Allemagne : pas de crainte sur la sécurité énergétique malgré l'arrêt des derniers réacteurs nucléaires

La sécurité énergétique est « assurée » en Allemagne malgré la mise à l'arrêt définitif des trois dernières centrales nucléaires du pays ce samedi, a assuré le gouvernement qui met en avant le niveau de remplissage élevé de ses réservoirs de gaz, en réponse aux nombreuses craintes suscitées ces derniers mois et jours par ces fermetures. Les ministres de l'Environnement et de l'Économie soulignent, par ailleurs, que cette décision rendra le pays « plus sûr ».
Au total depuis 2003, 16 réacteurs ont été fermés en Allemagne.
Au total depuis 2003, 16 réacteurs ont été fermés en Allemagne. (Crédits : Reuters)

Malgré ces derniers mois marqués par une crise énergétique, l'Allemagne met en œuvre la décision prise en 2002 de sortir du nucléaire. Les trois derniers réacteurs nucléaires en activité dans le pays - Emsland au nord, Isar 2 au sud, et Neckarwestheim 2 à l'ouest - vont être définitivement éteints ce samedi 15 avril.

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« La grande disponibilité de l'approvisionnement énergétique en Allemagne reste assurée », ont toutefois assuré les ministres allemands de l'Environnement et de l'Économie dans un communiqué ce jeudi. « La sortie du nucléaire rend notre pays plus sûr, car les risques de l'énergie nucléaire ne sont pas maîtrisables », a ajouté la première ministre, Steffi Lemke.

La fermeture de ces derniers réacteurs aura toutefois été repoussée de quelques semaines, puisqu'elle était initialement prévue au 31 décembre dernier. La guerre en Ukraine qui a provoqué l'hiver dernier l'envolée des prix du gaz et fait craindre des pénuries d'approvisionnement, avait, en effet, convaincu le gouvernement d'Olaf Scholz de prolonger l'exploitation des réacteurs pour sécuriser l'approvisionnement jusqu'à la mi-avril.

Craintes pour l'approvisionnement du pays...

Pour garantir la sécurité énergétique, Berlin met en avant « le niveau de remplissage élevé des réservoirs de gaz du pays » (64,5%), grâce à l'importation massive de gaz naturel liquéfié (GNL) visant à remplacer le gaz russe dont la première économie européenne était très dépendante.

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Mais les craintes, nombreuses ces derniers mois, étaient encore présentes ces derniers jours. Au sein même de la coalition au pouvoir en Allemagne, des membres du parti libéral FDP, dont le président Christian Lindner qui occupe le ministère des Finances, ont demandé une nouvelle prolongation des centrales. « C'est une erreur stratégique, dans un environnement géopolitique toujours tendu », a ainsi asséné le secrétaire général du FDP, Bijan Djir-Sarai, lundi. Ce à quoi Robert Habeck, le ministre de l'Économie et du Climat a rétorqué ce jeudi : « Nous restons fidèles à la sortie de l'atome qu'ont décidé le FDP et la CDU en 2011 ».

À cette époque en effet, le gouvernement d'Angela Merkel - mené par la CDU allié avec le FDP - avait décidé d'accélérer la sortie du nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima. Cet événement a montré que « même dans un pays de haute technologie comme le Japon, les risques liés à l'énergie nucléaire ne peuvent être maîtrisés à 100% », avait alors justifié l'ex-chancelière à l'époque.

Au total depuis 2003, 16 réacteurs ont été fermés en Allemagne. Les trois dernières centrales ont fourni 6% de l'énergie produite dans le pays l'an dernier, alors que le nucléaire représentait 30,8% en 1997.

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... mais aussi pour le climat

Ces fermetures ont également suscité des réactions de plusieurs figures politiques qui ont dit craindre pour les objectifs climatiques de l'Allemagne et l'indépendance énergétique du pays privé de l'énergie atomique. « C'est un jour noir pour la protection du climat », a déclaré mardi Jens Spahn, chef de file des conservateurs de la CDU au Parlement.

Si la part des renouvelable dans le mix de production du pays a progressé ces vingt dernières années, atteignant 46% en 2022 contre moins de 25% dix ans plus tôt, le rythme est trop lent aux yeux du gouvernement et des défenseurs de l'environnement. Ainsi, l'Allemagne n'atteindra pas ses objectifs climatiques sans un sérieux coup de collier. Ces objectifs « sont déjà ambitieux sans la sortie du nucléaire - or chaque fois qu'on se prive d'une option technologique, on rend les choses plus difficiles », note Georg Zachmann, spécialiste des questions d'énergies pour le cercle de réflexion bruxellois Bruegel.

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L'Allemagne doit installer « 4 à 5 éoliennes chaque jour » au cours des prochaines années pour couvrir ses besoins, a prévenu Olaf Scholz. La marche est haute comparée aux 551 unités posées en 2022. Une série d'assouplissements réglementaires adoptés ces derniers mois doit permettre d'accélérer le tempo.

L'équation est encore plus complexe compte-tenu de l'objectif d'arrêter toutes les centrales à charbon du pays d'ici 2038, dont un grand nombre dès 2030. Cette énergie fossile représente d'ailleurs encore un tiers de la production électrique allemande, avec une hausse de 8% l'an dernier pour compenser l'absence de gaz russe.

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(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 14/04/2023 à 7:58
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l'europe encourage l'allemagne a ce servir du charbon et ne penalise pas ce pays par des mesures de rétorsion comme elle oblige a la france des penalites pour pollutions et m macron est d'un silence affligeants encore une fois il trahis les fran...

à écrit le 13/04/2023 à 20:02
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Les allemands , ils ont du charbon et polluent allègrement la planète. On se demande si les énergies renouvelables qui produisent du courant d'une manière alternative vont pouvoir satisfaire les voitures électriques pesant 4 tonnes en électricité.

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