Euclide Tsakalotos remplace Varoufakis au ministère des Finances grec

Par Laszlo Perelstein  |   |  521  mots
Ce diplômé d'Oxford, fils de bonne famille, a gardé de son éducation un "inimitable accent anglais".
La démission du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a laissé le champ libre à ce diplômé d'Oxford, actuellement chef des négociateurs. De tendance marxiste, il est décrit comme quelqu'un d'"aimable" et "discret", mais suit la ligne politique de Syriza, dont il compte parmi les élus à l'Assemblée.

Après avoir remplacé Yanis Varoufakis en avril pour mener les négociations avec les créanciers de la Grèce, Euclide Tsakalotos lui succède à la tête du ministère grec des Finances après sa démission annoncée ce matin. Pressé par la cohorte de journalistes devant son ministère, Yanis Varoufakis a lancé le premier le nom de celui qui été encore alors vice-ministre des Affaires étrangères chargé des questions économiques :

"Je vous verrai demain avec Euclide. [...] J'espère que c'est Euclide", selon des propos rapportés par l'agence grecque ANA.

Sa nomination est interprétée comme un geste de paix envers les créanciers du pays, alors que l'Europe s'enflamme sur les conséquences du référendum grec de dimanche 5 juillet, qui s'est soldé par un large rejet du plan de mesures demandé par les créanciers pour débloquer une nouvelle aide financière à la Grèce.

Un homme discret

Né en Hollande mais ayant été éduqué en Angleterre, Euclide Tsakalotos est connu pour sa personnalité discrète dont les propos sont moins tranchés que ceux de son prédécesseur. Décrit par le Guardian comme "aimable, discret et professoral" -il a enseigné en Angleterre, dans le Kent, et à Athènes-, n'ayant pas le "narcissisme sans borne" de Yanis Varoufakis, ce diplômé d'Oxford, fils de bonne famille, a gardé de son éducation un "inimitable accent anglais".

Âgé de 55 ans, il a été élu député sous l'étiquette Syriza aux législatives grecques de mai 2012. Réélu lors de la large victoire du parti radical de gauche en janvier 2015, Euclide Tsakalotos est présenté comme "le cerveau économique" de ce parti opposé à la caste traditionnelle par le rédacteur en chef Économie de Channel 4 News, Paul Mason.

Refus d'obéir à l'élite de l'Europe

Dans son ouvrage, Crucible of Résistance  Greece, the Eurozone and the World Economic Crisis (Épreuve de résistance : la Grèce, la zone euro et la crise économique mondiale), publié en 2013, Euclide Tsakalotos, d'inspiration marxiste, montre que la crise grecque n'est "pas le résultat d'un sous-développement, ou l'échec de l'instauration de réformes structurelles néolibérales".

Au contraire, selon lui, loin d'être à la traîne économiquement, la Grèce a subi deux décennies de modernisation néo-libérale avant la crise financière de 2008, qui ont provoqué le creusement des inégalités sociales et le déficit démographique, résume le Telegraph.

Dans un entretien accordé à Libération le 17 juin, il avait regretté que "les interlocuteurs [de la Grèce] n'évoluent pas", faisant "toujours les mêmes propositions". Les Grecs, expliquait-t-il alors, souhaitent qu'on leur "laisse tenter une recette différente", avec plus de souplesse. Et plus loin de s'interroger :

"Les Européens, notamment le gouvernement français, doivent choisir : l'Europe peut-elle s'accommoder d'un gouvernement dont le programme n'est pas conforme à l'idéologie dominante ? [...] Si c'est le cas, le message à tous les Européens serait le suivant : en Europe, vous pouvez faire tout ce que vous voulez à condition d'obéir à l'élite de l'Europe."