Face à la grogne sociale, l'Allemagne accorde des hausses de salaire au secteur public

Par latribune.fr (avec AFP et Reuters)  |   |  532  mots
Les transports ferroviaires publics allemands étaient à l'arrêt vendredi dernier. (Crédits : THILO SCHMUELGEN)
Après les salariés de l'industrie fin 2022, c'est au tour des fonctionnaires et salariés du public d'obtenir une augmentation généralisée pour compenser l'inflation galopante en Allemagne. Le pays devrait éviter un durcissement du mouvement social, même si plusieurs négociations sont encore en cours.

Après plusieurs semaines de négociations, les fonctionnaires et salariés de l'Etat et des communes en Allemagne ont obtenu une augmentation de leur rémunération. La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, et le syndicat Verdi ont annoncé la signature d'un accord tarifaire dans la nuit de samedi à dimanche. Celui-ci doit permettre d'atténuer les effets de l'inflation avec des mesures progressives jusqu'en 2024. Cet accord doit mettre fin au mouvement social qui s'est emparé du secteur public en Allemagne depuis plusieurs semaines, en réaction à la forte hausse des prix.

L'accord a été conclu pour une durée de deux ans. Il prévoit une hausse de salaire de 5,5%, ou au moins de 340 euros par mois, pour les 2,5 millions de travailleurs de l'Etat et des communes. Celle-ci sera mise en place à partir de mars 2024. En attendant, une compensation de l'inflation d'un montant de 3.000 euros doit être versée en plusieurs tranches. Exonérée d'impôts, cette mesure sera effective dès juin 2023.

Cela doit partiellement compenser l'inflation qui s'envole en Allemagne ces derniers mois. Comme le rapporte l'AFP, un pic de 10,4% sur un an a été atteint en octobre, tendant les négociations salariales annuelles dans les différents secteurs d'activité.

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Négociations compliquées

« Nous sommes parvenus à un accord tarifaire responsable », s'est félicitée Nancy Faeser, qui est chargée de la fonction publique fédérale. « En décidant d'accepter ce compromis, nous sommes allés jusqu'à la limite tolérable », a pour sa part déclaré Frank Werneke, président du syndicat unifié des services (Verdi), qui représente les salariés du public, dans un communiqué.

Comme le laissent entendre les propos du dirigeant syndical, cela n'a pas été sans mal, avec plusieurs semaines de négociations sans résultats et une procédure d'arbitrage. Verdi et la fédération des fonctionnaires réclamaient ainsi une hausse des salaires de 10,5 %, et au moins 500 euros par mois sur une durée de douze mois. Des montants difficilement entendables pour les communes.

La séquence a été ponctuée depuis le début de l'année par des mouvements de grèves, avec plusieurs journées de mobilisation et d'arrêts de travail dans de nombreux services fédéraux et locaux : poste, transports ou hôpitaux. Cet accord doit permettre d'éviter un durcissement du mouvement social.

Celui-ci n'est néanmoins pas terminé, avec des discussions tarifaires qui se poursuivent dans d'autres secteurs. C'est le cas du ferroviaire où les cheminots ont observé vendredi une demi-journée de grève, qui a mis quasiment à l'arrêt les services du groupe ferroviaire public Deutsche Bahn, ou de l'aérien. Après un mouvement qui a affecté les aéroports de Düsseldorf, de Hambourg et de Cologne-Bonn jeudi et vendredi, avec l'annulation d'environ 700 vols, c'est au tour de Berlin lundi avec une grève des agents de sécurité à l'appel du syndicat Verdi.

Fin 2022, ce sont près de 4 millions de salariés allemands de l'industrie qui avaient décroché une hausse de salaire de 8,5 % sur deux ans.