malgré une fin d'année difficile pour l'économie britannique, face à l'émergence du variant Omicron et les restrictions prises pour essayer de le stopper, 2021 a marqué le retour de la croissance de son PIB. Avec +7,5%, c'est même un record qu'a connu le pays, après une contraction en 2020 particulièrement élevée (-9,4%), le pays ayant été l'un des plus endeuillés par la pandémie de Covid-19 et ayant subi des mois de confinement strict.

Le ministre de l'Économie et des Finances, Rishi Sunak, a loué une économie « remarquablement résiliente » avec une croissance britannique « la plus rapide du G7 cette année ».

« Omicron a un peu ébréché la reprise », mais, dans l'ensemble, « l'économie britannique a connu en 2021 sa plus forte croissance depuis la Seconde Guerre mondiale, rebondissant après la récession engendrée par la pandémie de Covid-19 », indique Yael Selfin, cheffe économiste de KPMG UK.

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Fin d'année ébréchée

Pour le seul quatrième trimestre, le PIB britannique a augmenté de 1% malgré l'arrivée de la vague du variant Omicron, après une hausse similaire au troisième trimestre, (chiffre révisé à la baisse), a indiqué ce vendredi 11 février l'Office national des statistiques (ONS).

Pour le seul mois de décembre, où l'impact du variant Omicron s'est fait ressentir, frappant particulièrement le commerce et l'hôtellerie-restauration en pleine saison des fêtes de Noël, le PIB s'est effrité de 0,2%, se maintenant malgré cela à un niveau comparable à celui de février 2020, avant la pandémie. Pour le trimestre, le rattrapage de la croissance n'est pas encore total comparé aux trois derniers mois de 2019.

« Si le pire de l'impact semble passé, les entreprises font encore face à des pénuries d'approvisionnement et à des pressions sur les coûts tandis que les ménages sont confrontés à une crise du coût de la vie », commente Rain Newton-Smith, cheffe économiste de l'organisation patronale CBI.

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Les mois à venir « pourraient décevoir »

Yael Selfin s'attend à ce que la croissance « rebondisse à partir de ce mois-ci avec une augmentation du PIB en 2022 qui devrait atteindre 3,7% ». Une prévision proche de celle de la Banque d'Angleterre (BoE) qui anticipe 3,75%.

L'économiste reconnaît cependant que les mois à venir « pourraient décevoir » au regard d'une inflation au plus haut depuis trente ans dans le pays à 5,4%, et des pressions sur les ménages entre hausse des impôts et des prix. Selon la BoE, l'inflation pourrait accélérer pour culminer à 7,25% en avril, largement à cause de la flambée de l'énergie, avant de redescendre vers 5% au fil de l'année.

Pour Paul Dales, de Capital Economics, « une chute de 2% du revenu disponible réel des ménages cette année, à cause des hausse d'impôts et de l'inflation, va contraindre la croissance à partir d'avril ». Et d'ajouter : « Mais vu la flambée de l'inflation, cela ne devrait pas empêcher la BoE de relever son taux directeur de 0,5% actuellement à 1,25% cette année, voire à 2% l'an prochain ».

La forte inflation que connaît actuellement le Royaume-Uni est commune à l'ensemble de la zone euro. Jeudi 10 février, la Commission européenne a estimé qu'elle devrait atteindre 3,5% cette année pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique. Un chiffre bien plus élevé que sa précédente estimation (2,2%) et que l'objectif de 2% de la Banque centrale européenne (BCE).

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Le Royaume-Uni meilleur que ses voisins européens

À titre de comparaison, pour l'année 2021, le PIB français a rebondi de +7%, la plus forte croissance annuelle enregistrée depuis plus de 50 ans par l'Hexagone, après son plongeon de -8% en 2020, lui aussi historique. Les chiffres italiens sont plutôt identiques : +6,5% en 2021 après -8,9% en 2020.

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Côté allemand, les résultats 2021 ont déçu : le PIB a augmenté de +2,7%, après avoir limité la casse en 2020 avec une baisse de -4,9%. La raison est multiple d'après l'institut Destatis : l'augmentation des pénuries d'approvisionnement et de matériel, la quatrième vague de Covid-19 et un nouveau renforcement des mesures sanitaires.

Le Royaume-Uni fait également mieux que l'Espagne, qui s'est particulièrement bien remise de sa chute de -10,8% de 2020: la péninsule ibérique enregistre en effet une croissance de +5%, néanmoins inférieure aux estimations du gouvernement qui misait sur +6,5%.

Ombres sur la croissance de la zone euro en 2022

De façon globale, le PIB de la zone euro a grimpé de +5,2% en 2021, un niveau qui n'avait jamais été aussi élevé depuis le début de la série statistique lancée en 1996 par l'institut européen Eurostat.

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Ces bons résultats annoncés en janvier sont néanmoins ternis par les estimations de l'année 2022. La Commission européenne a en effet abaissé ses prévisions ce jeudi 10 février à +4%, alors qu'elle tablait jusque-là sur une hausse de +4,3% du PIB dans la zone euro. Dans le détail, le PIB est attendu en hausse à 3,6% pour le France, contre 3,8% auparavant, à 3,6% également pour l'Allemagne, contre 4,6%, et à 4,1% pour l'Italie contre 4,3%. Les estimations pour l'Espagne restent quant à elles stables (à 5,6% contre 5,5%).

(Avec AFP)