Grèce : quelles seront les prochaines étapes ?

Par latribune.fr  |   |  795  mots
Après l'annonce de la conclusion d'un accord, la BCE pourrait désormais relever le plafond des liquidités d'urgence au bénéfice des banques grecques, qui sont fermées depuis le 29 juin.
Après la conclusion d'un accord lundi matin, la reprise des négociations pour le déclenchement d'un troisième programme d'aide est néanmoins suspendue au vote des Parlements nationaux de la zone euro. En attendant, l'Eurogroupe et la BCE doivent se réunir dans la journée pour adopter des mesures d'urgence.

Article publié le 13 juillet, à 10h09, actualisé à 14h42

L'accord auquel sont parvenus lundi matin les chefs d'Etat et de gouvernement sur un troisième plan d'aide internationale à la Grèce, au terme d'une négociation marathon n'est qu'un début. Plusieurs autres étapes doivent être franchies dans les prochaines semaines avant le déclenchement d'un troisième programme d'aide (depuis 2010) via le Mécanisme européen de stabilité (MES).

  • Lundi après-midi aura lieu une autre réunion de l'Eurogroupe qui devra notamment décider d'une solution transitoire pour permettre à la Grèce de tenir financièrement jusqu'à la mise en oeuvre du nouveau plan, qui pourrait prendre plusieurs semaines. Il faut notamment rappeler que la Grèce, déjà en défaut de paiement vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI), doit rembourser 3,5 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE) avant le 20 juillet.
  • La BCE doit également se réunir dans la journée. Après l'annonce de la conclusion d'un accord, elle pourrait désormais relever le plafond des liquidités d'urgence au bénéfice des banques grecques, qui sont fermées depuis le 29 juin. Une source européenne expliquait en effet dimanche que la BCE attendait "un signal politique" pour décider de maintenir ou non l'économie grecque sous perfusion.

Le Parlement grec devra voter avant mercredi

  • "Dans les prochains jours, mardi ou mercredi, les Grecs légiféreront. Le plan dans son ensemble devra être approuvé, mais aussi les premières actions" exigées par les créanciers, a expliqué le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Au moins trois ou quatre des mesures comprises dans l'accord - dont la liste n'est pas encore exactement connue -, notamment  une réforme de la TVA et des retraites, doivent en effet être approuvées avant mercredi 15 juillet par le législateur. Alexis Tsipras, qui a obtenu samedi le soutien du Parlement dans ses négociations avec les créanciers au  prix de dissensions internes à son parti Syriza, devra probablement encore une fois faire recours à l'appui de l'opposition.
  • "Une fois cela fait, nous aurons un Eurogroupe téléphonique, probablement mercredi", a encore détaillé Jeroen Dijsselbloem, président de cette instance qui réunit les ministres des Finances de la zone euro.

Les Parlements nationaux restent souverains

  • Cet Eurogroupe sera le "signal pour les autres Parlements" nationaux, qui doivent aussi voter sur le projet d'aide européenne à la Grèce. Ils le feront probablement cette semaine, a espéré Jeroen Dijsselbloem, évoquant les jours de "mercredi, jeudi ou vendredi". Le président de l'Eurogroupe n'a néanmoins manqué de souligner que les Parlements étaient bien évidemment souverains.
    François Hollande a précisé qu'en France l'Assemblée nationale votera mercredi.

  • Les députés allemands devraient se prononcer vendredi sur le principe d'un troisième plan d'aide international à la Grèce, a annoncé le président du Bundestag, Norbert Lammert. Interrogé sur la date à laquelle les députés allemands, en vacances, pourraient être convoqués en session extraordinaire, le président du Bundestag a répondu : "Il semble bien que cela soit pour vendredi matin", précisant toutefois qu'il fallait auparavant que les députés grecs légifèrent d'ici à mercredi, comme l'exigent leurs créanciers. Le vote allemand doit donner un mandat au gouvernement pour les négociations proprement dites sur cette nouvelle aide.

  • Le vote des Parlement nationaux représentera "une décision plus formelle" pour démarrer les négociations, a précisé Dijsselbloem.

Un "reprofilage" de la dette à discuter

  • La question de la dette sera notamment de nouveau posée dans ce cadre. Angela Merkel a affirmé que l'Eurogroupe était prêt, en cas de nécéssité, à accorder un "délai de grâce" et des échéances plus longues à Athènes. François Hollande a parlé de "reprofilage" portant sur les échéances et les intérêts dus.
  • La Grèce ne voulait pas que le FMI participe au financement d'un nouveau plan d'aide. Finalement, elle "demandera une nouvelle aide au FMI lorsque le programme en cours aura expiré, en mars 2016", a affirmé Angela Merkel.
  • Quant au "travail des prochains mois", il devra également consister dans le renforcement de la zone euro, pour l'emmener vers plus d'intégration afin qu'elle puisse "se défendre", a estimé François Hollande: une nécessité selon lui mise en évidence par la crise grecque.

  • A long terme, l'objectif pour la Grèce est évidemment celui de retrouver la croissance. Si la "large palette de réformes" inclue dans l'accord trouvé lundi matin devrait le lui permettre, selon Angela Merkel, la chancelière allemande a néanmoins mis en garde: "Le chemin sera long et, si j'en crois les négociations de cette nuit, difficile".